« IL NOUS A CHOISIS POUR QUE NOUS SOYONS SAINTS » (Ep 1,4)

Dieu est le saint. Il dit à son peuple par sa prophétie osée : « Je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le saint » (11,9). Dans le temple Il apparaît à Isaïe comme le roi de majesté infinie comme le créateur dont la gloire emplit la terre. Le prophète dit : « Des Séraphins proclamaient « Saint, Saint, Saint est Yahvé. Sa gloire emplit toute la terre » (IS 6,1-4) ». Le vocabulaire de théologie biblique enseigne : « Loin de se réduire à la séparation ou à la transcendance, la sainteté de Dieu inclut tout ce que Dieu possède de richesse et de vie, de puissance et de bonté. » (p. 1179). Dieu est saint et Il appelle son peuple a être saint : « Soyez saints car moi je suis saint » (Lv 19,2).

Jésus le Fils éternel venu en notre monde est aussi le Saint. Il manifeste sa sainteté par son action. Il chasse les esprits mauvais et ceux-ci le proclament « le Saint de Dieu » (Mc 1/24). Devant lui on se sent petit et pêcheur comme devant Dieu, « Seigneur, éloigne toi de moi car je suis un homme pêcheur » s'écrie Pierre (Lc 5,8). Il manifeste sa sainteté par son amour du Père et des hommes, par le don de sa vie par amour sur la croix. Après la résurrection Pierre affirme dans un discours : « Vous avez rejeté le saint et le juste » (Ac 3,14).

Sa sainteté, Jésus ne la garde pas pour lui seul, il veut la partager. Lui qui s'est fait serviteur des hommes a en lui un trésor de sainteté qu'il veut partager avec le nouveau peuple de Dieu qu'Il suscite, l'Église. St Paul enseigne que Jésus l'a aimée et s'est livré pour la sanctifier. « Le Christ a aimé l'Église et s'est livré pour elle. Il a voulu ainsi la rendre sainte en la purifiant » (Ep 5,25-26). Chaque membre de l'Église participe à cette sainteté. « L'église est le corps mystique du Christ dont les membres participent à la même vie de sainteté que la tête qu'est le Christ » écrit Jean-Paul II (La vocation et la mission des laïcs n° 16). Ceux qui sont membres de l'Église sont alors, naturellement, appelés « les saints ». Paul commence sa lettre aux philippiens en ces termes « Paul et Timothée serviteurs de Jésus Christ, à tous les saints » (1,1). Il les appelle saints non parce qu'ils sont parfaits, mais parce qu'ils sont marqués de l'empreinte de Jésus le saint. Saints en Celui qui est saint. En même temps, il les appelle a être saints, c'est-à-dire à concrétiser dans leur vie ce statut qui est le leur.

Tous les membres de l'Église sanctifiés par le Christ sont donc appelés à la sainteté. Paul écrit aux Thessaloniciens : « La volonté de Dieu est que vous viviez dans la sainteté » (1 Th 4,3) et « Dieu ne nous a pas appelés pour que nous soyons impurs mais pour que nous vivions dans la sainteté ». (1 Th 4,7). Paul veut leur dire : « Devenez dans votre comportement ce que vous êtes profondément, des saints ». Il ne se lasse pas d'engager tous les chrétiens à vivre « comme il convient à des saints » (Ep 5,3). Lors de notre baptême Jésus nous a fait renaître à sa vie. Il nous a pris pour ses frères et sœurs. Il a fait de nous en lui des enfants du Père et les temples de l'Esprit Saint. Il a fait de nous des « saints » en lui le Saint. Et nous sommes tous appelés à la sainteté. Le baptême qui nous incorpore au Christ nous incorpore à sa sainteté, une sainteté à mettre en œuvre dans nos vies.

Les voies de la sainteté sont multiples et adaptées à la vie de chacun. St François de Sales disait : « Il faut fleurir là où Dieu nous a plantés. » Il faut faire fleurir la sainteté dans notre vie telle qu'elle est. Vatican II enseigne : « Les fidèles, quels que soient leur état et leur condition, sont appelés par le Seigneur, chacun en suivant sa voie personnelle, à la perfection de la sainteté. » (LG Il )et « Il est clair pour nous que chacun des fidèles, peu importe son état et son rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité. Au reste, par une telle sainteté, il contribue à rendre plus humaine la manière de vivre dans la société terrestre elle-même. » (LG 40) « Tous les fidèles du Christ sont donc invités et obligés à poursuivre la sainteté et la perfection de leur état . » (LG 42) Jean-Paul II écrit : « Tous, dans l'Église, précisément parce qu'ils sont membres de l'Église, reçoivent et donc partagent la vocation commune à la sainteté » (Les fidèles laïcs 16).

Il enseigne aussi : « Si le Baptême fait vraiment entrer dans la sainteté de Dieu au moyen de l'insertion dans le Christ et de l'inhabitation de son Esprit, ce serait un contresens que de se contenter d'une vie médiocre, vécue sous le signe d'une éthique minimaliste et d'une religiosité superficielle. Demander à un catéchumène « Veux-tu recevoir le Baptême ? » signifie lui demander en même temps « Veux-tu être un Saint ? ». Cela veut dire mettre sur sa route le caractère radical du discours sur la montagne : « Soyez parfaits comme notre Père céleste est parfait. » (Mt 5,48) ». (Un nouveau millénaire commençant n°30). La vocation à la sainteté n'est pas à percevoir comme une obligation extérieure contraignante mais comme un appel intérieur au Baptême par lequel le Seigneur nous a régénérés pour une vie nouvelle, et comme un élément constitutif de notre être de Baptisés. La vie baptismale, la sainteté, consistent à vivre avec Jésus, comme ses frères et sœurs, à vivre avec lui en enfants du Père accomplissant sa volonté qu'il nous révèle par sa Parole, en nous laissant éclairer et dynamiser par l'Esprit-Saint. Jésus a dit : « Je suis venu apporter le feu sur la terre comme je voudrais qu'il soit allumé. » (Lc 12,49). Le feu qu’il est venu allumer est celui de l'amour pour Dieu, qu'il nous faut laisser prendre en nous et nous enflammer. Il s'agit de faire Nôtres les sentiments et attitudes qui sont dans le Christ. La sainteté ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à vivre la vie ordinaire avec beaucoup d'amour. Elle s'inscrit dans la vie de chacun. Vatican II enseigne: « A travers les formes diverses de vie et les charges différentes, c'est une seule sainteté que cultivent tous ceux que conduit l'esprit de Dieu... Chacun doit résolument avancer, selon ses propres responsabilités, dons et ressources, par la voie d'une foi vivante, génératrice d'espérance et ouvrière de charité » (LG 41).

S'adressant au couples mariés, il dit : « les époux chrétiens, en vertu du sacrement de mariage par lequel ils expriment, en y participant, le mystère d'unité et d'amour fécond entre le Christ et l'Église (Ep 5,32), s'aident réciproquement afin de parvenir à la sainteté dans la vie conjugale comme dans l'acceptation et l'éducation des enfants. Ils ont ainsi, dans leur état de vie et dans leur fonction, un don qui leur est propre au sein du peuple de Dieu » (LG 11). Notons que Jean Paul II a canonisé un couple Mr et Mme Quatrochi qui vivaient vers 1950. Le même Concile dit aux prêtres: « C'est l'exercice loyal, inlassable de leur fonction dans l'Église du Christ qui est pour les prêtres le moyen authentique d'arriver à la Sainteté » (Le ministère et la vie des prêtres N°13). Cela peut être dit de tous les états de vie, en particulier des religieux et des religieuses. Jean Paul II enseigne: « La vocation des fidèles laïcs à la Sainteté exige que la vie selon l'Esprit s'exprime de façon particulière dans leur insertion dans les réalités temporelles et dans leur participation aux activités terrestres » (Les fidèles laïcs N° 17) et Vatican II : « Ni le soin de leur famille, ni les affaires temporelles ne doivent être étrangers à leur spiritualité » (Décret sur l'apostolat des laïcs N°4).

La sainteté se manifeste à travers tous ceux dont la sainteté est reconnue : Marie, Joseph, Pierre, Jean, Paul et tous les apôtres. St Laurent, St Augustin, les deux François, les deux Thérèse, Dominique Savio (14 ans), Maria Goretti (12 ans) et les autres 11500 saints canonisés... et à travers la vie des chrétiens dont la qualité de la vie évangélique nous émerveille et nous stimule. « Les saints et les saintes ont toujours été source et origine de renouvellement dans les moments les plus difficiles de l'histoire de l'Église ».

Aujourd'hui nous avons un besoin très grand de saints. Nous devons les demander au Seigneur, écrit Jean-Paul II (Les fidèles laïcs n° 16). Dans l'Église catholique nous vénérons les saints. « La fête des saints proclame les merveilles du Christ dans ses serviteurs et offre aux fidèles des exemples à imiter » (Vatican II « La Liturgie » n°111). Il est bon de fréquenter les saints par la lecture de leurs biographies. Ce sont des frères et sœurs aînés dans la foi que le Seigneur nous donne et qui peuvent nous apporter des lumières et du réconfort. Nous pouvons aussi nous confier à leur prière pour obtenir par leur intercession la force dont nous avons besoin pour avancer à leur suite sur le chemin de la sainteté. La vocation à la sainteté plonge ses racines dans le Baptême et elle est réactivée par les sacrements, principalement l'Eucharistie et la Réconciliation, par la méditation de la Parole, l'ouverture à l'Esprit Saint et le partage fraternel avec des frères et sœurs dans la foi. Devenons nous ce que nous sommes, des saints.

Père Michel Marie

Retour à l'accueil