Mercredi des Cendres

Homélie du Mercredi des cendres 2014

L’attitude qui nous est demandée en ce jour d’entrée en Carême est la disponibilité pour accueillir la Parole du Seigneur qui vient de nous être adressée et à celle qui nous sera adressée au moment de recevoir les cendres « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ».

Se convertir signifie s’ouvrir à la lumière...se purifier...réorienter sa vie. Le jour de notre Baptême Jésus nous a pris pour ses frères et sœurs...nous a fait renaître à sa vie...a mis en nous la source d’une vie nouvelle...Mais par nos manques d’amour pour Lui et pour les autres, par nos médiocrités facilement acceptées nous ensablons en nous la source...Se convertir consiste à se purifier de ce qui en nous parasite la vie nouvelle pour permettre à celle-ci de s’épanouir. Quelle purification vais-je vivre pendant ce Carême ?

Il nous sera dit aussi au moment de recevoir les cendres « Croyez à l’Evangile » Croire n’est pas seulement une adhésion de l’intelligence...mais une adhésion de tout l’être, de toute la vie, de tout l’agir...Croire à l’Evangile signifie vouloir le vivre. Jésus vient de nous dire « Quand tu pries retires-toi au fond de ta maison ». Il nous appelle à retrouver le chemin du silence, de l’intériorité pour nous tenir en sa présence et affermir le lien d’amitié avec Lui... Paul Claudel écrivait « Les grandes vérités ne se communiquent que dans le silence »... La prière nous ouvre au Seigneur et lui permet de se révéler à nous plus profondément. La prière permet de réorienter sa vie. Au ch 13 de St Luc il est question d’une femme qui est toute courbée vers la terre...elle est le symbole de l’humanité tournée vers la terre...absorbée par la recherche des biens matériels...L’homme courbé vers la terre ne voit pas son chemin, ne voit pas où il va. Pour voir il lui faut se redresser. Il nous faut nous redresser pour regarder vers le Seigneur en qui nous trouvons le chemin...La prière est bien le moment où nous nous redressons pour regarder vers le Seigneur. Depuis toujours dans le Peuple de Dieu, il est recommandé de prier tous les jours pour redonner chaque jour à notre vie sa véritable orientation... Il est recommandé de lire avec amour la Parole de Dieu...de participer souvent à l’Eucharistie. Pendant ce Carême quand vais-je prier ? Vais-je prier seul et quand ? Vais-je saisir les moments de prière commune proposés chaque semaine par la paroisse ? Si nous essayons de donner place au recueillement les distractions viendront à coup sûr...mais revenons à la présence du Seigneur 5 fois...10 fois...100 fois...insistons...cette insistance rendra belle notre prière.

Jésus nous dit aussi « Quand tu fais l’aumône »... L’aumône au temps de Jésus tenait la place des services d’aide sociale de nos sociétés modernes, elle était un moyen de pratiquer le partage et la justice demandés par le Seigneur...Ce mot « aumône » est un appel pour nous à nous refaire un esprit et un comportement fraternels. Ceci implique plusieurs attitudes : -porter sur les autres un regard bienveillant qui fait voir en chacun une personne à respecter, à valoriser -vivre une écoute attentive qui permet de vivre de vrais dialogues -entrer dans l’esprit de service -pratiquer la droiture, la justice, le partage. Le pape François, dans son message de Carême, écrit « Nous sommes appelés à regarder la misère de nos frères, à la toucher, à la prendre sur nous et à œuvrer concrètement pour la soulager...ce temps de Carême trouve toute l’Eglise disposée et prête à témoigner du message évangélique à tous ceux qui sont dans la misère matérielle, morale et spirituelle »...Il ajoute « Je me méfie de l’aumône qui ne coûte rien et qui ne fait pas mal » L’homme qui se tourne vers le Seigneur reçoit l’appel à la fraternité. Quel va être mon effort de vie fraternelle ? Quel partage de mon avoir vais-je faire ? Si je ne peux partager de mon avoir quel partage de mon temps vais-je vivre pour servir ?

Jésus dit encore « Quand tu jeûnes » L’Eglise , à la suite de Jésus, prescrit toujours le jeûne et l’abstinence le Mercredi des cendres et tous les vendredis de Carême...l’abstinence, c’est-à-dire la privation de mets raffinés, de nourritures superflues, d’alcool, afin de maîtriser nos attraits pour les nourritures terrestres et de libérer nos faims spirituelles...Il s’agit de se libérer des servitudes superficielles : La recherche obsessionnelle de l’argent, du luxe, de la surconsommation, de la dépendance à l’égard de l’alcool, du tabac, de certaines passions, de la télé qui par certaines émissions pollue le cœur et ferme à la recherche spirituelle. Il s’agit aussi de se priver pour partager. Pendant ce Carême de quoi vais-je jeûner ? de télé ? d’ordinateur ? de nourriture ? Que puis-je décider ? Si nous le voulons nous allons recevoir les cendres...Un geste qui peut être vide de sens et même ridicule s’il n’est pas le signe d’un engagement...un geste qui sera signifiant s’il est signe d’un engagement ferme à faire en sorte que ce temps de Carême soit vraiment différent du reste de l’année.

Bon et vrai Carême.

Père Michel Marie