Homélie du 26e dimanche du temps ordinaire A 14.

Il est vraisemblable que certaines déclarations de Jésus entendues à l’instant nous heurtent ...Comment, en effet, peut-il mettre en avant les pécheurs...les irréguliers de la société ? Pour comprendre les propos de Jésus il faut se replacer dans le contexte : il est souvent question, dans les évangiles, des pharisiens, des chefs des prêtres et des scribes...ils prétendent dire «oui » à Dieu en s’attachant scrupuleusement à de multiples préceptes ajoutés aux dix commandements au fil des années...

Mais en réalité, lorsque Jésus, Parole de Dieu parmi les hommes, leur parle, ils se ferment et refusent la conversion qu’il leur demande... Ils croient dire « oui » mais ils ont finalement des comportements négatifs...Ils sont, chacun, le fils de la parabole qui dit « oui » à son père mais ne fait pas en définitive ce qu’il lui demande...« le fils inconséquent, c’est vous » veut leur dire Jésus...c’est du reste toujours le même reproche formulé par Jésus à l’encontre des autorités du judaïsme : ils disent et ne font pas. Il est question dans l’évangile de ce jour de publicains et de prostituées...des gens que le judaïsme officiel regarde comme misérables...ceux-là ont effectivement refusé la volonté de Dieu exprimée par la Loi...ils ont dit « non »...mais s’ouvrant à la Parole de Jésus ils se reprennent et se convertissent...ainsi ils entrent dans le Royaume de Dieu et devancent les chefs du peuple.

En parcourant les évangiles nous vérifions la Parole de Jésus...des publicains se convertissent : Matthieu, Zachée...des personnes de mauvaise vie se convertissent :la samaritaine, Marie-Madeleine...et un brigand crucifié près de Jésus s’ouvre à Lui...le fils de la parabole qui dit « non » puis fait « oui »...c’est eux. Nous l’aurons compris : Jésus, par sa sentence cinglante et provoquante « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu » ne fait pas l’apologie du péché, mais de la conversion vécue par les pécheurs publics...il fait l’éloge de leur retournement qui les met sur le chemin du Salut, de la vie...ceux-ci ont commencé par dire « non », puis touchés par le Parole de Jésus ils font « oui », se convertissent, se laissent saisir par l’amour de Dieu et accueillent son Royaume.

La parabole de deux fils, de l’un qui dit « oui » et qui fait « non »...et de l’autre qui dit « non » et qui fait « oui »...nous amène à nous interroger. Qu’en est-il de nos « oui » à Dieu, de nos promesses, des engagements que nous prenons ?...Quelques questions simples : parfois nous prenons des résolutions, de bonne orientations...que deviennent-elles ?...ne laissent-elles pas place à une médiocrité tranquille ? Ceux qui se sont mariés ont pris ce jour-là l’engagement au respect, à la générosité, au service, à la délicatesse, à la fidélité, non seulement extérieure mais intérieure... ils ont à s’interroger sur ce qu’est devenu leur grand « oui »... Nous, religieuse et prêtre, qui nous sommes engagés à servir le Seigneur et les hommes dans l’Eglise, nous avons à nous interroger sur ce que devient le grand « oui » de notre Consécration ou de notre Ordination. Les uns et les autres nous affirmons notre foi tous les dimanches...et nous avons à mettre nos comportements en harmonie avec nos paroles de foi qui nous engagent. Notre foi en Dieu doit inspirer nos décisions et nos actions. Notre amour du prochain doit nous conduire à les aimer en actes et en vérité... Une multitude de « oui » en actes doivent pointiller nos vies aux uns et aux autres.

Cette parabole des deux fils nous appelle à nous remettre en marche pour accomplir la volonté de Dieu exprimée par sa Parole. St Paul vient de nous donner quelques orientations : « Dans la Christ on se réconforte les uns les autre »...voilà une attitude à cultiver : encourager les autres...leur faire découvrir leurs richesses et les aider à les développer...nous avons mission d’être parmi les autres des éveilleurs qui leur fasse prendre conscience de leurs possibilités...la vie de combien d’hommes et de femmes serait changés s’ils rencontraient des éveilleurs... « Recherchez l’unité »...l’unité qui n’est pas uniformité mais lien vivant entre personnes qui s’accueillent, s’écoutent, se parlent...s’apportent les uns aux autres ...reçoivent les uns des autres et ainsi s’entraident à devenir... « Ne soyez ni intrigants ni vantards mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes »...autrement dit mettez de la loyauté dans les relations entre vous et ayez de l’humilité pour vous situer avec justesse les uns par rapport aux autres... « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même mais des autres »... autrement dit que chacun se fasse serviteur des autres en donnant de soi...

Aujourd’hui nous fêtons St Vincent de Paul, un homme habité par une foi et une charité brûlantes qui le faisaient agir. Il se soucia des enfants abandonnés et suscité des œuvres pour les accueillir. Face à la pauvreté des villes il mobilisa « les dames de la charité » Il se préoccupa des galériens. Pour faire renaître la foi dans les campagnes ravagées par les guerres de religion il fonda « les prêtres de la mission » (ou lazaristes). Avec eux il fonda des séminaires pour remédier au manque de formation des prêtres. Il disait « Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos fronts »...ce n’étaient de simples paroles, pour lui, mais l’expression de ce qu’il vivait. Il a dit « Oui » aux appels de Dieu et il a fait « oui »...guidé par Jésus son maître... Avec lui Regardons Jésus qui n’a été que « oui » à tout appel du Père... Regardons Marie qui l’a accompagné de son propre « oui » jusqu’à la croix. Unissons notre « oui » au leur ...utilisons notre liberté à dire... et surtout à faire de multiples « oui » qui pointillent la vie...

Michel Marie

Une multitude de "Oui" en actes.
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