Homélie du 2 Novembre 2014.

Depuis toujours, et dès qu’il est capable de réflexion, l’homme se demande « Que devient-on quand on meurt ? »...Devant la mort il éprouve une certaine peur, tout en pressentant qu’il n’est pas destiné à être anéanti. Le concile Vatican II « Le germe d’éternité que l’homme porte en lui, irréductible à la seule matière, s’insurge contre la mort »(Gs 18/1)...L’auteur du Livre de la Sagesse (50 ans avant Jésus) écrivait « Dieu nous crée pour une existence impérissable »...Jésus dit de la façon la plus claire « Je suis la Résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra »(Jn 11/25)...et surtout les évangiles, les actes des apôtres, les lettres de St Paul témoignent d’un évènement capital au cœur de l’histoire :la Résurrection de Jésus !...

Les premiers chrétiens ont vite compris que Jésus, en ressuscitant , portait en lui toute l’humanité pour l’emporter dans sa Résurrection... Si nous sommes ouverts à Jésus nous recevons de Lui la certitude de vivre éternellement. Que se passe-t-il au moment de la mort ? Il y a assurément un jugement...Jésus le fait pressentir, en particulier dans la parabole du riche et du pauvre Lazare...et St Paul dit « Tous, nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu...chacun de nous devra rendre compte à Dieu pour soi-même »...Ce qui veut dire qu’au moment de la mort nous sommes plongés dans la lumière de Dieu dans laquelle nous voyons dans la clarté ce qu’a été notre vie. La revue « Documents-épiscopat » émanant du secrétariat des évêques de France, écrit « Au terme de sa vie personnelle, chacun voit dans la lumière de Dieu la manière dont il a vécu ou non dans l’amour de Dieu et de ses frères. La Parole de Jésus crucifié au bon larron « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » peut s’appliquer à toute personne qui meurt dans l’amour et en demandant le pardon de ses péchés. La vie terrestre de l’homme, comme pèlerinage ouvert à l’accueil ou au rejet de la grâce divine manifestées dans le Christ, est scellée.

En quoi consiste cette vie éternelle ? Job disait « De mes yeux de chair je verrai Dieu »...St Paul aux Thessaloniciens « Nous serons pour toujours avec le Seigneur »...St Jean nous disait hier au sujet des bienheureux « Ils sont vêtus de blanc » c’est-à-dire de la splendeur du Ressuscité...La vie éternelle se laisse entrevoir comme la rencontre du Seigneur et comme le partage total de sa vie dans la joie et l’épanouissement les plus parfaits. Le Catéchisme de l’Eglise catholique : « Le chrétien qui unit sa propre mort à celle de Jésus voit la mort comme la venue vers Lui et une entrée dans la vie éternelle ». Depuis bon nombre d’années la théorie de la réincarnation, semble adoptée par de nombreux occidentaux...Elle est incompatible avec la foi chrétienne. La lettre aux hébreux dit « Le sort des hommes est de mourir une seule fois » (9,27). Lorsque nous mourons, nous ne nous réincarnons pas...nous passons dans le monde de Dieu, dans la partage de sa vie...si du moins nous sommes consentants et prêts.

Pouvons-nous préciser en quoi consiste cette autre vie ? ...Dans le « Je crois en Dieu » nous affirmons « Je crois en la résurrection de la chair »...dans notre langage la « chair » désigne le côté physique...dans le langage biblique la « chair » désigne la personne dans sa totalité, le « moi » avec sa capacité d’aimer, de réfléchir, de décider, de créer... avec ses richesses intérieures...avec son enracinement dans un milieu...ses relations avec les personnes et les choses...avec son corps sans lequel il ne serait pas...quand nous disons que nous croyons à la Résurrection de la chair nous disons que c’est l’homme total qui vit dans l’éternité du Seigneur...Je crois à la résurrection de la chair=je crois à la résurrection de la personne avec ce qu’a été sa vie, avec sa densité humaine...ceci pour son accomplissement total. Le philosophe Fabrice Hadjadj : « Après le dépouillement de la mort, ce qui arrive au ciel n’est pas une abolition, mais un accomplissement...Aujourd’hui, nous ne sommes jamais vraiment nous-mêmes. C’est là que nous pourrons l’être vraiment...dans la louange » Au ciel, chez le Seigneur, je crois que nous retrouverons ceux qui sont importants pour nous...Que serions-nous sans eux ? Et si nous ressuscitions sans eux, serait-ce vraiment nous qui ressusciterions ?...le Nouveau Testament présente la vie avec Dieu comme un festin qui réunit les élus dans la maison du Père.

A côté de la perspective de la vie éternelle dans l’accomplissement, l’Eglise a toujours affirmé la possibilité d’une éternité de souffrance...l’enfer...ceci en raison de la possibilité qu’a l’homme de dire un « non » catégorique à Dieu qui respecte notre liberté...Mais alors ce n’est pas Dieu qui exclut ou fait souffrir...mais c’est l’homme qui s’exclut lui-même en refusant l’amour de Dieu et en refusant ainsi la vie qui lui est offerte...Par ce refus de Dieu qui est sa véritable fin et son véritable bonheur, il fait son propre malheur...Dieu ne veut pas l’enfer. Il est Dieu d’amour et de miséricorde...C’est l’homme qui crée son propre enfer par son refus libre de Dieu et qui s’auto-exclut... Dieu, et c’est un drame pour lui, ne fait que prendre acte du choix de l’homme. L’Eglise qui a toujours affirmé l’enfer n’a jamais mis qui que ce soit dedans, car nous ne savons pas le secret de chacun et de son attitude profonde envers Dieu. Il peut toujours y avoir une ébauche de demande de pardon dans laquelle Dieu se précipite dès qu’elle se manifeste. La foi de l’Eglise a toujours affirmé le purgatoire comme purification nécessaire pour le pécheur avant d’accéder à la pleine lumière. Cette purification est un travail de détachement de ce qui est contraire à Dieu et d’achèvement de ce qui est inachevé avant de parvenir à la vision bienheureuse de Dieu et à la plénitude de la vie en Lui.

« Tenez-vous prêts » vient de nous dire Jésus....soyons prêts à vivre chaque jour avec le Seigneur...nous serons prêts pour son ultime visite....

Michel Marie.

Tissons notre éternité.
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