Oser dire oui !

Homélie du 4e dimanche de l’Avent B 14.

Nous le savons, il y a plusieurs chemins de la connaissance : la science, la raison, l’expérience...mais aussi l’intuition, le dialogue d’amitié et d’amour, la foi qui met en affinité avec Dieu et qui fait saisir ce qu’il veut dire...Il faut parfois que la raison ait l’humilité de s’effacer, à un moment donné, devant la lumière qui vient de Dieu...Si nous nous mettons à son écoute, nous découvrons alors des réalités qu’avec notre seule raison nous ne saurions ni comprendre ni connaître...La foi et la contemplation ouvrent à une profondeur insoupçonnable.

L’évangile d’aujourd’hui est toujours déroutant pour la raison...il ne peut être reçu que dans la foi...et plus précisément dans la lumière que constitue la Résurrection de Jésus....Dans l’histoire de Jésus il y a en effet un immense point lumineux : sa Résurrection....Point lumineux à partir duquel sa personne et sa vie se comprennent. Jusqu’à sa Résurrection, les apôtres n’avaient pas encore vraiment perçu son identité...Mais là, au moment de la Résurrection le voile se lève : ils comprennent que Jésus est Seigneur, qu’il est le Fils éternel de Dieu venu entre humanité.... En même temps ils ne peuvent pas ne pas s’interroger sur son origine humaine.... Comment est-il entré en humanité ?...Leur foi en Jésus ressuscité, Fils de Dieu, les préparait à recevoir la lumière sur son origine : Fils de Dieu, il ne peut avoir que Dieu pour Père...Son entrée en humanité ne peut être que don de Dieu. Quand ils apprennent le mystère de sa conception ils ne sont pas surpris. Leur foi déjà née les avait préparés à recevoir cette révélation...révélation qui constitue même la confirmation de ce qu’ils pressentaient... Ce n’est que dans la foi en Jésus Ressuscité, Fils de Dieu, et dans la prière que nous pouvons accueillir l’évangile de ce jour.

Pour bien accueillir le récit de l’Annonciation il nous faut aussi le situer dans l’histoire de l’Alliance de Dieu avec son peuple...Il y a bien longtemps Dieu a fait une promesse à Abraham de faire de lui une grande nation...Il y a bien longtemps aussi Dieu, par l’intermédiaire de son prophète Nathan, a fait une promesse à David. Nous l’avons entendue dans la première lecture « Je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi et je rendrai stable sa royauté. Je serai pour lui un Père et lui sera pour moi un fils » Cette parole nourrissait l’espérance du peuple juif qui s’y référera sans cesse. Au milieu de tous ses déboires ce peuple attendait toujours ce descendant de David qui le guiderait bien, qui lui redonnerait son rayonnement au milieu des autres nations. Marie participait à cette attente, à cette espérance. Assurément lorsqu’elle voyait tout ce qui se passait autour d’elle, elle priait en reprenant la parole d’Isaïe « Ah, si tu déchirais les cieux et si tu venais ». Elle était toute tournée vers Dieu dont elle attendait tout...Faisant partie de ces pauvres de cœur qui espéraient en Lui, elle était prête à accepter une mission pour que le sauveur tant espéré vienne...la mission d’être sa mère. Et voici que Dieu s’adresse à elle...Pour un juif nourri de la Tradition de son peuple Dieu est le Très-Haut que l’on respecte infiniment et dont on n’ose même pas prononcer le nom...Nous comprenons qu’elle soit toute bouleversée, comme le note St Luc...Cependant elle reste paisible...elle écoute...se risque à demander un peu d’explication...puis elle accepte simplement « qu’il m’advienne selon ta Parole » ...

Marie fait confiance à Dieu, elle sait qu’il tient Parole et poursuit son projet de sauver l’humanité. Elle accepte de participer à la réalisation de ce projet...sa sainteté se manifeste...elle est vraiment comblée de grâces...en accord avec Dieu. A cet instant...silencieusement...Dieu entre dans notre histoire...le ciel rejoint la terre...Celui qui va naître va réaliser l’annonce de Nathan, il sera le descendant de David...Il sera roi mais sa royauté sera différente de celle des rois de la terre. De tout cela il nous faut tirer des enseignements...Marie, toute tournée vers Dieu dont elle attend tout, nous invite à nous tourner vers Lui...à espérer en Lui. Notre monde marqué par le péché et le mal, développe une culture d’indifférence, de violence et de mort....Dieu seul peut le sauver en lui insufflant un esprit d’amour ...l’avenir de l’humanité passe par un renouvellement des cœurs...Or Dieu seul, écouté, accueilli, peut changer les cœurs...Dieu seul est notre avenir...le problème essentiel de notre humanité est finalement d’ordre spirituel...Lorsque l’humanité se tournera vers Dieu et accueillera son Esprit d’amour, elle ira infiniment mieux.

Chrétiens, à la suite de Marie, nous avons un devoir d’espérance en Dieu...et ce devoir d’espérance nous appelle à travailler à ce que les hommes nos frères puissent connaître ce Dieu Sauveur...et à agir, chacun, à notre place, pour que se réalise le projet d’amour et de paix de Dieu. Marie, adhérant à l’appel de Dieu dans la simplicité et la plénitude de sa liberté, nous enseigne à dire « oui » à Dieu dans la foi...et les occasions de lui dire « oui » sont nombreuses au cours d’une journée...et nous ne sommes jamais aussi libres que lorsque nous lui disons « oui » ... En ces jours de Noël laissons le Seigneur raviver en nous l’espérance et la passion de contribuer réaliser son projet d’amour sur le monde...

Père Michel Marie.