Homélie du 5e dimanche de Carême B 15.

Ces derniers dimanches nous avons rencontré Jésus au désert, sur la montagne, dans le temple...puis évoquant le serpent de bronze pour parler d’une guérison qu’il veut accomplir en nous. Aujourd’hui nous le voyons face à sa mort désormais prochaine. L’évangile de ce dimanche marque un tournant dans son itinéraire. Il avait dit précédemment, par exemple lors des noces de Cana « Mon heure n’est pas encore venue »...aujourd’hui il déclare « L’heure est venue »...l’heure de la croix...Il va vers elle en toute liberté, assumant ce qui va lui arriver...Il s’avance même avec majesté « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié »... L’heure de la croix est l’heure de la gloire, l’heure où va se manifester sa gloire, c’est-à-dire la densité de son être, la grandeur de son amour, le rayonnement de sa personne...La croix est le trône où il va manifester la grandeur de son amour, le lieu où va se manifester la grandeur de son amour sur son visage de crucifié.

Des grecs venus à Jérusalem parce que la foi du peuple juif et sa fête de Pâque les intéressent, demandent à voir Jésus. A-t-il répondu à leur désir ? L’évangéliste ne le dit pas. Aucun entretien n’est raconté. Mais la réponse de Jésus dit que pour le voir, pour le connaître vraiment, il faut le regarder crucifié...Toute connaissance de Lui qui s’arrêterait avant la croix serait partielle...Pour progresser dans sa connaissance il faut le regarder crucifié...et évidemment ressuscité ! Sa mort, Jésus la présente comme le moment de sa glorification...il la présente aussi comme des semailles « Si le grain de blé semé en terre ne meurt pas il reste seul, mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit ». Il part d’un constat : le grain de blé enfoui en terre semble un moment mort...mais il va resurgir ...de même lui, Jésus, va mourir, être mis en terre d’où il va surgir victorieux, le matin de Pâques, débordant de vie nouvelle.

Le grain de blé enfoui en terre, semble mort, mais il va resurgir et devenir un épi chargé d’une vie multipliée...de même Lui, Jésus, mis en terre va ressusciter et entraîner à sa suite une foule innombrable d’hommes et de femmes qui vont se lever à sa suite au fil des siècles et des millénaires pour bâtir un monde nouveau, le Royaume de Dieu...et même entraîner dans sa Résurrection une foule innombrable d’hommes et de femmes, de toutes nations, de toutes cultures, de tous temps. « Quand j’aurai été élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes » Sur la croix Jésus va être seul, ou presque...mais il va être déjà, mystérieusement, entouré de milliards d’hommes et de femmes qu’il va renouveler, sauver.

Tel est le sens de la mort de Jésus : des semailles ! Il voit déjà la moisson ! Après avoir tourné nos regards vers sa mort dont il donne le sens, Jésus nous indique ce qui donne sens à nos vies « Celui qui aime sa vie la perd, celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle »....Ce qui signifie qu’une vie égoïste, repliée sur elle-même, est une vie gâchée, stérile...une vie égoïste constitue une mort intérieure....Mais une vie usée pour le service de Dieu et des autres est une vie riche, sauvée, rayonnante !...

Le meilleur usage que l’on puisse faire de sa vie est de la donner pour le service du Seigneur et de ses frères et sœurs en humanité. Ceux qui donnent leur vie, peu à peu, pour le service de Dieu et le service de leurs frères entrent dans une vie plus riche, plus profonde, plus heureuse. Ceux qui donnent leurs forces, leur vie, eux-mêmes, renouvellent un peu le monde...ils donnent de la joie à ceux qui sont tristes...ils donnent de la confiance à ceux qui désespèrent ! La loi du grain de blé qui meurt pour fructifier en une moisson nouvelle est la loi de la vie de Jésus...c’est aussi la loi de notre vie à nous ses disciples.

Après avoir énoncé cette loi de la vraie vie Jésus ajoute « Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je « Délivre-moi de cette heure ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci »...Jésus ressent de l’angoisse devant la mort mais il s’offre au Père pour accomplir sa mission. Comme dit St Paul, il se fait obéissant, ce qui signifie qu’il écoute la voix du Père. Dans le mot obéir il y a le mot latin « audire » qui veut dire « écouter ». De cette écoute, cette offrande il repart fort pour vivre le don de lui-même...don qui va porter du fruit pour le salut du monde. Nous aussi, O combien, nous pouvons hésiter, avoir peur lorsque nous sommes appelés à donner de nous-mêmes pour vivre et faire vivre...il nous faut nous tourner vers Jésus pour puiser en lui la force...

Nous allons célébrer l’Eucharistie. Nous allons ré-entendre les Paroles de Jésus « Ceci est mon corps livré...mon sang versé »...n’oublions jamais ces deux adjectifs : corps livré...sang versé...en chaque Eucharistie nous rencontrons Jésus donnant sa vie, nous puisons à la source du don qui nous rend vivants et nous rend vivifiants...

Père Michel Marie.

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