Homélie du 11ème dimanche du temps ordinaire B 15.

Ces deux paraboles qui sont parmi les plus optimistes de tout l’évangile nous appellent à trois attitudes :

1)D’abord à accueillir avec disponibilité la Parole de Jésus et à nous laisser façonner par elle...Faire silence pour rentrer en nous-mêmes, prier l’Esprit-Saint, lire la Parole, la ruminer pour qu’elle descende dans nos profondeurs...Elle peut alors changer notre cœur, ce centre de nous-mêmes où murissent nos pensées, nos décisions et nos actions...Elle porte alors des fruits de vie nouvelle. En celui qui l’accueille et la médite avec attention, la Parole de Dieu peut accomplir des merveilles...Comme le dit le prophète Isaïe, la Parole de Dieu, à l’image de la pluie qui ne descend pas sur la terre sans la féconder, ainsi la Parole de Dieu ne descend pas dans un cœur disponible sans l’enrichir. Un baptisé est quelqu’un qui se nourrit de la Parole de son Seigneur.

2) Ces deux paraboles nous appellent ensuite à une grande espérance. Au moment où Jésus parle, une déception évidente s’exprime dans son entourage. Celui-ci attendait une intervention triomphale, spectaculaire, du Messie...Face aux bouleversements attendus par les juifs, le ministère de Jésus paraît bien pâle, bien insignifiant...Jésus répond avec l’image du grain de moutarde, la plus petite de toutes les graines, qui devient un grand arbre. Il reconnait qu’il n’a pas réussi à convertir beaucoup de ses contemporains, mais avec une audace folle il exprime sa certitude qu’il n’a perdu son temps à semer la Parole ...elle portera du fruit...l’histoire lui donnera raison. Qui aurait pu penser en l’écoutant, qu’il allait ensemencer tant de cœurs et tant de terres dans les siècles à venir...Qui aurait pu penser que cet humble prédicateur et son équipe d’hommes si simples, si ordinaires, allaient engendrer une Eglise se répandant dans le monde entier et susciter tant de foi, tant vies si belles...et tant de milliards d’actions fraternelles aux conséquences si profondes...et nous ne sommes sans doute qu’au début du christianisme...

Aujourd’hui nous avons peut-être l’impression qu’il n’y a plus de vie dans l’Eglise...Que Dieu l’abandonne et qu’elle est en train de mourir...Les paraboles de ce dimanche nous disent que c’est une erreur de penser ainsi...il suffit de mentionner tous les groupes de réflexion, de méditation de la Parole et d’action qui se lèvent...et toutes les personnes qui découvrent ou re-découvrent la Foi et se préparent au Baptême, à l’Eucharistie, à la Confirmation...Toutes les personnes qui s’impliquent dans la vie de l’Eglise...Tout cela est discret, mais réel et invitant à l’espérance. Un champ de blé en pleine germination ne fait pas beaucoup de bruit...et cela ne se voit que faiblement...pourtant un travail important et prometteur s’accomplit...il y a aujourd’hui un travail de germination...l’Esprit-Saint est à l’œuvre. Le père Marty, ancien évêque de Paris, écrivait « Ne vous inquiétez pas des murs qui s’écroulent et font de la poussière, regardez les jeunes pousses qui percent la terre hivernale ».

Ces deux paraboles nous appellent à semer la Parole de Dieu généreusement...par nos paroles, par nos vies éclairées par la foi et vivifiées par l’amour du Seigneur...puis à faire confiance à la force qui habite cette Parole agissante. L’agriculteur sème le grain dans son champ, puis il compte sur la nature pour le faire germer et grandir « nuit et jour , qu’il dorme ou qu’il se lève la semence germe et grandit »...c’est la merveille du travail du créateur...il en va de même pour la semence spirituelle, le Seigneur nous demande de semer, mais c’est Lui qui fait pousser et produire du fruit en son temps... Demandons-lui la ténacité et la patience de l’agriculteur. Intériorisons ces trois appels : accueillir la Parole...la semer généreusement...avoir confiance dans la force de cette Parole...elle conduit le monde vers la vie et vers une belle moisson.

Père Michel Marie.

Semer la parole de Dieu généreusement.
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