Aux sources de la sagesse biblique, nous pouvons puiser sans discontinuer pour désaltérer nos âmes, rafraîchir nos esprits et purifier nos cœurs. Le Livre des proverbes fait partie du « Corpus » qu’on appelle les Sapientiaux, c’est-à-dire les écrits de la Sagesse. Car celle-ci fait partie des trésors auxquels aspirent tous les humains dans leur quête existentielle. Déjà l’auteur sacré suppliait ainsi : « Donne-moi, Seigneur la Sagesse assise près de toi ». (Sg 9,4) Mais l’insondable et ineffable importance de la Sagesse s’entend bien au-delà de cette supplication. Elle traverse toutes les Saintes Ecritures. Car la Sagesse constitue, aux yeux du chercheur de Dieu la synthèse même de tous les dons et bienfaits. « Elle est habitée par un esprit intelligent et saint, unique et multiple, subtil et rapide ; perçant, net, clair et intact, ami des hommes, ferme, sûr et paisible… » (Sg 7,22) C’est dans cette même trajectoire qu’il faut situer les proverbes bibliques, fruits de l’expérience spirituelle, source continuelle d’enseignements précieux pour l’équilibre des relations entre Dieu et les hommes, entre les hommes eux-mêmes et pour leur bonheur.

Ainsi dit le sage : « Il y a six choses que Dieu déteste sept qu’il a en horreur : le regard hautain, une langue menteuse, des mains qui répandent le sang innocent, un cœur qui médite des projets coupables, des pieds empressés à courir au mal, un faux témoin qui profère des mensonges, le semeur de querelles entre frères. »

La première exhortation porte sur le regard orgueilleux selon la traduction en français courant. Nous avons tous, conscience de l’importance vitale du regard qui nous a façonnés. Nous sommes la résultante des regards qui nous ont portés et supportés, entourés et enveloppés. Dans la Bible, le regard de Dieu est porté sur chacun comme unique. Dieu ne dévisage personne mais il envisage pour chacun ce qui l’élève dans son regard. On se souvient de la rencontre de Jésus avec le Jeune homme riche désireux du Royaume de Dieu : « Jésus posa sur lui son regard et se mit à l’aimer ». (Mc 10,21) Dieu n’aime pas le regard orgueilleux parce que l’orgueil est un grand péché (ps18,14). Par ailleurs, de même que l’œil est la lampe du corps tout entier. (Mt 5,22), de même aussi le regard est la lampe du cœur. Or, c’est du cœur que proviennent toutes les ressources qui alimentent le regard. Et c’est de l’abondance du cœur que parle la bouche.

La deuxième exhortation porte sur la langue qui profère le mensonge. On peut lire aussi dans une autre traduction la bouche qui répand le mensonge. La bouche et la langue comme outils de la communication ; langue, parole comme des lieux de production du dire. Saint Paul l’avait bien compris qui exhortait les croyants d’Ephèse en ces termes : « Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche. Au contraire, dites une parole constructive, profitable pour ceux qui vous écoutent.» (Ep 4,29.) Ce n’est pas une question de morale mais une prise de conscience sur la place de la Parole ou du Verbe dans l’économie du salut mais aussi une prise de conscience de la Sainte habitation de Dieu en nous. Voilà pourquoi St Paul motive son exhortation comme suit : « Vous avez reçu en vous la marque du Saint Esprit de Dieu ; ne le contristez pas ». (Ep 4,30). Cette deuxième exhortation rejoint au fond la sixième chose que Dieu n’aime pas : un faux témoin qui profère des mensonges. Le Décalogue confié au Peuple d’Israël par le biais de Moïse situe cette injonction en huitième parole communément appelée huitième commandement : « Tu ne prononceras pas de faux témoignage contre ton prochain ». A l’heure des facilités techniques offertes pour la manipulation et la ruse pour inverser les rôles et les piliers de la communication cet appel nous est bon comme un ballon d’oxygène venant de la sagesse. Car « qui bavarde à la légère blesse autant qu’une épée ». (Pr 12,18). Par ailleurs, la troisième Chose que Dieu n’aime pas selon le mot du sage : « ce sont les mains qui répandent le sang innocent ». La question de la violence sous toutes ses formes est une préoccupation brûlante et urgente pour notre époque et notre civilisation. En dénonçant l’auteur de tels forfaits le sage nous invite en creux à la paix. Jésus lui-même ne dit-il pas dans sa première prédication : « Heureux ceux qui font œuvre de paix » (Mt 5,9). Ce désir de paix qui fait partie des appels récurrents de la Bible recouvre également la quatrième et la septième Chose que Dieu n’aime pas. Notons que la chiffre VII représente ici un sommet ; positivement formulé Dieu aime celui qui favorise la relation fraternelle plutôt que celui qui aime provoquer des querelles fratricides. La Bible nous rappelle que la première querelle entre les deux frères Caïn et Abel, s’est achevée dans le sang de l’innocent : Projet coupable et pieds qui courent au mal. Quel est l’objectif, quelle est l’intention du Sage de la Bible dans cette exhortation ? C’est avant tout la Paix pour l’homme tout entier. Que ce soit dans le regard offert, par la main tendue, dans le tréfonds du cœur, au bout de ses marches et démarches, dans ses dires et intentions Dieu veut que l’homme soit ami de la paix. A l’orée des temps nouveaux Jésus est venu comme le prince de Paix :

Il est venu porter la paix,

Le Fils de Joseph et Marie,

Il est là pour tout portefaix,

Lui le bonheur de toute vie.

Il est venu clamer la paix,

Pas celle des triomphateurs,

Mais celle du Libérateur,

Pour quiconque Le reconnaît.

Il est venu donner la paix,

Pas à l’aune de nos censures,

Mais à sa mesure sans mesure,

Débordant jusqu’aux laquais.

Il est venu bâtir la paix,

Pas sur le tombeau des vaincus,

Mais sur la justice vécue,

Qui en fait le rempart épais.

Il est venu montrer la Paix,

Non pas sa caricature,

Au vernis de signature,

Mais sa vraie nature sans biais.

Il est venu semer la paix,

Au jardin de son amour,

Où se greffent Joie et progrès,

Où fleurit la vie pour toujours.

Il est venu chanter la paix,

En harmonie avec les cœurs,

Car il demeure notre Sauveur,

Jésus notre DIEU NOTRE PAIX.

Père Jean-Parfait CAKPO

« Il y a six choses que Dieu n’aime pas ….  Et une septième qu’il a en horreur.» (Proverbes 6,16)
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