Homélie du Dimanche 8 Novembre,

XXXIIe Dimanche Ordinaire B. 1R17,10-16/ He 9,24-28/ Marc12,41-44.

Éloge pour deux sous, deux piécettes.

Quel beau geste ? C’est sans doute trois fois rien. Mais Jésus y voit un grand bien. Frères et sœurs en Christ Fils et filles bien aimés de Dieu.

Il suffit de lire et de méditer quelques pages bibliques dans les textes sapientiaux ( proverbes et psaumes,sagesse) pour se rendre compte que le pain ,pour l’auteur sacré n’est pas seulement un moyen de subsistance ordinaire. Il est symbole de vie culturelle,cultuelle et spirituelle.

Vous comprenez que dans la prière du Seigneur,le Pater Noster,la demande du pain quotidien soit mentionnée en quatrième invocation. Vous comprenez encore plus aisément le drame de cette veuve très pauvre que rencontre le prophète Élie à Sarepta.

Quelle rencontre ? C’était à un moment très critique. La famine sévissait partout. Car trois et demi durant, il n’était pas tombé une seule goutte d’eau. On aurait dit que toutes les écluses du Ciel avaient été fermées. Alors le prophète Élie va se réfugier dans un pays hostile,dans une terre étrangère .C’est là qu’il rencontre cette veuve ;Il lui demande d’abord à boire. Puis à manger. Elle va lui dévoiler la situation dramatique qui était la leur,elle et son fils : « Je ramasse deux morceaux de bois,je rentre préparer pour moi et mon fils ce qui reste. Nous mangerons et puis nous mourrons, » dit-elle au prophète Élie . Comment ne pas penser à tous ceux qui jettent le pain et à tous ceux qui le fabriquent ? Mais celui-ci insiste en citant la promesse du Seigneur Dieu : « jarre de farine point ne s’épuisera,vase d’huile point ne tarira ! » Il demande donc à la veuve de partager,de donner le reste ; de racler le fond,de tout donner.

L’auriez-vous fait ? Ce saut dans la confiance,dans la parole d’un passant,d’un mendiant, d’un étranger,fût-il prophète ? Ne l’auriez-vous pas gentiment éconduit en le traitant d’illuminé sans conscience des réalités. Ce récit biblique célèbre avant tout la foi de cette veuve pauvre et étrangère. La foi est la vertu qui ouvre le cœur de Dieu à l’homme et le cœur de l’homme à Dieu.

La veuve de Sarepta est l’illustration de l’espérance en la Vie,même lorsque tout semble dire le contraire.Elle nous montre le sens sacré de l’accueil de l’autre,du pauvre du mendiant. (L’exemple de l’assiette du pauvre ou du passant. La veuve donne tout et reçoit tout grâce à sa grande foi. : « Si vous ne croyez pas vous ne tiendrez pas,vous ne comprendrez pas. » (Is 7,9) Elle est aussi un modèle de la logique de la vie : c’est en donnant qu’on reçoit.

Tout ce que l’on garde égoïstement se dessèche. Ce que l’on sème va survivre ; Alors elle offre l’hospitalité Et elle reçoit l’amitié Elle manifeste sa bonté Et elle reçoit l’Éternité. Elle croit en la promesse Et fait œuvre de Sagesse Jésus connaissait bien ce récit biblique. Il l’a d’ailleurs cité un jour au grand dam des pharisiens et scribes au point de provoquer leur colère et se faire lapider. (Luc 4,25)

Mais dans l’évangile du jour son regard perspicace,nous fait contempler une autre veuve dont il fait l’éloge. Oui ! un éloge pour deux sous,deux piécettes. Quel beau geste ? C’est sans doute trois fois rien. Mais Jésus y voit un grand bien. De Sarepta à Jérusalem,la Parole de Dieu ,en ce jour attire notre attention sur la qualité ou la beauté du don véritable. Jésus ne dénonce pas la générosité de ceux qui donnent de grosses, Son propos est plus fin. Il dénonce d’abord leur apparente générosité qui n’est que du superflu. Lui qui s’est offert sans réserve,Corps Livré sans versé,nous exhorte à entrer dans son mystère d’amour. N’est-ce pas ce don sans réserve qui établit une proximité spirituelle entre lui et ces deux figures de femmes bibliques,messianiques ?

Quels que nous soyons ,nous devons donner à la suite du Christ Car un Chrétien est un non sens et une aberration. Mais tous ne donnent pas pareil : Le poète Gibran le dit plus joliment : « Il y a ceux qui donnent peu de tout ce qu’ils ont et cela, pour être reconnus : ce désir caché corrompt leur don. Il y a ceux qui ont peu et le donnent tout entier. Ils croient en la vie et en son abondance,leur coffre n’est jamais vide. Il y a ceux qui donnent avec joie,cette joie est leur récompense. D’autres donnent en souffrant et cette douleur est leur baptême. Il y a ceux enfin qui donnent sans connaître la souffrance,qui cherchent pas la joie, qui ne songent à la vertu. Ils donnent comme le myrte exhale sa fragrance dans l’espace,au loin dans la vallée. C‘est par leurs mains que Dieu parle,derrière leurs yeux que Dieu sourit à la terre. »

Frères et sœurs à notre Terre il y a beaucoup à donner : Donnez-lui les trois cadeaux symboles de la veuve de Sarepta : l’eau,l’huile et la farine. L’huile : symbole de l’onction sainte de notre baptême. Onction qui nous invite à exhaler le parfum de l’amour de Christ. Ne soyons pas de ceux qui jettent de l’huile sur le feu mais de ceux qui en mettent dans les rouages. L’eau qui purifie qui vivifie. Qui rappelle notre baptême elle nous invite à la douceur et à la fraîcheur. Heureux les doux. Ne soyons pas des croyants aux cœurs secs. La farine de la veuve de Sarepta, n’est-ce pas un clin d’œil au pain ? Le pain de la fête, le pain du partage, le pain de l’Eucharistie : source et sommet de la vie sprituelle ? Donnons avec le Christ et par le Christ cet amour au monde.

En ces temps de crises généralisées ou la misère frappe à la porte de nos cœurs ces exemples des veuves de Sarepta et de Jérusalem, n’est-ce pas un appel à la conversion ? Mais sommes- nous prêts ? Jean Parfait CAKPO.

Deux sous, deux piécettes.
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