Homélie du XXVIIIème Dimanche du Temps Ordinaire. C : IIR5,14-17/Ps 97/2Tm 2,8-13/ Lc17,11-19.

Rendez grâce en toute circonstance

                    Puisque sa grâce vous devance.

                    L’amour de Dieu fait des merveilles

                    Que votre cœur s’en émerveille.

Ils auraient pu dire non en prétextant que Jésus mettait la charrue avant les bœufs,lorsqu’il leur avait ordonner d’aller se montrer aux prêtres. Car selon les dispositions juridiques du Lévitique 14,1ss, seuls les lépreux guéris pouvaient aller voir les prêtres pour se faire authentifier la guérison et signifier leur  réintégration dans la communauté. Or les dix lépreux s’entendent dire par Jésus d’aller voir les prêtres. Ils auraient pu réagir comme un autre lépreux célèbre : Naamân, le Syrien, commandant d’armée du Roi d’Aram, auquel le prophète Élisée avait envoyé  dire : « Va te baiger sept fois dans le Jourdain. » Son indignation et sa colère avaient éclater en ces mots : « L’abana et le Parpar,les fleuves de Damas,ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Ne pouvais-je pas m’y laver pour être purifier ? » et il s’en alla furieux. «( 2R5,10). Mais, sur les instances de ses serviteurs,il alla se baigner et sa peau redevint comme  celle d’un enfant.

Les dix lépreux de l’Évangile selon saint Luc, étaient partis  sans résistance en  suivant la consigne de Jésus. Leur attitude illustre admirablement bien leur grande foi. Tel que l’épître aux Hébreux la définit : « La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère. »(He 11,1) Par sa parole,Jésus a ouvert devant les lépreux, un chemin d’espérance vers la guérison. Car il sait que pour guérir,il faut parfois cheminer vers sa guérison. Pour guérir,il faut désirer guérir. Cheminer,c’est désirer aller de l’avant.  Cheminer c’est accepter de se désinstaller pour aller vers d’autres perspectives et d’autres horizons. D’ailleurs,ce miracle en faveur des lépreux Jésus va l’accomplir alors que lui-même était en chemin : Le début de l’Évangile du jour  dit clairement que Jésus marchait vers Jérusalem en traversant la région située entre la Samarie et la Galilée.(Luc 17,11)

L’un des messages que livre St Luc, réside en ceci que nous ne pouvons résoudre nos problèmes et guérir de notre mal en nous enfermant sur nous-mêmes,dans notre bulle,notre rumination individualiste et parfois égoïste.Mais plutôt en allant vers les autres : « Allez vous montrer aux prêtres. »

Mais il y a plus dans cette page. Chemin faisant,les lépreux  ont

été guéris mais un  seul, un Samaritain était revenu rendre grâce.

Rendez grâce en toute circonstance.

                    Puisque sa grâce vous devance.

                    L’amour de Dieu fait des merveilles

                    Que votre cœur s’en émerveille.

Jésus insiste et pose la question : « Où sont les autres ? » L’ingratitude est un péché grave. Et dans cet évangile, il touche 90 pour cent. C’est un mal courant et récurrent. Il y en a qui ne savent que se plaindre,maugréer bouder et râler contre Dieu et les autres. Jamais ils ne disent merci. Ils pourraient au moins le faire pour le souffle gratuit de vie qui leur permet de se plaindre. Ne pas rendre grâce,c’est oublier l’auteur des bienfaits. C’est s’auto attribuer les œuvres accomplies,c’est biffer ou zapper la source même de bien qui nous été fait. Beaucoup de personnes font comme les neuf lépreux « qui empochent la guérison,s’emparent de la grâce comme d’un dû et disparaissent. » (Pasteur Casalis) Tous ont été guéris de la lèpre, un mal physique,mais le mal spirituel demeure pour les neuf autres qui ne sont pas revenus  rendre gloire à Dieu. Attention,Jésus ne dit pas qu’ils ne sont pas revenus le remercier,LUI. Mais qu’ils ne sont pas revenus rendre gloire à Dieu c’est-à-dire établir une relation vivante avec Lui

Rendre gloire à Dieu c’est faire mémoire :EUCHARISTIE qui veut dire « action de grâce » : « Vous ferez cela en mémoire de moi. » (Luc 22,19) Bien souvent les ingrats sont amnésiques.

C’est pourquoi Saint Paul résume toute sa mission en ces mots qui sont les premiers de la deuxième lecture :«Bien-aimé,souviens-toi de Jésus Christ ressuscité. C’est mon évangile. »

À chacun de nous,il redit.

Bien aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité

Il est la source de notre charité.

Bien-aimé, souviens de Jésus Christ ressuscité

Il est fidèle pour l’éternité.

Bien aimé, souviens-toi de Jésus Christ ressuscité

Il nous donne son Esprit de liberté.

Bien aimé,souviens-toi de Jésus ressuscité.

Il nous envoie le proclamer et témoigner avec clarté.

Bien-aimé,souviens-toi de Jésus ressuscité.

Pour célébrer son amour : telle est sa sainte volonté.

Alors,pourquoi différer le moment de rendre grâce et de s’en émerveiller ?

Père Jean-Parfait CAKPO.

 

 

 

Cheminer, c'est désirer aller de l'avant...
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