Homélie du VIIème dimanche de PAQUES 2017 Année A :

Actes 1,12-14 /Psaume 26/ 1 P4,13-16/Jean 17,1b-11

Dans sa prière

Est notre Lumière.

Il est dans nos cœurs

Son amour bannit la peur.

 

Frères et sœurs en Christ. Bien aimés de Dieu.

Vous souvenez-vous du jour de l’élection notre Pape actuel François ?

Et surtout, vous rappelez-vous son premier acte apostolique, sa première demande pontificale,Place Saint Pierre? Après quelques mots, il a demandé aux personnes qui étaient là de prier pour lui et avec lui ; avant de donner la première bénédiction Urbi et Orbi.

C’était là un puissant message en acte, un enseignement primordial qu’il faut tenir comme un trésor et maintenir comme une respiration qui irrigue tout le corps spirituel de l’Église en notre monde. L’importance de la prière nous avait été enseignée également par le pape saint Jean Paul II qui disait, au début de son pontificat : « Mon premier message au monde,c’est la prière… Je veux m’unir à tous ceux qui sont en prière : bédouins dans la steppe, cisterciens, moniales,homme qui travaillent ;malades qui souffrent. »(C’était lors de son premier pèlerinage marial,le 29 Octobre 1978) « Notre mission est de prier comme le propre de la lumière est d’éclairer. » Car la prière constitue l’acte fondateur et fondamental qui engendre l’Église. Autrement dit, c’est dans la prière et par la prière que la première communauté d’Église est née. La première lecture de ce jour en donne une belle illustration. Après la Résurrection de Jésus et son Ascension dans le Ciel, « les Apôtres et quelques femmes,Marie, la mère de Jésus et ses frères étaient assidus à la prière. »(Actes 1,14)

Mais redisons-le,la prière n’est nullement un « blablabla » spirituel pour se gargariser d’avoir fait ses dévotions. Elle n’est pas non plus un discours plus ou moins long à l’adresse de Dieu pour qu’il découvre nos besoins. Du reste, Jésus le disait clairement à ses amis : Il y a une façon païenne de prier. Voilà pourquoi Jésus disait dans son enseignement : « Quand vous priez,ne rabâchez pas comme les païens. Ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils seront exaucés… » (Mt6,7) Frères et soeurs c’est donc à l’école de Jésus qu’il nous faut apprendre à prier. Et justement dans l’Évangile de ce jour,saint Jean nous invite à entrer dans la méditation et la participation de cette longue et intense prière. Comme l’écrivait le Cardinal Etchégaray :« Il ne s’agit pas de faire effort pour prier,mais d’être assez creusé pour accueillir du mieux que nous pouvons la prière de Jésus. » « Trésors de la prière des moines.» (p. 270) Que nous enseigne la prière de Jésus dans l’Évangile de ce jour ?

Je vous propose trois dimensions essentielles, trois attitudes spirituelles qui sont trois enseignements sur la prière de Jésus dans cet évangile.

 

La première attitude, c’est la décentration de soi.

Le premier mot de Jésus dans cette prière et dans bien d’autres passages,c’est toujours « Père » Cela révèle que le Fils n’est pas centré sur lui-même,sur son moi égoïste et ses idées personnelles . Il est tourné vers la source de son être,vers le cœur de son amour,la raison d’être de sa Mission.(Jn1,1-4) C’est le Père qui l’a envoyé. Donc la véritable prière,celle qui est assumée dans la dimension christologique,fait que, de tout notre cœur, de toute notre force,de tout notre esprit ,nous nous tournons vers Dieu,telle la fleur du tournesol dans la trajectoire du Soleil. C’est ainsi que le psalmiste se tourne vers Dieu qu’il nomme : le rempart de sa vie,sa lumière et son salut. (Psaume 26) Ce n’est pas une attitude banale et facile.La décentration de soi. Au contraire,beaucoup de nos contemporains vivent centrer et concentrer sur eux-mêmes et leur petit monde. Comme s’ils étaient l’alpha et l’oméga de leur existence,comme s’ils s’étaient crées eux-mêmes. Au contraire,Jésus,Lui, dans sa prière nous montre qu’il faut se décentrer de soi,pour se tourner vers Dieu,Maître des temps et de l’Histoire.

 

C’est ici précisément que nous voyons la deuxième caractéristique de la prière de Jésus. Ce que j’appelle : l’ancrage dans le temps. L’évangile déclare : « En ce temps-là. Jésus dit : « …l’heure est venue .» Et dans sa prière,il parle du temps d’avant le monde et de l’avenir. Il pas exagéré de dire que la prière de Jésus embrasse l’aujourd’hui de tous les temps.Quel bonheur de savoir que saint Jean qui appelle Jésus le Verbe de Dieu,le Logos premier, saint Jean nous montre dans cette prière que, vraiment, lorsque le Verbe divin entre dans notre histoire, il conjugue avec nous le temps de nos vies pour les ouvrir à leur dimension d’éternité. Car lui Jésus connaît les saisons de notre vie.Alors que nous ,bien souvent,nous ne connaissons pas notre heure. (Qo9,12) Mais Lui, Jésus peut dire l’heure est venue. Être disciple de Jésus, être chrétien,ce n’est rêvasser déconnecté du monde. Mais c’est être attentif aux événements du monde à l’histoire,pour y déceler les signes des temps et vivre à l’heure de Dieu. L ‘heure de la victoire de la lumière sur les ténèbres. L‘heure de l’assomption de sa mission. L’heure où il fut livré dans le don total de lui-même.

 

La prière de Jésus possède un troisième enseignement : Le DON.

Avez-vous remarqué le nombre de fois où il est question de « donné ? » dans cette page d’évangile ? Jusqu’à onze fois.

Ainsi prier selon l’Esprit de Jésus, c’est entrer dans le mystère du don de Dieu. Prier selon l’Esprit du Christ,c’est accueillir notre vie comme un don du Seigneur. Alors la prière devient une œuvre d’amour. « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils,Son Unique Jésus. » (Jn 3,16) Puisque dans le Christ,Dieu nous a tout donné et tant donné. Comment résister à l’appel qu’il nous lance d’être de la saison de ceux qui donnent ? Pour cela aussi l’heure est venue.

Jean Parfait CAKPO

 

 

Homélie du VII ème dimanche de Pâques.
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