Deuxième dimanche de carême. Année B.25 Février 2018.

Gn23, 2-2,9-13.15-18/ PS 115/ Rm8, 31b-34/Mc9,2-10.

 

                

De la montée à la sainte montagne

               De l’attachement au rayonnement.

 

Frères et sœurs en Christ

Bien aimés fils et filles de Dieu.

        « C’est pure folie ! » diront les rationalistes. « Absurde ! » pourraient ajouter les logiciens. Et pour les moralistes et psychologues, il y là, l’exemple même d’un Dieu pervers. D’ailleurs dans l’histoire de l’Église, les pratiquants de l’athéisme militant ont vu dans la demande de Dieu faite à Abraham, l’argument de leur rejet de la religion. Et pourtant ! Comme l’affirmait bien le livre de la Sagesse : « Ainsi raisonnent-ils mais ils se trompent ; et leur perversité les a aveuglés et ils ne connaissent pas les secrets desseins de Dieu… » (Sg2, 21-23)

Alors quels sont les projets du Seigneur quand il demande à Abraham de prendre son enfant unique et d’aller lui offrir en sacrifice au pays de Moriah ? Pourquoi  Abraham ne proteste-il pas ? Nous sommes devant les portes du mystère. Mais en  relisant la deuxième lecture, de ce jour, j’ai pensé qu’il y avait une clé sous la plume de Saint Paul aux romains : « Comment pourrait-il ne pas nous donner tout ? » C’est l’amour. « Car aimer c’est tout donner et se donner soi-même. » (Sainte Thérèse)

C’est dans la dynamique de l’amour véritable que s’inscrit Abraham. Il m’est arrivé parfois d’entendre des amis et des personnes tellement amoureuses, dire à l’être aimé ces mots bouleversants : « Tu peux me demander tout ce que tu veux, je te le donnerai. » Ces mots sont la signature même de l’amour et nous rappellent les propos du Père dans la parabole  du fils prodigue (Luc 15,1ss) : « Tout ce qui est à moi est à toi ! » Dans son cœur Abraham donne son fils car tout ce qui est à lui est à Dieu. Et pourtant faut-il le redire c’est absolument crucifiant. Mais c’est aussi le mystère de la vie. Car dans nos vies : Plus grande est l’épreuve, plus insigne la grâce. Plus profond est l’attachement, plus puissant est le dépassement, ou l’arrachement ou le dépouillement de soi. Plus fort est l’amour, plus sublime est le don. Plus longue est la fidélité, plus profonde est l’amitié. Abraham est donc allé jusque-là pour donner la grande preuve de son amour totalement donné. Car « c’est en donnant que l’on reçoit », comme l’écrit Saint François d’Assise. Et ce qu’il va recevoir dépassera sa vie, son peuple et sa nation. D’abord, Il recevra son fils car Dieu ne veut pas de sacrifice humain : « Ne porte pas la main sur le garçon. » Dans la foi et par la foi, Abraham recevra  des fils et des filles par milliers, par millions  et par myriades comme les étoiles du Ciel. Il est devenu le modèle de l’amour, de la foi et de l’espérance puisqu’il est écrit que « l’amour croit tout, espère tout et endure tout.» (1 Cor 13,7) Et c’est parce que Dieu est amour qu’il nous a tout donné et qu’il est prêt à nous le donner encore. (Deuxième lecture). Saint Jean l’a bien médité quand il écrivait dans son prologue : « Dieu a tellement  aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, Jésus Christ. » (Jn3, 16)

On pourrait ajouter que  le Fils nous a tellement aimés qu’il s’est livré pour nous. Or le propre de l’amour est d’aller de découverte en découverte, de dépassement en dépassement de soi ; de dévoilement en dévoilement. C’est justement pour la consécration dans l’amour que Jésus, ayant aimé les siens, les a entraînés sur la montagne de la transfiguration. Le symbolisme de la montagne nous rappelle à la fois la hauteur et le centre, la stabilité et le mystère.  LA Hauteur pour l’élévation spirituelle en ce temps de carême. Saint Jean de la croix parle de la montée du Carmel. Sainte Thérèse, elle parlait de « l’ascenseur spirituel » dans ses manuscrits. Le centre pour le Christ. La stabilité pour la FOI. Soyons enracinés dans le roc de la foi d’Abraham et de Saint Pierre. Ne laissez aucune sirène vous perturber et vous détourner du Christ. La montagne rappelle le Mystère de la transcendance de Dieu. Nul ne peut entourer et encercler une montagne de ses bras. Et sur la montagne sacrée Dieu déclare : « Celui-ci est mon Fils bien aimé écoutez-le. « MAIS QU’A-T-IL DIT POUR QU’ON L’ÉCOUTE ?

Il a dit : Heureux les pacifiques, les humbles, les amoureux de justice et de Paix (Mt5, 1-5): écoutez-le

Il a dit : « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde !» (Mt 5,13-16) écoutez-le.

Il  dit également : Ne jugez pas, vous ne serez pas jugés. Pardonnez, vous serez pardonnés »: écoutez-le.

Il a dit également : Tout ce que vous faites à l’un de ses petits qui sont mes frères c’est à moi que vous l’avez fait : écoutez-le ;

Il a dit : »Moi je suis avec vous jusqu’à le fin du monde » (Mt28, 20) Écoutez-le ! Mais comment l’écouter sans faire silence ?                                    Jean Parfait CAKPO

 

Homélie du deuxième Dimanche de Carême.
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