Homélie de l'Ascension.
11 mai 2018Ac 1,1-11/ Ps46/ Ep4, 1-13 / Mc16, 15-20
MESSE DE L’ASCENSION : Solennité. (10 mai 2018)
Célébrons le mystère de son Ascension !
Jésus Lui-même nous envoie en mission.
Frères et sœurs en Christ
Fils et filles bien aimés de Dieu
La grande et belle fête de l’Ascension est la deuxième phase de la Pâques du Christ. Pendant quarante jours, Jésus ressuscité s’est montré à ses amis, les Apôtres. Comme l’écrit saint Luc dans la première lecture, c’est-à-dire les Actes des Apôtres, « C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion. Il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. » (Ac1, 3) Après ce temps, il fut élevé au ciel jusqu’à ce qu’une nuée vînt le soustraire à leurs yeux. Tel est le mystère que nous célébrons dans la foi de l’Église. Mais la vraie question est de savoir ce que ce mystère nous enseigne aujourd’hui, à nous, hommes et femmes plongés dans les questions et préoccupations du XXIème siècle ? Selon la Parole de Dieu, la réponse à cette question est triple :
D’abord, le mystère de l’Ascension, nous concerne tous : c’est le mystère du Corps. Ensuite la célébration de l’Ascension inaugure la mission de l’Église car son départ était aussi la promesse de l’Esprit Saint. Le mystère de l’Ascension tourne enfin notre regard vers le monde car il implique un engagement. Affirmer que le mystère de l’Ascension touche le mystère du corps est une évidence spirituelle. Jésus qui a pris chair de notre chair, Jésus, après avoir vécu notre condition humaine en toutes choses excepté le péché, par-delà la mort et la résurrection, Jésus est monté aux cieux dans son corps glorieux. Ainsi notre corps est au cœur de la Sainte Trinité par le mystère de l’Ascension. De plus le christianisme est une religion où l’on célèbre avec les paroles sacramentelles de Jésus : « Prenez et mangez. Ceci est mon corps… » (Marc14, 22) Mais plus encore, les Chrétiens croient et professent la Résurrection de la chair. Et lorsque nous méditons les textes de ce jour, il est aisé de remarquer que les références au corps sont partout présentes Dans la première lecture, dans le psaume et dans l’évangile, il est question des mains, de la bouche, des yeux, du regard. Mais c’est surtout dans l’épître aux Éphésiens que Saint PAUL se fait plus clair avec ces mots lumineux : « Il n’y a qu’un seul Corps et un seul Esprit. » Puis il ajoute à la fin de son enseignement : « De cette manière les fidèles sont organisés pour que se construise le corps du Christ. » Frères et sœurs bien aimés ! Vous n’êtes pas sans savoir que la question du corps est à notre époque, source de préoccupations nouvelles et cruciales. Entre ceux et celles qui en prônent la banalisation et la marchandisation jusqu’à ceux et celles qui prédisent à notre corps son éternité prochaine sur terre, il y a là pour nous, les Chrétiens de nouveaux lieux d’engagements, de réflexion, de témoignages. Pour que le corps dit « augmenté » ne produise pas l’homme simplifié ou le corps sacrifié. Mais le corps dont le Christ est la Tête, c’est l’Église. Nous en sommes les membres. Et chacun de nous a une mission au cœur de l’Église, son corps .C’est pourquoi Saint Augustin écrivait ces mots : « Notre Seigneur, Jésus Christ, lorsqu’il monta au ciel quarante jours après sa Résurrection, nous a recommandé son Corps. » (Commentaire de la première lettre de St Jean) *Cette mission selon Saint Paul dans l’épître aux Éphésiens, c’est l’Unité par la Paix .Pour l’accomplir, l’Apôtre des Nations nous montre quatre piliers : Humilité ! Douceur ! Patience ! Amour. Le corps en a besoin. Il faut en prendre soin dans l’humilité la douceur, la patience et l’amour. Le couple en besoin. D’ailleurs, Saint-Paul conseillait aux maris d’aimer leurs femmes comme leur propre corps. (Eph5, 28) La famille en a besoin. La paroisse aussi en a besoin. Toute l’Église est appelée à réaliser cette mission. C’est pour cela qu’il y a les Apôtres, les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs, ceux qui enseignent. Dans nos paroisses, il y a tous ceux et celles qui sont engagés dans de nombreux domaines :(accueil des demandes de sacrements, accompagnements des malades, des pauvres, des familles en deuil…, ministères divers et variés…Telle est la deuxième dimension de cette fête. Voilà pourquoi Ascension et mission sont inséparables. C’est à nous tous que Jésus dit comme dans l’Évangile : » Allez dans le monde entier. Et il ajoute : Proclamez l’Evangile à toute la création. » C’est ici le troisième aspect de la fête : l’engagement pour la planète. Saint Marc ne dit pas de proclamer l’évangile à toutes les nations mais à toute la création. Comme le faisait saint François d’Assise avec les oiseaux du ciel et les poissons de la mer. Ainsi, fêter l’Ascension, ce n’est pas rester inactifs le regard et l’esprit dans les nuages. Mais c’est s’engager pour bâtir la paix et protéger toute la création. Bien avant Laudato Si’ du pape François, son prédécesseur Benoît XVI écrivait déjà en 2009 : « Si tu veux construire la paix, protège la Création. » Quelle belle invitation au cœur de l’Ascension ? Et en répondant, quelle bénédiction !
Jean Parfait CAKPO