Homélie de la nativité de Jean-Baptiste.
16 juil. 2018Samedi 23 et dimanche 24/06/2018. NATIVITÉ DE JEAN-BAPTISTE.
XII ORDI B : Isaïe 49,1-6/Ps 138/ Actes 13,22-26/Luc 1,56-66.80
Frères et sœurs bien aimés,
Il n’était pas la lumière mais la lampe posée sur le lampadaire pour éclairer le chemin en attendant le lever du soleil. Il n’était pas le Verbe, la Parole mais plutôt la « voix » qui crie dans le désert : « préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » (Mt3, 3) En effet, il était un prédicateur vigoureux et un précurseur rigoureux. (Luc3, 7-9) Il n’était pas non plus l’époux mais l’ami de l’époux qui se réjouit de le voir aux noces. (Jn3, 29) Pour ne pas le nommer : JEAN-BAPTISTE ! Était-ce un prophète ? « Bien plus qu’un prophète, » disait Jésus : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean. »(Mt11, 9) Il a vu et reconnu Notre Sauveur avant sa naissance. Il a baptisé l’auteur du baptême d’où son surnom de Jean-Baptiste. Je souhaite une bonne fête à tous les « Jean » qu’ils soient baptiste ou non. (Jeanne Jeaninen Jane)
Depuis le IVème siècle, la Nativité de Saint Jean- Baptiste est célébrée au solstice d’été le 24 juin avec une grande vénération. Sa naissance a provoqué une grande joie et une espérance messianiques. Car sa mère jusque-là était appelée femme stérile. Mais le Seigneur lui a « montré la grandeur de sa miséricorde. » Mais comme son père a été frappé de mutisme, pour n’avoir pas cru l’annonce de l’ange, c’est sa mère qui a dû déclarer le nom de l’enfant : «Il s’appellera Jean ! » dit-elle.
Selon la tradition biblique, le nom c’est la référence ontologique de quelqu’un. C’est le sacrement de sa personne. Le nom, c’est une vocation et une mission. Il a une histoire, une trajectoire, une signification. Vous comprenez aisément la question des gens du voisinage : « Quel sera donc cet enfant ? » Puisque le nom revêt une importance hautement prophétique, accueillons maintenant le message et la mission de cette grande fête, par-delà les trois noms qui parcourent l’évangile du jour.
D’abord la mère de Jean-Baptiste. Elle s’appelle Élisabeth. Selon sa racine hébraïque (Élischéba) qui veut dire : « Dieu est ma promesse, ma plénitude. » Selon d’autres racines, le prénom Élisabeth suggère l’idée de la maison de Dieu, le temple du Seigneur, la demeure du Seigneur. » Bonne nouvelle ! Car nous sommes toutes et tous, par notre baptême, membres du corps du Christ. Comme Jésus nous avons part à la vie éternelle et à sa dignité de prêtre de prophète et de roi. Chacune ou chacun de vous par son baptême est devenu la maison du Saint Esprit. Le temple de Dieu. Vous êtes plus que toutes les cathédrales et toutes les basiliques du monde. Les dons et les charismes de l’Esprit saint ont été répandus, dans nos âmes et dans nos cœurs : Amour, joie, paix, patience, longanimité, bonté, miséricorde, fidélité, modestie. En outre, Élisabeth nous invite à la spiritualité de la joie, à la culture du bonheur : Quand elle reçut la visite de sa cousine Marie, elle poussa un grand cri de joie en disant : « Dieu t’a bénie plus que toutes les femmes et sa bénédiction repose sur l’enfant que tu portes. » (Luc1, 42)
Il nous est bon de penser à toutes les mamans de notre assemblée et de prier pour toutes celles qui, comme Élisabeth au début de sa vie, souffrent de ne pas avoir d’enfant selon la chair. Mais il y a aussi les enfants selon le cœur. Par ailleurs, Élisabeth nous invite également à reconnaître le bonheur de la visite de Dieu dans nos vies. Dans sa rencontre avec la Vierge Marie, elle dit : «D’où ai-je ce bonheur que la mère de mon Sauveur vienne jusqu’à moi ? » (Luc1, 43) Frères et sœurs, comme l’écrivait Marcel Proust : « Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur ; elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries. »
Pour fleurir nos âmes en cette fête, la Parole de Dieu nous fait contempler ensuite Jean- Baptiste. Sur l’identité de Jésus, il nous a légué cette belle proclamation de foi que nous redisons durant toutes les messes : «Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » (Jn1, 29) Son nom vient de l’hébreu « Yehôhânân », qui veut dire Dieu fait grâce. Bonne nouvelle ! Dieu est grâce. Dites-le, proclamons-le à temps et à contretemps. Dieu est source inépuisable de bonté. Il renouvelle son Alliance envers son peuple. Il est don et pardon. C’est la richesse de sa grâce qui déborde jusqu’à nous, dans le Christ Jésus, notre Sauveur. Par la Nativité de son Précurseur Jean, il nous invite à nous approprier les mots du prophète Isaïe comme une conviction : « Oui j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur. » (Is49, 1-6) Chacun de nous peut ajouter comme dans le psaume 138 : « Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis. » Mais pour dire cela, encore faut-il se rappeler notre histoire. Tout ce que nous avons reçu et vécu : nos joies, nos peines et l’énigme de nos vies. Offrir tout cela. C’est le message de Zacharie, le père de Saint Jean-Baptiste.
Enfin, il y a Zacharie. Cela signifie : « le Seigneur se souvient. » Par la naissance du Baptiste, Dieu se souvient de son Alliance en faveur de son peuple. Parfois dans la Bible, les prophètes dénoncent la tendance du peuple à oublier Dieu et ses merveilles. Chers frères et sœurs, ceux qui oublient les grâces reçues, oublient aussi de rendre grâces. Et la messe est une action de grâce à Dieu qui a tellement aimé le monde qu’il nous donné son Fils, son unique : Jésus, et par lui, l’Esprit Saint. À la suite de Zacharie, souvenez-vous de votre consécration à Dieu par la foi dans le baptême, dans tous les sacrements. Souvenez-vous des pauvres et des petits ; de la veuve et de l’orphelin. Ils sont les amis de Dieu. Ils vous ouvriront la porte du paradis selon les mots de Jésus : « J’avais faim, vous m’avez donné à manger…Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt25, 40)
Souvenez-vous, surtout de Jésus Christ. Il est ressuscité. Il est vivant. Il est avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps. (Mt28, 20) Bonne nouvelle. ALLELUIA
Jean Parfait CAKPO