Homélie du XXII Dimanche du Temps ordinaire (2 septembre 2018).

Jean-Parfait CAKPO Homélies …

31 oct. 2018

XXII dimanche ordinaire B : 2018. Septembre 2.

Dt4,1-2-8/Psaume 14/Jc1,17-18.21b-22.27/ Mc7,1-8.14-15 ;21-23.

Frères et sœurs en Christ

Bien aimés de Dieu

Hommes et femmes de bonne volonté

Notre époque s’en délecte ! Les réseaux sociaux en font leurs choux gras. Monte alors l’audimat avec les supputations et les explications des débatteurs, les commentaires des experts et les commentaires de commentateurs attitrés. Et ce à propos d’une seule chose : la polémique. Il y en avait aussi au temps de la mission terrestre de Jésus. L’évangile de ce jour nous relate une des polémiques entre Jésus et les deux groupes religieux les plus fervents d’alors : les pharisiens et les scribes. Véritables gardiens des us et coutumes ajoutés aux commandements de Moïse, les pharisiens et les scribes veillaient scrupuleusement à leur stricte observance et mise en application quotidienne. Ce sont eux qui interpellent Jésus au sujet du comportement de ses disciples. Ils lui posent cette question : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils mangent avec des mains impures : ils n’ont pas fait les ablutions nécessaires rituelles? » Comme l’écrivait Maurice Blanchot : « Le malheur de la question, c’est la réponse. » Et justement, la réponse de Jésus vient en plusieurs vagues.

D’abord, Jésus commence par dénoncer l’hypocrisie des pharisiens et scribes en citant un oracle du prophète Isaïe quelques VIII siècle auparavant : (Isaïe 29,13) dans la même veine que le prophète Osée (VIII è s) : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est un culte sans âme qu’ils me rendent. » Vous vous rendez compte ! (Si un curé disait cela aujourd’hui, cela ferait le buz sûrement.)

Jésus n’hésite pas à fustiger le culte des apparences.

Le leurre des conventions sans convictions.

Le soin de la coquille vide de contenu.

Le détournement du sens profond des choses sacrées ;

Le ritualisme sans la foi, ni sincérité.

Bref la négligence de l’essentiel : Dieu et son commandement.

L’enseignement de Jésus est en 3D ; Il recouvre trois réalités importantes qui sont aussi les trois messages qu’on retrouve dans les autres textes du jour.

Le premier c’est un message de liberté.

Les us et coutumes ne doivent pas devenir des carcans qui empêchent l’homme et la femme de s’épanouir. Une nouveauté de Jésus qui bouscule complètement les cloisonnements fâcheux de son époque. Jésus nous ouvre à une nouvelle sagesse et un nouveau regard sur l’humain et sa relation avec Dieu.

C’est ici le deuxième aspect de son enseignement :

La spiritualité de l’intériorité. La spiritualité c’est la culture de l’intériorité. Jésus le dit clairement avec insistance dans l’évangile du jour : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et entre en lui ne peut le rendre impur. C’est du dedans, (Intériorité) du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses. » Ah le cœur de l’homme. Du reste, le livre des Proverbes déclare : « Garde ton cœur en toute vigilance car de lui dépendent les limites de la vie. » (Pr 4,23)

Jésus insiste sur le cœur et non sur les rites extérieurs parce qu’il sait que Dieu aime les cœurs droits et sincères. Bien plus encore, le cœur est le siège des sentiments, le cœur selon la Bible est le haut lieu de l’amour et de la charité. Le culte véritable c’est la vie charitable. C’est l’amour qui doit irriguer nos vies. Saint Augustin le disait admirablement. Comment ne pas le citer le Saint Patron de notre ville. Il écrivait que l’amour change tout.

« Le devoir sans amour nous rend acharnés.

La responsabilité sans amour nous rend impitoyables.

La Justice sans amour nous rend durs.

La vérité sans amour nous rend critiques.

(D’ailleurs nous savons par Saint François de Sales que « Toute vérité qui n’est pas charitable est une charité qui n’est pas véritable. »

« L’intelligence sans amour nous rend rusés. »

« La gentillesse sans amour nous rend hypocrites. »

Et Jésus dénonce l’hypocrisie des scribes et pharisiens dans l’évangile du jour parce qu’ils pratiquent des rites sans amour.

« L’ordre sans amour donne un esprit étroit. »

« L’honneur sans amour nous rend orgueilleux. »

« La possession sans amour nous rend avares » (Des chrétiens avares, c’est une contradiction et une aberration majuscules.)Et saint Augustin poursuit son illustration : « La foi sans amour nous rend fanatiques. » Nous le voyons. Partout où la foi est détachée du message d’amour, le fanatisme pousse comme végétation sauvage.

Il faut lutter contre toutes sortes de fanatismes et d’intégrismes, qu’ils soient religieux, socio politiques, culturels et économiques. Car ils sont contraires à la vie et « la vie sans amour est sans valeur. » (St Augustin) Or c’est bien pour la vie et pour le bonheur de vivre que Dieu a envoyé son Fils Jésus dans le monde. (Jn 3,16) La vie exige de nous d’agir concrètement, de poser des actes, de mener des actions, de mettre en pratique le message ;

C’est la troisième dimension de l’enseignement des textes du jour :

Oyez ! Oyez ! Frères et sœurs. Il faut pratiquer. On connaît mieux ce qu’on pratique souvent.

Voilà pourquoi l’exhortation spirituelle traverse les deux textes que sont, la première lecture, un extrait du Deutéronome et la deuxième lecture qui est une épître de Saint Jacques :

Moïse déclare dans le premier par deux fois : « Maintenant, Israël écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. ( …) Vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu ; vous les mettrez en pratique. »

Cette insistance sur la mise en application de la Parole de DIEU devient récurrente, lorsqu’on lit la deuxième lecture tirée de Saint Jacques. Car il est écrit : « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » Alors laissez-moi vous le redire frères et sœurs en Christ ! Hommes et femmes de bonne volonté.