Homélie de Noël.
28 déc. 2018Messe du jour de Nöel C 25 Décembre 2018
Is52, 7-10/ Ps97/He1, 1-6/Jn1, 1-18.
Célébrons l’avènement
De Celui qui était au commencement.
Le Verbe venu d’auprès de Dieu,
Lui qui était Dieu.
Frères et sœurs bien aimés de Dieu
En ce jour de fête et de joie, laissez- moi vous souhaiter un bon et joyeux Noël. Trois verbes me paraissent importants pour la compréhension du message qui nous est adressé par la Parole de Dieu. Ces trois verbes sont aussi trois attitudes humaines et spirituelles de grande valeur.
La première, c’est : « conjuguer. »
La solennité de la Nativité de Jésus nous invite à conjuguer les temps de notre vie avec celui que Saint Jean, l’évangéliste appelle le « Verbe de Dieu » dans son Prologue. (Jn1, 1-ss) Conjuguer, c’est avant tout, joindre les choses ensemble. Autrement dit, c’est être attentif aux modalités et modulations de temps et de contextes. Il est aisé de remarquer dans l’Épître aux Hébreux que nous accueillons comme deuxième lecture du jour, les différentes invocations du temps. L ‘auteur sacré parle des interventions de Dieu dans le passé, au temps des prophètes. Puis il en vient aux jours où nous sommes, les temps accomplis selon le dessein de Dieu. Jours marqués par la venue en ce monde du Christ Jésus. En lui, Dieu a voulu tout recrée. Il lui a confié un héritage supérieur à celui des anges. Car Jésus a le nom de majesté et de gloire infinies. Jésus est venu coordonner, rassembler, faire alliance, assumer le passé, l’avenir et le présent de toute l’humanité. Car il est le Verbe.
Mais en réalité, qu’est-ce que le Verbe qui était au commencement ? Question vaste et complexe.
Il s’agit du « LOGOS » en grec. Par sept fois, nous lisons ce mot logos sous la plume de Saint Jean. Quatre fois, dans le fameux Prologue que nous venons d’écouter dans l’évangile du jour. Il est traduit par le mot Verbe. Le mot grec logos a un sens très étendu. C’est la matrice de toutes choses. Il est la racine de la Parole créatrice. Il le socle du discours. Le sens du langage. La base de la relation. La souche du Savoir. L’arbre de la Sagesse. En hébreu « davar » est à la fois parole et événement. « Verbum » en Latin ou encore ratio. Nous percevons la richesse du message de Saint Jean quand il pose dès les premiers versets que Jésus est le Verbe. Il proclame le mystère qui porte toutes les dimensions du visible et de l’invisible des mondes créés. Ce qui était avant, ce qui est, et ce qui sera. Car le Verbe traverse les temps et les dépasse. Plus encore, le Verbe est celui dont l’absence fait perdre à toutes choses, leur sens et leur subsistance. Pourtant, chacune et chacun de nous participent au mystère du Verbe. Puisque nous avons été faits par lui. Comme des êtres de parole, de savoir et de lumière. Voilà pourquoi, Saint affirme que « la vie est la lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (verset 9)
Ainsi déplié, le mystère du Verbe fait chair en Jésus, nous invite à la joie et à une élévation de nous-mêmes. Mais pour cela, il faut une attitude :
La deuxième attitude, c’est : « ACCUEILLIR. »
Telle une mère ou un père accueillant sa progéniture, il nous est bon d’accueillir l’Enfant-Dieu, Jésus dans nos cœurs et dans nos vies. L’accueillir, c’est reconnaître la merveille de sa naissance en notre monde. Saint Augustin déclare, à propos des bienfaits de sa naissance : « Tu serais mort pour l’éternité s’il n’était pas né dans le temps. Tu n’aurais jamais été libéré de la chair du péché s’il n’avait pris la ressemblance du péché. Tu serais victime d’une misère sans fin s’il ne t’avait fait miséricorde. Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint ta mort. Tu aurais succombé, s’il n’était allé à ton secours. Tu aurais péri, s’il n’était pas venu. » Jésus est donc venu pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance. (Jn10, 10) Or, nous le savons : ce qui alimente la vie, ce qui lui donne sa grâce, sa splendeur, et son ampleur, ce qui lui confère sa puissance et son poids d’éternité, c’est l ‘amour et la Paix. Le prophète Isaïe invitait déjà au VIIIème
siècle avant J-C aux heures difficiles du peuple d’Israël, à la joie de l’espérance. Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem ! Le psaume du jour renchérit : « Chantez au Seigneur un chant nouveau. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez. (Psaume 97) Car le Seigneur a maintenu sa fidélité à son peuple. Son amour lui est offert. Telle est la raison de notre troisième attitude.
La troisième attitude, c’est : « TÉMOIGNER »
« Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle. »
Notre vie chrétienne est fondée sur le témoignage de foi des Apôtres et de l’Église fondée sur eux.
En cette fête de la Nativité du Christ, le Prologue de Saint Jean nous rappelle le témoignage de Jean- Baptiste. À la suite de cette foule de témoins, nous les baptisés, nous devons devenir messagers et serviteurs de la paix.
Mais la paix est à cuisiner, tel un met pour le festin. La paix est à partager comme une trouvaille. Elle est à offrir comme un bouquet de pardon. Elle est à vivre à temps et à contretemps selon les saisons de la vie selon les modalités du Verbe ; Alors frères et sœurs, bien aimés de Dieu, laissez-moi vous le redire.
Célébrons l’avènement
De Celui qui était au commencement.
Le Verbe venu d’auprès de Dieu,
Lui qui était Dieu.
ALLÉLUIA.
Jean Parfait CAKPO