Homélie du VIIIe Dimanche du Temps Ordinaire C

Les références des textes :

Si27, 4-7

Ps31(92)

1Co15, 54-58

Lc6, 39-45

 

Frères et sœurs en Christ

Fils et filles bien-aimés de Dieu

 

Quel prédicateur n’éprouverait crainte et tremblement en méditant ces quelques versets de la première lecture où Ben Sira le Sage nous livre le côté redoutable d’une prise de parole.

« Tel le tamis qui révèle les déchets, les petits côtés d’un homme se révèlent dans ses propos. Car la parole fait connaître les sentiments. Alors ne fais l’éloge de personne avant qu’il ait parlé, car c’est cela qui permet de le juger. » (Si 27, 7)

Me voilà livré à votre jugement depuis longtemps, en prenant la parole. Mais ce n’est pas une Parole d’homme. Nos paroles humaines sont mineures et passagères. Mais il est une Parole qui demeure. C’est la Parole de Dieu. Voilà pourquoi Jésus déclarait dans l’évangile selon St Mathieu et selon St Luc :

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » Mt 5,18 / Lc 16,17

Plus encore, la Parole de Dieu a pris chair de notre chair et s’est faite homme dans le Christ Jésus. Jésus est mort et ressuscité pour revêtir sa Parole de cette immortalité dont parle St Paul dans la deuxième lecture du jour (sa 1ère lettre aux Corinthiens).

La Parole est donc vivante, vivifiante. Elle garde sa sève et sa verdeur pour éveiller en nous la ferveur et l’ardeur des enfants de Dieu. Pour cette raison, je vous invite à une première démarche aujourd’hui : Vous émerveiller devant les Paroles de sagesse de Jésus.

Il est un pédagogue et non un démagogue. Il est un Maître de sagesse brillantissime.

Il nous éclaire par ses proverbes. Il éduque notre vie (ex-ducere : mener hors des sentiers battus, hors des piétinements, en dehors des enclos de pensées, des ronrons de réflexions).

Jésus s’adresse à notre conscience, à notre liberté. Il fait confiance à notre capacité de réflexion en parlant par des paraboles.

 

Dans l’évangile du jour, il y en a 4 au total.

La première, c’est « La Parabole des deux aveugles »

La deuxième, c’est « La Parabole du disciple et du Maître »

La troisième, c’est « La Parabole de la Poutre et de la paille »

Enfin la quatrième, c’est « La Parabole de l’arbre bon et de l’arbre mauvais »

Dans quel but toutes ces Paraboles ?

Par elles, Jésus cherche à former, éclairer, sanctifier, purifier, soigner, guérir, le Cœur des hommes et femmes de toutes nations, de toutes cultures, langues et civilisations. Avez-vous à l’esprit le dernier mot de l’Evangile du Jour (Luc 6, 39) ?

C’est, «  le Cœur de l’homme est malade » disait le prophète Jérémie. Le Cœur selon les Ecritures est le siège mystérieux de la vie et des ramifications de nos sentiments, affections et désirs et même de nos contradictions.

Et St Paul dira que l’Esprit Saint a été répandu dans nos cœurs (Rm 5, 5)

Alors quels messages pour notre vie et notre cœur dans ces 4 paraboles ?

  1. petits conseils évangéliques

4 exhortations simples, pour toutes et tous.

 

-Par la parabole des deux aveugles qui se guident, Jésus nous dit : « Soyons réalistes » Jésus reproche à ses disciples leur prétention à se faire des éclaireurs alors qu’ils sont dans les ténèbres de l’ignorance des réalités divines, des choses célestes et mystiques.

-Par la parabole du Disciple et du Maître, Jésus nous conseille l’humilité. « Le disciple n’est pas au-dessus du Maître ».

L’orgueil c’est le pêché principal qui nous empêche de nous mettre à l’écoute de Jésus et qui parfois empêche certains de croire en Dieu. Il le critique et déclare qu’il n’a rien créé, qu’il n’existe pas : « Quiconque s’abaissera sera élevé. » Mt 23, 12

-Par la parabole de la Poutre et de la Paille, Jésus nous délivre ce message : Soyons sincères et vrais.

Celui qui dénonce chez les autres les défauts qu’il ne corrige pas en lui-même est un « esprit faux » dit Jésus. Or le psaume dit : « Pas de ruse en Dieu, mon Rocher » Ps 31

-Enfin par la parabole des deux arbres le message de Jésus est : Soyons authentiques.

Ayons bon cœur et portons au monde les bons fruits de l’Esprit Saint :

« Amour, joie, paix, patience, Bonté, Bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22)

 

Cette maîtrise de soi passe par la maîtrise de ce que l’on dit : « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du Cœur ». (Lc 6, 45)

Cela me fait penser à un texte célèbre de St Antoine dans Les apophtegmes des Pères du Désert :

Des frères vinrent de Scété chez l’abbé Antoine. Montant dans le bateau pour s’y rendre, ils trouvèrent un ancien qui voulait s’y rendre aussi. Or les frères ne le connaissaient pas. Assis dans le bateau, ils s’entretenaient successivement des paroles des Pères, de l’Ecriture de leurs travaux manuels. Quant à l’ancien, il gardait le silence. Arrivés au port, il se trouva que l’ancien, lui aussi, allait chez l’abbé Antoine. Lorsqu’ils parvinrent chez lui, Antoine leur dit : « Vous avez trouvé en cet ancien un bien bon compagnon de route. » Et il dit à l’ancien : « Tu as trouvé avec toi de bien bons frères, abbé. » L’ancien dit : « Sans doute, ils sont bons, mais leur demeure n’a pas de porte, et quiconque peut à son gré entrer dans l’étable et délier l’âne. » Il disait cela parce que les frères disaient tout ce qui leur venait à la bouche. (Saint Antoine, 19)

Heureux les Cœurs purs ! Ils verront Dieu. Alléluia ! Hosanna !

 

Père Jean-Parfait CAKPO


 


 

 

Homélie du VIII dimanche du Temps ordinaire (3 Mars 2019).
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