Homélie du IV Dimanche de Carême (31 mars 2019).
10 avr. 201931 MARS 2019 : IVème de carême C
Jos5,10-12/Ps33/1Co5,17-21/Lc15,1-3.11-32.
La réconciliation est un chemin de résurrection.
Frères et sœurs en Christ
Bien aimés fils et filles de Dieu.
Nous entrons dans la quatrième semaine de préparation aux fêtes de Pâques. Et il est tout à fait exact d’affirmer au regard des textes sacrés que c’est le dimanche des familles et de leur histoire, c’est également le dimanche de la fraternité, la semaine de la joie du pardon reçu et donné ; de la fête des réconciliations avec Dieu et avec nos frères et sœurs. Nous accueillons et méditons l’une des pages les plus émouvantes et les plus passionnantes de l’Évangile selon saint Luc. L’écrivain célèbre Dante avait raison de surnommer saint Luc « le scribe de la mansuétude de Dieu. » c’est-à-dire de son amour matriciel de sa tendresse sans borne, de sa miséricorde qui ne juge pas : « ni le fils aîné, ni le fils prodigue revenu. »
Frères et sœurs bien aimés, ce que nous révèle avant tout cette parabole de Jésus, c’est que nos familles et les relations fraternelles ne pas du tout un long fleuve tranquille. On ne choisit pas ses frères et sœurs ni ses parents. Ils nous sont donnés. Et le don n’est pas un cadeau tous les jours. Ce qui est primordial, c’est l’amour. Le Père de la parabole aime ses deux fils. Tout avait bien commencé au retour du frère cadet. Pourquoi Jésus raconte-t-il cette histoire ? Saint Luc en donne la réponse, dès les premières phrases de cet évangile. « Les pharisiens et les scribes récriminaient contre Jésus : récriminer, c’est-à-dire, élever des protestations ; bouder, pester, raller, regimber, critiquer, tempêter, s’indigner ouvertement. Parce que Jésus faisait bon accueil aux pécheurs et aux publicains. C’est alors que Jésus leur raconte la merveilleuse histoire du Père aux deux fils.
La première bonne nouvelle de cette parabole, c’est que ce Père est AMOUR ET AMOUREUX. Saint Jean déclare qu’il faut aimer non pas avec des discours, mais par des actes et en vérité ? Le Père dans cette parabole a posé des gestes et accompli des actes. Il nous confirme ainsi son amour indéfectible pour ses enfants.
Je vous propose de contempler les douze gestes les plus forts du Père des deux fils dans cette parabole.
Le premier geste de ce père est dans sa grande générosité. Il partage gratuitement son héritage aux deux enfants. En effet, « Aimer, c’est tout donner.» disait sainte Thérèse de Lisieux.
Le deuxième bel acte d’amour, c’est qu’au retour du fils cadet, dès que le père « l’aperçut au loin, il fut remué de compassion. » « Si quelqu’un possède les biens de ce monde qu’il voit son prochain dans le besoin sans avoir de la compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en Lui ? » (1Jn3, 17) Au troisième geste : « Il court vers lui » L’amour fait toujours le premier pas. Le saint curé d’Ars ira jusqu’à écrire, à juste titre : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu lui pour demander pardon, mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. » Le quatrième geste : « Il se jette à son cou et le couvre de baisers. » L’amour est tendresse et pitié.( ps33) Plus encore, Il fait la sourde oreille aux paroles d’excuses que formule le fils cadet. C’est son cinquième signe de bonté. Comme dit le psaume 103 :« Il ne nous traite pas selon nos péchés il ne nous rend pas selon nos offenses. » ( verset 10)
Au sixième geste, le père ordonne de l’habiller de neuf et de lui redonner sa dignité dans l’alliance familiale ; « bague au doigt, sandales aux pieds. » Quelle préoccupation jusqu’au détail ! Vient le septième geste : Il organise le banquet : « Mangeons et festoyons ! » Il fait tuer le veau gras. Décidément : « Quand on aime, on ne compte pas. »comme dit le dicton. Le neuvième acte de cette belle histoire, c’est lorsque le père explique le sens de cette fête : « Mon fils était mort il est revenu à la vie. L’amour nous fait revivre. En poursuivant ce déploiement de miséricorde : « Il sort pour supplier le frère aîné, en colère et qui refuse de participer à la joie familiale. Oh quelle humilité ! La parole qu’il joint au onzième geste, c’est une véritable déclaration d’amour au fils aîné : « Tout ce qui est à moi, est à toi. Mon enfant… »Tout cela va connaître un point d’orgue au douzième geste : Le Père rectifie une parole haineuse du fils aîné, lorsque ce dernier déclare : « ton fils que voilà… » Mais le Père lui dit : « Ton frère qui est là… »
Frères et sœurs ; chrétiens et chrétiennes, cette parabole de Jésus nous invite à la réconciliation. C’est l’invitation pressante de Saint Paul, dans la deuxième lecture du Jour. « Nous sommes les ambassadeurs du Christ et par nous, c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (1Co5, 17) Nous avons tous besoin de faire le pas des réconciliations, en couple, en famille, en Eglise en fratrie, en République afin de quitter le monde ancien pour ressusciter avec le Christ. La réconciliation est un véritable chemin de Résurrection. Hosanna!
Père Jean Parfait CAKPO