« JOIE À TOI, COMBLÉE-DE-GRÂCE » Luc 1,28.

 

           Dans un poème anonyme du XIVème siècle, l’auteur écrivait ces mots :

« En mai, au doux temps nouveau,

   quand reverdissent les prés,

   j’ouïs sous un arbrisseau chanter le rossignolet. »

Avec ce dernier, c’est évidemment toute la nature qui chante le retour du  printemps par le sourire des fleurs ; des plus humbles aux plus éclatantes de couleurs sous les rayons de l’astre lumineux du haut des cieux. Comme si, au printemps, la nature se mettait à psalmodier : « Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. » (Psaume 29,12)

« Mais quelle joie ? » pourrait-on se demander. La joie prophétique que nous retrouvons dans l’oracle de Jérémie, lorsqu’il écrit : « La jeune fille se réjouit, elle danse ; jeunes gens, vieilles gens, tous ensemble ! » (Jr31, 13) Cette allégresse qui traverse et rassemble les générations trouve son écho et son illustration dans la rencontre de la Sainte Vierge Marie avec sa cousine Élisabeth, certes plus âgée qu’elle mais très proche d’elle, parce qu’elles portent, toutes les deux, l’immense joie d’être mère. (Luc1,39-55)

« Joie à toi, pleine de grâce ! » Telle est l’exclamation que nous proposons en ce mois de mai, mois de Marie, la Sainte Vierge, Notre Dame de toutes les Nations. Cette traduction de la salutation de l’archange Gabriel à Marie, diffère selon les éditions et versions bibliques. La Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) la rend ainsi : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu. » (Lc1, 28) alors que Chouraqui traduit au plus près de la tradition juive : « Shalôm, toi qui a reçu la paix. » Mais le texte grec emploie le mot « Kaïré », kharis,  kharisma, apparenté à « khara » qui signifie Joie, talent, charisme. Alors  qu’en latin « gratia » a été traduit en français par « grâce. » Dieu est grâce et il fait grâce. Il accorde inépuisablement ses dons à toutes ses créatures. La source hébraïque du mot « gratia, » c’est le mot

« hén » qui suggère l’idée de se pencher favorablement vers quelqu’un pour le secourir, le consoler, le guérir, se donner.

Relire donc ce cri de l’Archange Gabriel pour méditer ce verset de Saint Luc, et l’appliquer aux multiples contextes évoqués plus haut, nous permet d’ouvrir un champ immense d’exhortations.

 

Sur le plan ecclésial : Les baptisés sont fils et filles de Dieu assumés en Jésus, le Fils unique du Père. Par conséquent, tous sont frères et sœurs de Jésus, (He2,11) fils et filles de Marie, la Sainte Vierge, sa Mère et notre Mère. Par elle, nous recevons les grâces dont elle est le réceptacle par l’Esprit Saint. Nous pouvons donc avec elle, rendre grâce pour avoir reçu tant de grâces. Telle est l’attitude de l’Église dans sa piété mariale.

 

Sur le plan spirituel et social. Il est éclairant de se rappeler que le mot grec « kharisma » est une belle invitation pour chacune et chacun de nous à rechercher, à reconnaître et à développer les multiples talents et dons qu’il a reçus de Dieu. Non pas en vue de lui-même mais pour le Bien de la société, le Bien de la communauté : Amour et vérité. Justice et paix. Solidarité et créativité. Joie et foi. Espérance et bienveillance. Partage et respect .Engagement et responsabilité, sagesse et détermination.

(Rm1, 11)/11,29/12,6/ 1Co1,7/7,7/Ep4,7/1P4,10) En tant que « servante du Seigneur »,(Luc1,38) la Sainte Vierge est pour nous tous un modèle lumineux, à la suite de son Fils, Notre Seigneur Jésus Christ, le Serviteur et le Pasteur. Car Il est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. (Lc22, 27)

 

Sur le plan prophétique et mystique.

La dimension prophétique est toujours un appel à progresser, à quitter ses habitudes pour accueillir la beauté ou la nouveauté de la Bonne Nouvelle. Ainsi en est-il du régime de la grâce. Par Moïse nous est venue la Loi comme l’affirme saint Jean dans son évangile. (Jn1, 17) Mais par Jésus nous avons reçu grâces sur grâces. En quoi est-ce prophétique et mystique ?

Elle l’est parce que cette révélation inaugure une nouvelle vision de notre relation à Dieu et à la prédominance de la Loi. Celle-ci récompense ou punit au regard des mérites. Mais sous l’avènement de la Grâce, les hommes et femmes reçoivent tout gratuitement de la part du Seigneur Dieu, Père des miséricordes qui donne et pardonne. La grâce libère en tout être, le meilleur, en vue de l’avenir, là où la loi peut enfermer dans le régime périmé de la lettre. (Lire saint Paul aux Romains ; chapitre 7,1-12) 

Elle est donc appelée Comblée-de-grâce telle une source et un miroir des trésors spirituels dont nous sommes appelés à devenir les destinataires. Quels trésors ? Ceux que lui a conféré l’Esprit Saint qui l’a prise sous son ombre. (Luc1, 35)Ceux que chante la belle litanie :

 

           
 
 
     
      Zone de
                Texte: Père Jean-Parfait CAKPO
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Edito du mois de Mai.
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