« … QUI NOUS FERA VOIR LE BONHEUR ? »

                                                                           Psaume 4,7

 

 

Telle une immense bibliothèque dont les trésors de manuscrits révèlent aux visiteurs et lecteurs la splendeur de leurs contenus, la profondeur de leur sagesse, l’actualité de leurs visions, la Sainte Bible ouvre devant celles et ceux qui la visitent un véritable chemin étonnamment merveilleux, mystérieusement captivant et enrichissant. Elle aborde des questions essentielles et existentielles. Celle qui fait l’objet de notre réflexion et méditation en ce mois, s’intitule : « Qui nous fera voir le bonheur ? » Question tirée du Psautier, au verset sept du quatrième psaume.                  

 

 

LE VERSET EN SON CONTEXTE.

La citation complète du verset se traduit comme suit : « Ils sont nombreux à dire : « Qui nous fera voir le bonheur ? –Fais lever sur nous la lumière de ta face, Seigneur !- » (TOB) Il est important de préciser que ce psaume n’appartient pas au rouleau attribué à David, le Roi poète et musicien, compositeur  et rassembleur. D’autres psaumes sont anonymes et d’autres encore ont pour auteur, le chef de chorale sous le règne de David appelé Assaf. C’est à ce dernier qu’est attribué ce psaume 4. Le contexte de surgissement de cette question initiale est morose. Le cri de celui qui prie dans ce psaume s’adresse à Dieu pour que, Celui-ci défende sa cause, face aux attaques malveillantes. Il déclare juste au verset 3 : « Vous autres, jusqu’à quand salirez-vous mon honneur, vous qui aimez accuser pour rien et qui cherchez à me calomnier ? » Mais contrairement à ce qu’on pourrait anticiper, le croyant du psaume ne se décourage nullement. Au contraire, il affiche une immense confiance dans le Seigneur dont il célèbre la fidélité : « Apprenez que le Seigneur écoute quand je l’appelle au secours. » (verset 4) Surtout dans ces circonstances où beaucoup se demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »

                       LE VERSET ET SON THÈME.

Le désir naturel de bonheur qui traverse tous les cœurs des hommes et femmes de toutes générations et civilisations, est d’origine divine. (Cf. CEC §1718) Il n’est pas anodin de faire remarquer que la formulation du verset biblique confirme, s’il en était encore besoin, que le bonheur pose question : « Qui nous fera voir … ? » se demande l’auteur.

Par ailleurs, le verset laisse entendre en creux que le bonheur est une recherche. Elle révèle une soif humaine, elle relève d’une quête vitale qui entraîne une requête : « Qui nous fera voir ? » Le thème du bonheur traverse les deux Testaments dans la Sainte Bible. Les références sont nombreuses. Elles sont contenues, pour le Premier Testament, dans les Livres de Qohéleth, des Proverbes, de la Sagesse, des Psaumes du Deutéronome. Quant au Second Testament, il nous instruit largement dans  les enseignements lumineux de Jésus, Maître de Désir, Chemin de bonheur.

                     LE BONHEUR AUX SEPT DIMENSIONS.

La mystique du bonheur que nous propose la Bible peut se déployer comme un septénaire. Sept correspond bien aux sept jours de la semaine. (Gn2, 2-4) Il représente aussi la totalité de l’élévation spirituelle. Car Sept, c’est l’addition des trois vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité avec les quatre vertus cardinales : prudence et tempérance, justice et force. Dans la Bible, le nombre sept est fréquemment employé. (1Rois 6,38/II Rois 4,35/Proverbes 24,16/ Gn2, 2/ Ex12, 15/Ap12,6/Za3,9) Enfin, sept représente un nombre clé surtout dans l’Évangile selon Saint Jean. Il se réfère au Christ Jésus dont la vie est la plénitude des temps et l’accomplissement du Plan de bonheur de Dieu. Et ce, pour chacun et chacune selon leur  mission sur terre à la Lumière de Jésus sur qui repose l’Esprit aux sept Dons. (Luc4, 16-22)

 

    Première : LE BONHEUR AU CONFORT DES BIENS TERRESTRES

Nous retrouvons cette première dimension du bonheur chez les patriarches comme Abram dont les richesses étaient dites considérables (Gn13,6).Avec Jacob avec ses boucs, ses brebis, béliers, chamelles laitières vaches et taureaux…( Gn32,30) Cet aspect du bonheur est lié à la jouissance des richesses et ressources à disposition. Il  est célébré dans le livre de Qohéleth où il est écrit : « Ce que moi, je reconnais comme bien le voici : il convient de manger et de boire de goûter le bonheur dans le travail que l’homme fait… » (Qo5, 17)

 

 
   
  

  

 

                   Deuxième : LE BONHEUR SUR LE CHEMIN COMMUNAUTAIRE.

La spiritualité biblique récuse l’idée d’être heureux tout seul et d’en profiter égoïstement. Le Psaume 128 place la source du bonheur dans la relation avec Dieu, avec sa famille, sa ville, son pays, sa communauté. Cf. Pv17, 17 Du reste, la question « qui nous fera voir le bonheur ? » laisse entendre que le bonheur est situé dans l’autre. Qui ? nous fera voir ?

 

       Troisième : LE BONHEUR, FRUIT D’UN CHOIX.

« Vois, je mets aujourd’hui devant toi, la vie et le bonheur, la mort et le malheur… Choisis la vie. ! » déclare le Seigneur Dieu » (Dt30, 15-20) La liberté de choix est ici la base du bonheur que la personne veut construire. Désir et volonté, liberté et responsabilité s’entremêlent pour une appropriation du bon choix. : Entrer dans le projet divin.

 

       Quatrième : LE BONHEUR DES JUSTES.

Cette dimension du bonheur dépend d’une foi indéfectible en Dieu et d’une charité active pour le prochain. Les justes sont comblés en faisant le bien, par la solidarité. Saint Paul écrit, à ce propos, de la part du Seigneur qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. (Ac20, 35) Mais, c’est surtout dans la parabole du Royaume des Cieux que l’on découvre ce bonheur des justes auxquels Jésus rend hommage : « J’avais faim, vous m’avez nourri, j’étais malade, nu, étranger ou en prison, vous m’avez visité… » Et les justes entreront dans le bonheur éternel, l’intimité de l’Eternité divine. (Mat25, 31-45) Le bonheur des justes, c’est aussi dans la joie de se savoir aimé. (Rm6, 6) Le bonheur des âmes justes, est en Dieu. (Ps62)

 

       Cinquième : LE BONHEUR DE L’AMOUR CONJUGAL.

Les Écritures Saintes en célébrant la Sagesse s’accordent à affirmer ce que dit l’auteur des Proverbes : « Qui a trouvé une femme a trouvé le bonheur. » (Prv18, 22) Cet éloge de la femme  s’élève en Si 26,1-10. Comment ne pas citer ici le Cantique des Cantiques, intarissable de métaphores nourries sur les bienfaits de l’alliance conjugale. Celle-ci est revêtue de beauté céleste et de forces paradisiaques. (Ctq4, 1-5,1) La participation béatifiante de Jésus aux Noces de Cana où il a transformé l’eau en vin nouveau achève de nous  persuader de l’importance de ce bonheur. Puisque « mâle et femelle, Dieu les créa. » (Gn1, 27)

 

        Sixième :   LE BONHEUR PARADOXAL.

Portée par l’idée de la sobriété, de la frugalité, cette idée de bonheur développe  la spiritualité du manque et le refus du trop-plein. Saint Paul en est le chantre quand il écrit : « Je sais vivre de peu… » (Ph4, 12) C’est aussi une clé de lecture des belles paroles de Jésus dans les Béatitudes. « Heureux, les pauvres de cœurs, Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice. »  (Lc6, 20) Jésus réitère cette exhortation plus tard en ces termes : « Gardez-vous de toute avidité, car la vie d’un homme, fût-il, dans l’abondance, ne dépend pas de ses biens. » (Luc12, 15)

 

                      Septième : LE BOHNEUR, SOURCE DES BOHNEURS.

Ce bonheur provient de la Sagesse créatrice et artisane de tous les biens terrestres et célestes « Et si la richesse est un bien désirable dans la vie, quoi de plus riche que la Sagesse ? » « Car il y a, en elle, un esprit intelligent, saint unique, multiple, subtil, mobile, distinct, sans tache, clair, inaltérable, aimant le bien, diligent, indépendant, bienfaisant, ami de l’homme,…Elle renouvelle l’univers ». (Sg7, 22-27/ Pr8, 11

 

Au bord des saisons de l’envie la voix me vint

Avez-vous croisé l’Ange de tous les bonheurs ?

Il emporte dans sa danse la Sagesse.

Accrochée à sa belle anse en finesse.

De tous les indignés une grande clameur

Tempête à perdre la tête dans le décor

Quand la joie se détourne du chemin qu’il tient

L’Ange se retourne et me dit : cherche encore !

Père Jean-Parfait CAKPO.

Edito du mois de juillet.
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