Homélie du 30 juin 2019.
04 août 2019
Is66,10-14c/Ps65/Ga6,14-18/Luc10,1-12.17-20.
Des Douze à soixante et douze
La moisson est abondante
De Douze à soixante et douze
La joie est surabondante.
Frères et sœurs du Christ,
Bien aimés fils et filles de Dieu.
Un seul mot suffit en ce dimanche. Un mot-phare, un mot vertu qui est « le critère même de la vie. » (ZUNDEL) Un mot faste qui est au cœur de la mystique chrétienne et de la spiritualité de l’Église. Un mot-clé pour interpréter les textes sacrés aujourd’hui. Ce mot, c’est la joie. Ce dimanche est donc placé sous le signe de la joie et de ses ramifications. Comme une clé dont l’utilité est d’ouvrir dans l’autre sens ce qu’elle avait fermé auparavant, la joie est une clé. Elle ouvre et ferme la liturgie de la Parole de ce jour. Avez-vous remarqué ceci? Le tout premier mot du premier verset de la première lecture de cette messe est sans ambiguïté : «Réjouissez-vous avec Jérusalem ! » déclare le prophète Isaïe. Mieux encore : « Exultez… Soyez pleins d’allégresse. » Après avoir ouvert avec cette clé, si vous traversez jusqu’à l’autre bout du jardin de la Parole de Dieu, c’est encore par la même clé de la Joie que se ferme la belle porte des paroles de Jésus. Car il dit aux disciples : « Réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » La joie atteint sa maturité d’expression dans le psaume 65 : « Acclamez Dieu. (L’avez-vous déjà fait ce matin ?) « Fêtez la gloire de son nom. » « Glorifiez-le ! » (Nous avons déjà chanté le Gloria mais pas tous.) Frères et sœurs du Christ, ne l’oublions pas. La Joie est le deuxième fruit de l’Esprit Saint. (Ga5, 22) La joie est le moteur de la vie. Sans elle une faille réside et résiste dans nos cœurs. Une faille qui pousse à la faillite.
C’est la raison pour laquelle Jésus le redit dans son testament spirituel. En effet, quelques heures avant sa terrible agonie et sa mort ignominieuse, Jésus déclare. « Je vous ai dit ces paroles, pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » (Jn15, 11) Vous venez d’entendre que Jésus avait choisi et envoyé soixante et douze disciples dans les villes et localités. Que devraient–ils y faire ? Leur mission principale consiste à annoncer les œuvres de salut accomplies par Jésus. Ces œuvres de Dieu que les prophètes avaient annoncées. En un mot proclamer l’Évangile. Vous savez bien que le mot évangile veut dire BONNE NOUVELLE. Comment peut-on annoncer une bonne nouvelle, le visage fermé, en ayant un abord froid, glacial, un air triste ? « Il est donc certain que le témoignage que nous avons à rendre, le seul qui vaille, le seul qui soit le signe infaillible de la Présence de l’Éternel Amour, c’est la Joie. » (ZUNDEL)
Mais il y a des obstacles à la joie. La mystique de l’Église catholique en cite quelques-uns : L’indifférence à la charité divine. La paresse spirituelle. La tiédeur de l’âme. L’ingratitude qui oublie les merveilles de Dieu. Vous comprenez aisément que, c’est pour éviter ces pièges que le psalmiste nous dit : « Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu. Je vous dirai ce qu’il a fait pour moi. De là, cette joie. » L’ingratitude peut détruire la joie dans une famille ou une communauté. J’ai dit aux jeunes qui ont fait leur communion et leur profession de foi cette année de trouver un moment personnel pour exprimer leur gratitude à leurs parents, grands-parents, parrains ou marraines. Si la joie est un fruit de l’arbre de vie (On dit d’ailleurs la joie de vivre) il faut dire que l’arbre de cette joie plonge ses racines dans la paix. : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve. » Jésus lui-même insiste dans les consignes aux 72 : « Dans toute maison où entrerez-vous, dites d’abord : « Paix à cette maison » Mais la vraie question est celle-ci : « Où sont les racines de la PAIX ? De quoi dépend-elle ? Selon les textes du jour, la Paix provient de deux sources importantes :
La première source c’est l’amour de Dieu. Laetitia Amoris. (Pape François François) « Heureux les amoureux de la paix, on les appellera fils et filles de Dieu. » (Mt5, 9) Sommes-nous convaincus que Dieu nous aime sans condition ? Mais la Joie de l’éprouver réellement en nous est une source intarissable de joie. Saint Augustin désigne cela par un mot : « La dilection. » c’est-à-dire l’amour et la tendresse. « L’achèvement de toutes nos œuvres, c’est la dilection ». Il suffit de lire la promesse d’Isaïe dans la première lecture du jour pour s’en rendre compte. Quelle tendresse ! Écoutez encore L’oracle d’Isaïe « Vous serez nourris de son lait. Rassasiés de ses consolations. Vous serez choyés sur ses genoux. Portés sur sa hanche. Vous goûterez aux délices de sa gloire… Comme une mère console ses petits, moi-même je vous consolerai. » Quelle abondante moisson ? Quelle surabondance de grâce. Bref, pour trouver la paix et la joie, il faut se laisser aimer par Dieu et par celles et ceux qu’il nous envoie. Pour cela, il faut le prier constamment d’ouvrir le cœur des hommes et femmes de toutes Nations.
Enfin la deuxième source de notre joie, est de réaliser ce qui est important dans notre vie. Saint Paul écrit dans la deuxième lecture que ce qui compte c’est d’être en Jésus une création nouvelle.
Ce qui compte, c’est de rayonner la Bonne Nouvelle. Ce qui compte, c’est de manger à la Table de l’alliance Nouvelle et Éternelle. Ce qui compte, c’est de rendre la planète saine et belle. Ce qui compte, c’est d’être des serviteurs fidèles.
Ce qui compte, c’est d’être pour la foi, sentinelle. Ce compte, c’est de créer une espérance nouvelle. Ce qui compte, c’est de surmonter nos vaines querelles.
Ce qui compte, c’est de recevoir cet amour matriciel. Jusques à quand allez-vous continuer à compter tout ce qui ne compte pas ?
Père Jean Parfait CAKPO