POUR TOI, VA TROUVER MES FRÈRES ET DIS-LEUR… »

                                                                                     Jean 20, 17.  

                           

C’était à l’heure où les premières lueurs du jour naissant ne peuvent encore crier clairement leur victoire sur les ténèbres de la nuit. C’était à l’heure où l’obscurité est encore en travail d’enfantement d’un nouveau jour. « Le premier jour de la semaine, » comme l’écrit saint Jean (20,1) ; autrement dit, le jour qui suit le «schabbat », le jour qui succède au repos prescrit par le Seigneur Dieu. (Levitique23, 39) Mais le repos ici, c’est celui de Jésus, entré dans la nuit de la Passion, dans les ténèbres  de la Mort et l’obscurité du tombeau. Marie de Magdala se rend au tombeau. (Jn20, 1) Il était vide. Mais quand le vide s’était rempli de la présence des apôtres alertés « Pierre et l’autre disciple » (Jn20, 6), Jésus le Ressuscité était apparu à Marie en lui disant : « Ne me retiens pas ! Car je ne suis pas encore  monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. » (Jn20, 17)

Voilà le contexte à la fois scripturaire et spatiotemporel de la parole de Jésus que nous vous proposons dans ce bulletin de la rentrée pastorale et académique.

 

 

             LE VERSET EN SON CONTENU.

Il est primordial de faire remarquer que cette parole de Jésus est au cœur d’un dialogue entre lui et Marie de Magdala lors de sa première apparition après la Résurrection. Il s’agit d’un envoi en mission. (Va trouver…) L’ordre de mission n’est pas collectif, car il est écrit : « Pour toi… » Il est né d’une rencontre avec Jésus, le Ressuscité. Un visage, une parole, un espace, un échange, un lieu et un milieu, un mot, un lien, une histoire, une présence, une vie en somme. Telles sont les lumières qui éclairent la route de la mission. L’Église est née de la Mission et doit rester activement, effectivement missionnaire pour être fidèle  à ses racines et « porter beaucoup de fruit. » (Jn15, 8)) Mais c’est à chacune et à chacun de nous que Jésus adresse cet envoi : « Va trouver mes frères… » « La mission est comprise comme une proposition de foi que Dieu fait à l’homme. » (Pape François)

« VA TROUVER… » Remarquons que la mission que Jésus nous confie, exige un déplacement vers les autres. Ce qui demande un dépassement de soi, de ses préjugés et post-jugés hâtifs, de l’enfermement dans nos seules opinions.

« VA TROUVER… » Cela signifie également que Jésus se dévoile comme « Le Chemin, La Vérité et la Vie. » (Jn14, 6) Pour être en alliance avec Jésus, nous devons alors accepter d’emprunter des chemins nouveaux, d’accueillir de nouveaux visages, de quitter le confort trompeur  qui consiste à aller de même au pareil. C’est ainsi que nous pourrons réaliser  la beauté de cette proposition :

« VA TROUVER… » Cela fait écho à la conclusion de l’Évangile selon saint Matthieu : « Allez de toutes les Nations faites des disciples. » (Mt28, 19) Enfin, il est lumineux de se rappeler que cette parole de Jésus est dite, selon l’évangile, au tombeau. Sur le lieu même où les bourreaux de Jésus avait cru que tout était fini, que l’histoire du Nazaréen était clôturée, que le néant allait succéder à sa Passion et à sa Mort.        Au contraire, c’est justement sur ce lieu-là que surgit cette belle espérance : « Va… » Il n’y a pas de Mission sans Passion. Quand tout semble finir, Dieu commence et nous demande de recommencer par ce « Va trouver mes frères et sœurs  et dis-leur que je monte vers le Père…. »

 

 
   
 

    VERS LE PÈRE ET VERS NOS FRÈRES ET SŒURS.

Deux mouvements se croisent dans ce verset et nous éclairent admirablement. Lorsque Jésus déclare à Marie de Magdala qu’elle doit aller trouver ses frères, Il lui révèle, en même temps, qu’il doit, Lui, monter vers le Père. Monter vers le Père et aller vers les frères et sœurs restent inextricablement liés comme les deux bois de la Croix : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. En effet celui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1Jn4, 20) Jésus monte pour que nous allions les uns vers les autres. Divinité et humanité, temporalité et Éternité se mêlent et s’entremêlent sans fusion ni confusion mais dans une cohérence prophétique pour mieux vivre la fraternité.

 

AUX SOURCES DE LA FRATERNITÉ : SEPT COLONNES

Il n’est pas anodin de relever le mot frère dans la mission confiée à Marie. De serviteurs, les Apôtres sont appelés amis, (Jn15, 15) puis frères. Nous sommes invités à faire de la fraternité un chemin pour la Mission. « Vous êtes tous frères … » déclare Jésus. (Mt23, 8-9) Il est le premier-né d’une multitude de frères et sœurs que Dieu le Père a consacrés dans l’Esprit Saint. (Rm8, 29-30) Pour que dure et perdure la fraternité, il y a :

La reconnaissance d’une même matrice d’engendrement : Dieu le Père pour les croyants et incroyants. Une instance symbolique de rassemblement d’hommes et de femmes en communauté pour une communion.(République,Associations,organisations,club,communautés)

L’Alliance : Il s’agit d’un pacte d’amitié, de bienveillance, de compréhension et d’amour entre les personnes qui s’acceptent pour bâtir la fraternité.

La réconciliation: On ne peut pas vivre la fraternité sans le pardon mutuel. « Combien de fois devrai-je pardonner à mon frère ? Jusqu’à sept fois ? Je ne te dis pas jusqu’à sept fois mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » (Mt18, 22)

La compassion : Elle est la noblesse de notre condition humaine, la preuve éminente de notre dignité de fils et filles de Dieu, la signature sans rature de notre ressemblance à Dieu : « Si quelqu’un voit son frère dans le besoin sans avoir de la compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (1Jn3, 17)

La Foi : Elle est le socle de la fraternité puisqu’elle instaure la nouvelle naissance inaugurée par Christ : « À ceux qui l’ont reçu, à ceux qui ont foi en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » (Jn1, 12/Jq1, 18) Si l’on ne croit pas en la fraternité, on ne peut pas la vivre.

L’amour : De même que « l’amour est digne de foi » selon les mots de Hans Urs Von Balthasar, de même aussi, la fraternité est digne d’amour et de foi. (1P2, 17)

       La Paix : « Amour et vérité se rencontrent Justice et paix s’embrassent. »(Ps 84,11) C’est dans la recherche mutuelle de la Paix dont la racine est dans la justesse et la justice que s’épanouit la fraternité.

 

Aux versets du Beau Manuscrit de l’Alliance

La Vie écrit ses belles pages de Passions.

Elle décrit le Glorieux Chemin des Missions

Elle fiance la Patience à la Confiance.

 

Au verso de la peur de l’Autre et des autres

Le Doute rejette le mot des Apôtres.

Il préfère celui de tous les Cassandre

Il réitère leurs maux et leurs méandres.

 

 

Aux versants de toutes responsabilités

La Sagesse s’adresse à nos communautés

Elle relit les variations de partitions

Elle relie les Nations et leurs vocations.

 

Les versets du recto verso des opinions

Murmurent aux cœurs leurs rumeurs et leurs séductions.

Les versants des versets de la Fraternité

Murmurent en Chœur leur musique d’Éternité

Père Jean-Parfait CAKPO.

 

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