LUI, DANS SON CORPS,

                                              HABITE TOUTE LA PLÉNITUDE DE LA DIVINITÉ.»     

                                                                                                                                                    Col 2,9

 

Les grandes fêtes et belles solennités qui courent de la Toussaint à l’Epiphanie en traversant ainsi la fin de l’année 2019 brillent  partout comme une immense couronne d’étoiles et une apothéose de lumières. Il n’est pas inutile de rappeler dans le brouillard des doutes et dans le ciel de notre monde actuel traversé par les ténèbres et les espérances de toutes sortes: violences, contestations des injustices, manifestations pour la paix et l’écologie, revendications pour le  respect et la liberté, la dignité et la solidarité. Pourtant, plus que tous les autres astres, brille la Lumière de Bethléem, l’étoile de Noël, la splendeur de la Nativité du Seigneur Jésus. Une affirmation vient nous  éclairer sur son chemin : « En Lui, dans son propre corps, habite la plénitude de la divinité.» comme l’écrivait l’Apôtre Saint Paul dans son Épître aux Colossiens. La Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) est plus calquée sur la structure latine en traduisant ainsi ce verset : « Car en lui habite toute la plénitude de la divinité, corporellement. » Quant à Chouraqui, il garde le concept de « plénitude » en y ajoutant celui de la « Deité » plutôt que divinité.

 

                        LE VERSET EN SON CHAPITRE.

Il est historiquement admis que l’Épître aux Colossiens fait partie des écrits de captivité de Saint Paul (61 à 62) à l’adresse d’une communauté qu’il n’a pas fondée directement  mais dont la responsabilité incombait à Épaphras, son disciple. Certains exégètes nuancent pourtant en faisant remarquer que l’esprit et le message des textes rappellent certes l’Apôtre des nations mais la date serait l’an 80.Ce qui ferait pencher plutôt pour l’œuvre d’un disciple fidèle à son mentor. Quelle que soit la plume de ces lignes, ce verset contient un message primordial pour tous les hommes et femmes qui méditent le mystère fondateur de la venue de Jésus sur cette Terre. Ce message est simple et clair: Nous sommes pleinement comblés, totalement sauvés en Jésus  Christ venu dans la chair. Qu’est-ce à dire ?

LUMIÈRES ET ACTUALITÉ DE CE VERSET.

Il n’est pas du tout rare d’entendre des baptisés affirmer qu’ils croient bien sûr en Dieu, le Créateur de toutes choses, mais qu’ils ont du mal à croire que Jésus, le charpentier, le Nazaréen est Fils de Dieu et Dieu lui-même, à l’égal du Père. (Ph2, 6-7) Or ce que dit ce verset de manière lumineuse est absolument renversant au plan intellectuel et spirituel, réjouissant au plan culturel, revigorant au plan anthropologique et moderne. Et c’est ceci : le petit enfant de Bethléem, Jésus, dont nous fêtons la Nativité à Noël, est l’image corporelle de Dieu.

 

Trois concepts apparemment antinomiques le signifient dans ce verset que nous méditons : « Corps/Divinité/Plénitude.» Comment le corps, limité de nature, peut-il contenir la divinité, dans sa plénitude ? Il est utile de lever des malentendus sémantiques. Le mot qui est traduit en français par « Plénitude », c’est le mot grec « Plérôma.» Il signifie selon les contextes, ce qui vient remplir un contenant, ce qui donne à une réalité incomplète ou inachevée, sa dimension pleine et son accomplissement. Le plérôme c’est, également, ce qui exprime la surabondance, la totalité, le comblement, l’aspect plénier d’une réalité. Ainsi, nous pouvons comprendre ce que dit ce verset à propos de Jésus comme suit : Celui  qui a reçu le « plérôme » de la  divinité, c’est le Christ Jésus. Et ce, en son Corps. Disons-le autrement: Jésus assume totalement le monde divin auquel il appartient en tant que Fils de Dieu : Il est ressuscité, glorifié. Plus encore, Il rassemble dans sa personne l’humanité dont il partage la condition par sa venue dans notre chair. Le Christ assume l’univers entier, le cosmos plénier dont il est le principe organisateur, comme « Logos » au commencement

 

de toutes choses. (Jn1, 1)   De cette révélation, nous  tenons une belle lumière pour éclairer notre vie (Jn10, 10) toute la vie dans sa riche complexité, son éminente beauté, son étonnante fragilité, sa mystérieuse éternité. Jésus en est le Médiateur par son Incarnation. Il a fait du Christianisme, la Religion du Corps et la Mystique des âmes, la Spiritualité de l’Esprit et l’Universalité de la quête du Sens puisque le corps est universel. Tous les évangiles abondent en exemples démontrant l’attention pastorale et miséricordieuse de Jésus pour le Corps dans tous ses états : guérisons des malades (Mt7,5) illumination des aveugles, (Jn9,1ss) purification des lépreux, (Luc 17,11) libération des sourds, relèvement du paralytique (Mt9,1-8/Luc 14,1-6/Jn5,1-9) restauration pour les   affamés.(Jn6,1-15) Surtout à l’heure ultime de son départ de la terre, l’instauration du Sacrement de l’Eucharistie :corps livré, sang versé (Mt26,26-29/Mc14,22-25/Lc22,19/1Co11,23-26.), « Source et sommet de la vie chrétienne » selon la belle expression du Concile Vatican II. C’est ainsi qu’il nous révèle que « l’être humain est fait pour le don. C’est le don qui exprime sa dimension  de transcendance. L’homme moderne est parfois convaincu, à tort d’être le seul auteur de lui-même, de sa vie et de la société. »Benoît XVI, Pape. « L’amour dans la vérité. »(2009) Bref, la totalité de l’Être Vivant trouve en Jésus, son aspiration profonde quelle que soit sa situation en raison de l’Amour  dont est l’habitation. Ainsi deviennent lumineux, pour toutes et tous, les mots de confiance et d’espérance de Saint Paul dans son hymne à l’amour : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ?(…) Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. » Ainsi, par le mystère de sa venue en notre monde dans son corps, (NOEL) de la Résurrection de la chair(Pâques), de son élévation au Ciel, corps et âme(Ascension), Notre Seigneur Jésus est la signature éternelle et indicible de cette plénitude. (Plérôma) « Oui, conclue Saint Paul, J’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs  ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. » (Rm8, 35-39)

Joyeuses fêtes et Meilleurs Vœux, Bénédictions divines sur vous.

 

 

A la couronne des étoiles au firmament

Des Anges en chœur célébraient leur ravissement

Le mystère  à plate terre d’un Nouveau-né

Au cœur tout habillé d’un amour passionné.

 

A la crête  des nuages en évolution

Des prophètes vivaient la Transfiguration

Le mystère à Corps traversé de Lumières

Au cœur de la Terre labourée de misères.

 

A la montée des Vagues et leurs déferlements

Des foules en chœur hurlaient encore leurs jugements.

Le mystère du Corps revêtu de silence

Au cœur de la puissance de l’Espérance.

 

A la tombée du jour  en fête de lueurs

Des messagères en chœur jubilaient de bonheur

Le mystère du Corps drapé d’Eternité

Au Cœur  d’humanité, l’Universalité.

 

Père Jean-Parfait CAKPO.

Edito du mois de Décembre.
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