Homélie du 1er Novembre 2019.
15 déc. 2019PAROISSE SAINT THOMAS DE LA TOUQUES :
1er Novembre 2019 .TOUSSAINT : solennité.
Ap7,2-4.14/Ps23/ 1Jn 3,1-3 : Mt5, 1-12a
Dans la quête du bonheur en plénitude
Jésus nous propose les Béatitudes.
Ce ne sont pas des privilégiés de Dieu. Ce ne sont pas davantage des élus triés sur le volet après je ne sais quelque concours de circonstances et de compétences dans le domaine mystique et prophétique. Les Saints et saintes de Dieu dont nous célébrions la grande fête, sont nos alliés invisibles et invincibles. Ce sont nos frères et sœurs témoins de la foi de l’espérance et de la charité. Leur fête est la nôtre puisque nous sommes, comme eux, membres du corps du Christ qu’est l’Église. Ils ont vécu sur cette terre.
Nous avons même vu certains parmi eux. Saint Jean Paul II, Sainte Mère Térésa de Calcutta, Saint Jean XXIII. Mais surtout ce sont des milliers de millions d’anonymes connus de Dieu que nous fêtons en Église. L’apocalypse de Saint Jean que nous écoutons dans la première lecture, déclare qu’ils représentent une foule immense «que nul ne peut dénombrer, une foule de toutes nations, tribus peuples et langues. »
Les origines historiques du culte des saints et saintes ainsi que la célébration de la Toussaint remontent au début du V è siècle. Dans les Églises d’Orient (Antioche et Éphèse) d’abord puis à Rome. Après plusieurs réformes liturgiques, allant du Pape Grégoire le Grand (590-604) au Pape Grégoire IV (827-844) l’empereur d’Occident Louis le Pieux publia un décret qui fixait définitivement la fête de Tous les saints à la date du 1ér Novembre. C’est bien une fête pour nous tous, chrétiens et chrétiennes, hommes et femmes appelés à la sainteté. Mais ne confondons jamais la sainteté et la perfection. Les saints et saintes de Dieu ne sont pas sans défauts, sans péchés, ni sans faiblesses. Rappelez-vous Saint Paul, Saint Augustin Saint Thérèse de Lisieux.
D’ailleurs le document conciliaire Lumen Gentium affirme que « La charité est l’âme de la sainteté à laquelle tous sont appelés. » (N11) Mais le devenir ? En essayant de vivre le message des béatitudes qui est une mystique, une spiritualité du Bonheur. Car Dieu a créé l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance pour une existence impérissable. Le désir de bonheur est l’ADN de nos âmes et de nos vies. D’ailleurs la première homélie de Jésus, sa première prédication replace cette recherche du bonheur au cœur du message évangélique. Vous venez de l’entendre NEUF FOIS dans l’évangile selon saint Matthieu. «Heureux » comme un refrain dont le point d’orgue est « Réjouissez-vous soyez dans l’allégresse… » Il a plusieurs dimensions, mais je vous en propose trois principaux.
Première dimension : construire le bonheur pour soi-même : c’est la fameuse « centration » du Père Teilhard de Chardin.
La deuxième dimension consiste à partager le bonheur que l’on a ou que l’on est avec les autres : « décentration. »
Troisième dimension : combattre le malheur des autres que soi-même : Vocation
Construire le bonheur pour soi-même relève de l’intériorité : le cœur .Heureux les pauvres de cœur, le Royaume de Dieu est en eux. Cette part de bonheur est celle du cœur pur c’est à dire sans duplicité, sans rancune sans rancœur : de cette dimension du bonheur, tous les saints et saintes témoignent. Rejoindre la source qui est en nous ne dépend d’aucune richesse. Sainte Élisabeth de la Trinité disait : « Tout mon bonheur, c’est de rentrer au-dedans de moi, pour me perdre en ceux qui sont là. »
Ce trésor de bonheur dont chacune et chacun de nous demeurent l’unique coffre-fort, l’unique tabernacle, c’est bien le bonheur du psaume 31,2 : « Bonheur à l’homme à qui le SEIGNEUR ne compte pas de faute et dont l’Esprit ne triche pas. »
Mais Il y a une deuxième dimension du bonheur plus dynamique. Partager le bonheur que l’on a et que l’on est. «Etre capable de trouver sa joie dans la joie des autres, voilà le secret du bonheur. » (BERNANOS) Cela demande une décentration de soi, un refus de l’égoïsme et de l’individualisme à outrance ; pour se tourner vers les autres dans l’amour et la générosité. On vit ce bonheur lorsqu’on a compris la première phrase du psaume de ce jour 23 : « Au Seigneur le monde et sa richesse la Terre et tous ses habitants. » Le même message est au psaume 40,2 : «Heureux celui qui pense aux faibles et aux pauvres le Seigneur le sauve au jour du malheur. » Justement devant les malheurs du monde comment fermer les yeux et son cœur ?
C’est ici, dans la troisième dimension que le bonheur devient un engagement pour combattre les injustices et les aveuglements du monde. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice… » Ils sont les amis de Jésus, les enfants de Dieu, les témoins de l’Esprit saint. Ils sont les contemporains de l’Abbé Pierre, de Nelson Mandela, de Sœur Emmanuelle, de Gandhi, les frères et sœurs de Saint Jean Paul II… ils sont là dans l’histoire ils sont et font notre mémoire ; ils sont vivants et chantent : «Louange gloire, sagesse et action de grâces, honneur puissance et force à notre Dieu pour son amour dans l’éternité du bonheur. Ils réalisent le sommet des béatitudes :
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse
La sainteté n’est pas chemin de tristesse
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse
Dieu a fait le monde et toutes ses richesses
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse
Imitez-le dans toutes ses largesses
Jésus vous appelle à vivre sa Sagesse
Que votre amour et votre bonheur soient neufs chaque jour !
Père Jean Parfait CAKPO