Homélie du 14 avril 2019-Dimanche des Rameaux et de la Passion C.

Is50, 4-7/Ps21/Ph2, 6-11/Lc23,14-23,56.

 

Il nous a aimés jusqu’au bout

Pour remettre nos vies debout.

                Frères et sœurs en Christ,

                Bien aimés du Seigneur ;

Les grands mystères de la foi que nous célébrons dans ces différents rites, ne sont nullement l’anniversaire d’événements passés que nous pourrions qualifier de dépassés. Au contraire, je vous invite à vous laisser envelopper par ce mystère du Christ à vous laisser toucher réellement et imprégner profondément. Ainsi nous nous sentirons en travail par l’Esprit de Dieu, pour être au travail avec Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’Homme dans sa sainte Passion, en ce dimanche des Rameaux. De cette fête, nous pouvons accueillir trois enseignements.

Le premier, c’est la Bénédiction.

Il n’est pas anodin que la messe de la Passion du Christ s’ouvre par la bénédiction des rameaux, des buis en l’occurrence. Certes toute messe commence et s’achève par la bénédiction. Mais, il est  écrit qu’en voyant Jésus « approchant de la descente du mont des Oliviers », toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu en disant : « Béni soit celui qui vient, le Roi au nom du Seigneur. » Nous sommes les enfants des bénédictions. Bénédiction signifie : « dire du bien. » Or,  que de paroles négatives autour de nous ! Que de propos toxiques, que de déclarations pour « mal dire» (médire) des autres. On retrouve dans l’évangile du jour tant de paroles de haine, de moqueries, d’humiliations contre Jésus qui est pourtant innocent. Il est de notre vocation chrétienne de ne pas détruire par nos paroles.

Le deuxième enseignement que je vous propose, c’est d’habiter le désir de Jésus. L’aviez-vous relevé ? La première déclaration de Jésus, selon l’Évangile de la Passion, lu en ce jour, c’est : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir.» (Luc 22,15-17) Faut-il le redire ? « Le désir, c’est d’abord le langage du corps. Une histoire de corps, son chiffre, sa passion secrète, sa généalogie. Pas de corps sinon en mal de désir, c’est-à-dire empêché, entravé mais transporté, (transpercé ?) aimanté. » (Anne DUFOURMANTELLE)

 Bien justement, tous les grands textes de cette fête des rameaux nous font contempler le mystère du corps et de ses membres. Tenez, par exemple, le prophète Isaïe, dans la première lecture. Il déclare: «Chaque matin, mon Dieu éveille mon oreille. J’ai présenté mon dos. (J’ai fait le dos rond) pourrait-on traduire. J’ai laissé ma barbe. Mes joues. Mon visage. Le psaume 21 insiste également sur le corps et son implication dans le mystère. : »Ils hochent la tête. Ils percent mes mains. Je peux compter mes os. » Dans l’évangile Jésus manifeste ce désir par ces paroles : « Ceci est mon corps. Prenez et mangez. Faites cela en mémoire de moi. »Vous êtes le corps du Christ, alors qu’avez-vous fait de lui ? Oui, Jésus est la tête du corps dont nous sommes les membres. (Eph4, 15.17) Mais entre la Tête et les membres du corps, il faut une union, une harmonie, un équilibre, une circularité des dons et talents, une complicité de destinée. C’est d’ailleurs ce qui faisait dire à Saint Augustin de Carthage. « Le Verbe de Dieu s’est fait chair ? Il fit avec nous cet admirable échange. Ce par quoi, il est mort, était  de nous. Ce par quoi nous vivrons sera de Lui. »

Lui qui nous a aimés jusqu’au bout

Pour remettre nos vies debout.

Nous voyons Jésus entrant à Jérusalem monté sur un âne sous l’acclamation des foules. De là, le dernier message.

Le troisième enseignement de la passion, c’est ce que j’appelle « la métaphore de l’âne christophore. » Autrement dit cette humble créature qui porte Jésus. C’est, du reste, Jésus Lui-même qui l’envoie chercher. Avec cette consigne : « Si l’on vous demande pourquoi le détachez-vous ? Dites : « Le Seigneur en a besoin. »

Tout est là. En tant que baptisés, nous devenons des « Christophores », c’est-à-dire des porteurs du Christ et de son message d’amour et de foi, de paix et d’espérance. Pour accomplir notre vocation et témoigner de la lumière du Christ, notre disponibilité est sollicitée. Dieu nous associe. Il daigne avoir besoin de nous. Nous aussi, nous avons besoin des uns et des autres pour vivre notre foi. Surtout, n’oublions pas que les autres ont besoin de nous. Par eux, c’est le Seigneur qui a besoin de nous. Ô si vous saviez, comme les gens ont besoin  qu’on ait besoin d’eux. Votre vie serait un Hosanna éternel.

                       

 

Père Jean Parfait CAKPO

 

Homélie du Dimanche des Rameaux (2019).
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