Si l’homme, créé à l’image de Dieu, a pour mission de « cultiver et garder » la terre (Gn 2, 15), il n’en est que l’intendant, pas le maître.
« L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et l’ensemble de la Création a été détruite par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées (§ 66).
Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée (…). Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures (§ 67). »
Il ne s’agit pas de sacraliser la nature, mais de reconnaître qu’elle partage avec l’humanité un même mystère de vie et d’existence.
« L’être humain, doué d’intelligence et d’amour, attiré par la plénitude du Christ, est appelé à reconduire toutes les créatures à leur Créateur (§ 83).
Tout l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu, de sa tendresse démesurée envers nous (§ 84).
En toute créature habite son Esprit vivifiant qui nous appelle à une relation avec lui (§ 88).
(…) Créés par le même Père, nous et tous les êtres de l’Univers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle (§89).
Une personne de la Trinité s’est insérée dans le cosmos créé, en y liant son sort jusqu’à la croix. Dès le commencement du monde, mais de manière particulière depuis l’Incarnation, le mystère du Christ opère secrètement dans l’ensemble de la réalité naturelle, sans pour autant
en affecter l’autonomie (§ 99).
La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d’une manière lumineuse, occupera sa place (§ 243). »
La perte de la biodiversité est un scandale. Nous nous privons d’un patrimoine précieux et d’un don de Dieu.
« Notre maison commune est comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts (§ 1).
Chaque année, disparaissent des milliers d’espèces végétales et animales que nous ne pourrons plus connaître, que nos enfants ne pourront pas voir, perdues pour toujours (…). À cause de nous, des milliers d’espèces ne rendront plus gloire à Dieu par leurs existences et ne pourront plus nous communiquer leur propre message. Nous n’en avons pas le droit (§ 33). »
Derrière les statistiques mondiales sur la pauvreté, le chômage, les migrations, il y a des personnes concrètes.
« Souvent on n’a pas une conscience claire des problèmes qui affectent particulièrement les exclus. Ils sont la majeure partie de la planète, des milliers de millions de personnes. Aujourd’hui, ils sont présents dans les débats politiques et économiques internationaux, mais il semble souvent que leurs problèmes se posent (…) de manière marginale.
De fait, au moment de l’action concrète, ils sont relégués fréquemment à la dernière place. Cela est dû en partie au fait que beaucoup de professionnels, de leaders d’opinion, de moyens de communication et de centres de pouvoir sont situés loin d’eux (…) (§ 49).
Ne pensons pas seulement aux pauvres de l’avenir, souvenons-nous déjà des pauvres d’aujourd’hui, qui ont peu d’années de vie sur cette Terre et qui ne peu-vent pas continuer d’attendre (§ 162). »
Défendre les espèces menacées, oui ! Mais sans oublier l’embryon humain.
« L’incohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic d’animaux en voie d’extinction mais qui reste complètement indifférent face à la traite des personnes, se désintéresse des pauvres, ou s’emploie à détruire un autre être humain qui lui déplaît. Ceci met en péril le sens de la lutte pour l’environnement. (§ 93)
Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap – pour prendre seulement quelques exemples – on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même. Tout est lié. » (§ 117)
Des petits gestes ne sauvent pas la planète. Mais ils changent notre attention aux autres.
« Si une personne a l’habitude de se couvrir un peu au lieu d’allumer le chauffage, alors que sa situation économique lui permettrait de consommer et de dépenser plus, cela suppose qu’elle a intégré des convictions et des sentiments favorables à la préservation de l’environnement. Accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble, et il est merveilleux que l’éducation soit capable de les susciter jusqu’à en faire un style de vie. » (§ 211)
La croissance n’a pas de sens si elle bafoue la justice sociale.
« Personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes, cependant il est indispensable de ralentir la marche pour regarder la réalité d’une autre manière, recueillir les avancées positives et durables, et en même temps récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane (§ 114).
Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine. C’est pourquoi l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties (§ 193). »
La contemplation du monde est un chemin de vie spirituelle.
« L’Univers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier. Il y a donc une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée, dans le visage du pauvre. L’idéal n’est pas seulement de passer de l’extérieur à l’intérieur pour découvrir l’action de Dieu dans l’âme, mais aussi d’arriver à le trouver en toute chose (§ 233). »
Favoriser une gouvernance mondiale des enjeux écologiques est urgent. Religieux, scientifiques et écologistes ont aussi à entrer en dialogue.
« Une écologie superficielle ou apparente se développe, qui consolide un certain assoupissement et une joyeuse irresponsabilité. Comme cela arrive ordinairement aux époques de crises profondes qui requièrent des décisions courageuses, nous sommes tentés de penser que ce qui est en train de se passer n’est pas certain (§ 59).
Le XXIe siècle (…) est le théâtre d’un affaiblissement du pouvoir des États nationaux, surtout parce que la dimension économique et financière, de caractère transnational, tend à prédominer sur la politique. Dans ce contexte, [les] institutions internationales (…) doivent être plus fortes et efficacement organisées, et dotées de pouvoir pour sanctionner (§ 175).
La majorité des habitants de la planète se déclare croyante, et cela devrait inciter les religions à entrer dans un dialogue en vue de la sauvegarde de la nature, de la défense des pauvres, de la construction de réseaux de respect et de fraternité. Un dialogue entre les sciences elles-mêmes est aussi nécessaire parce que chacune a l’habitude de s’enfermer dans les limites de son propre langage (…).
Un dialogue ouvert et respectueux devient aussi nécessaire entre les différents mouvements écologistes, où les luttes idéologiques ne manquent pas. La gravité de la crise écologique exige que tous nous pensions au bien commun et avancions sur un chemin de dialogue qui demande patience, ascèse et générosité, nous souvenant toujours que « la réalité est supérieure à l’idée » (§ 201). »