Homélie du DIMANCHE 22 NOVEMBRE 2015 : CHRIST ROI : Solennité.

Rendre témoignage à la vérité.

Telle est la beauté de sa royauté. Quelle royauté ? Pilate, le procurateur romain ne comprenait pas. Pas plus que l’Église d’ailleurs à certaines époques de son histoire. Pas davantage certains de nos contemporains lorsqu’ils s’indignent et s’interrogent : Si Dieu existait, s’il y avait un Bon Dieu, il n’ y aurait pas tant de guerres et de malheurs dans le monde. Comme s’il y avait dans ces propos, un désir secret de voir Dieu lui- même déchirer les cieux, descendre sur terre pour imposer la paix et rétablir l’ordre et sans doute la royauté.

QUELLE ROYAUTÉ ? Le préfet romain Ponce Pilate cherchait à avoir le cœur net à propos de ce Nazaréen dont on dit qu’il est roi. Comment est-ce possible ? Cet homme ligoté, hué, conspué, par une foule en délire assoiffée de vengeance qui ne cesse de crier : « crucifie-le » Un Roi ? Ce pauvre hère fatigué mais digne, flagellé mais calme, humilié mais serein. Un roi vraiment ? Frères et sœurs rappelez-vous le contexte dramatique de ce dialogue: Nous sommes en l’an 33 et pendant la Passion de Jésus. Alors, Pilate retourne au Tribunal et lui demande : « Es-tu le roi des juifs ? » Jésus ne répond pas directement à la question :Au contraire, il questionne le questionneur : « Dis-tu cela de toi-même ou bien parce que d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Cette question de Jésus à Pilate nous invite à une profondeur de discernement dans ce que nous disons et entendons. Qui habite notre propos quand nous faisons des déclarations ? Déclarer quelque chose par ouï-dire ou bien par conviction est-ce pareil ? Affirmer quelque chose qui relève de notre réflexion personnelle ou tout simplement par procuration, c’est-à-dire parce que d’autres le disent, le pensent ,le déclarent ? Un Chrétien n’est pas quelqu’un qui répète comme une caisse de résonance tout ce qui s’entend et se dit. Car « c’est aux conséquences du dit que se juge le dire. » (LACAN).

Or de nos jours, nous vivons en un temps de grâce et de combat. De grâce parce que les technologies de communication nous ont facilité plus que jamais l’accès aux autoroutes de la communication. Or nous savons que ces mêmes outils peuvent pousser les hommes à falsifier la parole, à pervertir la consigne, à jeter le soupçon, à manipuler les consciences, à promettre l’impossible, à encourager la transgression. Toutes ces attitudes qui nous éloignent de la vérité. La question de Jésus oblige chacun à prendre position pour ou contre la vérité. Frères et sœurs, ne nous y trompons pas : les combats actuels contre la barbarie et l’inflation de l’abomination ne doivent pas se limiter aux solutions de feu. Une kalachnikov ne tue pas une mauvaise idée ou une idéologie. Nos engagements doivent travailler les lieux de la parole avec la vertu du dire : " Le dis-tu de toi-même ou bien parce que d’autres te l’ont dit à mon sujet ? Alors seulement, Jésus répond « Ma royauté n’est pas de ce monde ? » Vous remarquez la nuance ? Elle n’est pas de ce monde déclare Notre Seigneur. Mais elle est à l’œuvre dans le monde, on s’en doute bien car elle travaille le cœur du monde. Sa royauté n’est pas de ce monde car Jésus et sa royauté ne tirent nullement leurs fondements et légitimité des systèmes établis. Et pourtant elle porte des fruits pour le monde et dans l’histoire du monde. Sa royauté est évoquée dans plusieurs péricopes évangéliques. Souvenez-vous de l’étonnante et belle première rencontre de Jésus avec l’Apôtre Nathanaël ? Lorsque Jésus déclara à, son sujet : « Voici un fils d’Israël en qui il n’y a pas de mensonge, » Nathanaël dans sa surprise s’écria : « Tu es le Roi d’Israël » (Jn.1,49) A la fin de sa vie, il se laisse acclamer comme le Roi d’Israël lors de son entrée à Jérusalem. (Lc 19, 38) Enfin, sur la croix, alors qu’il s’offrait tout entier par amour pour notre humanité, le larron repenti reconnaît sa dignité royale en lui adressant son ultime prière. (Luc 23,42). La dernière signature de cette royauté n’est-elle pas l’écriteau de la croix à son chevet : Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ?« (Jn 19,19) Jésus est donc Roi. Mais son royaume est un royaume sans armées, sans territoire défini, sans frontières établies, sans esclaves. C’est un Royaume de gens de bonne volonté de toutes tribus langues peuples et nations. On y entre par libre engagement, en vertu d’une sorte de "naturalisation » ou de seconde naissance par le baptême. On y témoigne sa fidélité en participant régulièrement au repas festif et fraternel qu’offre le Roi, la messe ,l’Eucharistie. Ainsi, a-t-il fait de nous comme l’affirme la deuxième de lecture ( Ap 1,5-8), "un royaume et des prêtres de son Père. » Nous devons donc travailler à étendre son Règne.

MAIS OU DONC ? Oui, il règne, Notre Seigneur Jésus. Là où des hommes et des femmes se mobilisent encore sur la planète pour semer la justice et moissonner la paix. « Que la paix et la grâce vous soient données de la part de Dieu : « Heureux les artisans de paix. » (Mt 5,9) Il règne Jésus, là où des hommes et des femmes s’engagent résolument aux côtés des plus pauvres et des plus démunis : « Ce que vous avez fait à l’un de ses petits qu’ils sont mes frères c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40)Il règne le Seigneur Notre Sauveur Jésus, là où l’on prend encore le temps de s’arrêter pour prier. Car là où deux ou trois sont réunis en son nom Il est là au milieu d’eux comme il l’a promis. Il règne là où l’amour est plus fort que la haine. Là où des hommes bâtissent des passerelles de réconciliation et de pardon à travers les murs qui divisent. Là où on travaille à faire briller le soleil de l’espérance au travers des nuages de tristesse et de pessimisme. Cette espérance que nous implorons. Donnons au Christ, notre cœur. Son règne est le plus beau. Que l’espérance vous soit donnée en plénitude et en vérité.

OUI ! En effet. Rendre témoignage à la vérité. Telle est la beauté de sa royauté.

Père Jean-Parfait CAKPO

Solennité du Christ Roi de l'Univers.
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