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PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT B. (29 novembre 2020) Marc13, 33-37

Jésus leur dit : « Prenez garde ! »

C’est Dieu, notre sauvegarde.

Voulez-vous être émerveillés ?

Par la foi, restez éveillés.

Vaines sont les supputations ! Malsaines sont les curiosités pour connaître le jour précis, l’heure exacte de la fin des temps ou du « Retour glorieux » de Notre Seigneur Jésus Christ. La date de cet événement demeure un mystère absolu de la souveraine liberté divine. Jésus le confirme à ses  amis dans les Actes des Apôtres : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments fixés par le Père de sa propre autorité. » (Ac1,7) Et pourtant, il retentit comme un refrain incessant, l’appel de Jésus d’un bout à l’autre de l’évangile selon Saint Marc (13, verset 33-37),qui nous est  proposé en ce jour béni du premier dimanche de l’Avent.

Frères et sœurs, laissez-moi vous souhaiter, un fructueux et gracieux temps de l’Avent. Une sainte préparation aux belles fêtes de la Nativité du Seigneur Jésus. Ses paroles sont une invitation à la vigilance. Mais alors pourquoi devons-nous rester éveillés ? Dans sa belle pédagogie, Jésus adresse à nos cœurs et à nos âmes quatre différents  arguments, ô combien lumineux !

Le premier est formulé ces termes : « Restez éveillés car vous ne savez pas quand ce sera le moment. »  « C’est terrible ! » diront certains. Surtout pour notre époque postmoderne. Mais, comme l’analyse si bien le philosophe Francis GUIBAL : «Notre modernité a beau être parvenue à une majorité « éclairée », dotée de savoirs et de pouvoirs accrus, cela n’empêche nullement le retour périodique de menaces diverses qui la rappellent à la finitude d’une condition mieux consciente de ses limites et de sa fragilité. »(p. 48, Christus. oct 2020)

La pandémie actuelle du nouveau « coronavirus » vient hélas nous le rappeler tragiquement et dévoiler la béance de notre ignorance. «Vous ne savez pas… » Nous redit Jésus pour que nous fassions de cette ignorance évangélique une prise de conscience prophétique. Cela permet de cultiver la profonde humilité qui  nous enfante à la véritable humanité. Car, nous le rappelle le grand philosophe Montaigne : « Tous les abus du monde s’engendrent de ce qu’on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance. » Et nous le voyons bien dans notre société. Que d’abus ! Que de violences tragiques et d’intolérance devenue endémique !

« Veillez ! » nous dit Jésus avec un deuxième élément éclairant son enseignement. Je le formulerais ainsi : « Notre vie sur terre est une mission déléguée, une responsabilité de services. » Voilà pourquoi, Jésus affirme dans cette page de Saint Marc : considérez que le Maître a laissé tout pouvoir à ses serviteurs sur sa maison, puis est parti en voyage. Selon cette petite métaphore, veiller, c’est habiter l’absence pour offrir notre présence. À l’image de ce Maître de la parabole, Dieu nous a laissé la Maison qu’est la Terre pour la servir et accomplir nos différentes vocations envers nos frères et sœurs. Dans cette dynamique de pensée, le Pape François nous rappelle dans l’encyclique Laudato’Si : « Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée. »Elle est la maison confiée à nos soins. Mais alors, entendons-nous la clameur des malheurs de la Terre ? Quel veilleur digne de ce nom ne tient pas tous ses sens en éveil ? Car tout peut basculer à tout moment.

C’est ici que se comprend, la troisième pépite de lumière argumentaire de Jésus. C’est dans l’expression de saint Marc : « À l’improviste ! »

Frères et sœurs, c’est pour nous éviter de tomber dans le traquenard de l’improviste qui tourne souvent à l’improvisation et à l’agitation que Jésus nous dit de veiller. Du coup, veiller prend une nouvelle amplitude de sens et de consistance. C’est, attendre l’improviste retour du Maître, sans que notre accueil soit improvisé. Quel spectacle d’improvisations dans notre situation actuelle! Voyez-vous, plus que jamais, la Parole de Dieu est lumière sur notre Route de Vie. Or vous le savez bien, frères et sœurs. Pour que la vie rayonne de toutes ses splendeurs, elle doit capter les lumières de l’amour, de l’amitié et du désir. Saint AUGUSTIN, dans son commentaire de la première épître de saint Jean écrit ceci « Toute la vie du vrai chrétien est un saint désir. Sans doute, ce que tu désires, tu ne le vois pas encore ; mais le désir te rend capable, quand viendra ce que tu dois voir, d’être comblé. »

Quelle bonne nouvelle pour nous en ces temps difficiles. Nous ne connaissons pas la fin, mais cultivons le désir de la vie à l’école de Jésus. Avec lui, veiller prend une quatrième dimension : Veiller, c’est alors tendre et distendre  le désir pour en prolonger l’ampleur et traverser les instants. Lesquels ? Ceux dont parle l’évangile. S’il revient le soir, à minuit, ou plus tard au chant du coq ou au matin.

Jésus leur dit : « Prenez garde ! »

C’est Dieu, notre sauvegarde.

Voulez-vous être émerveillés ?

Par la foi, restez éveillés.

Père Jean-Parfait CAKPO.

 

Homélie du premier dimanche de l'Avent (29 novembre 2020).
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