Homélie du troisième dimanche de l'Avent ( 13 décembre 2020).
31 déc. 2020
Troisième dimanche de l’Avent B : 13 décembre 2020
De l’évangile de Jésus Christ selon saint Jean : 1, 6-8.19-28.
Pour accomplir sa mission de prédication
Jean-Baptiste répond à toutes leurs questions.
Il nous dit: « Redressez le chemin du Seigneur !»
De ce bonheur, voulez-vous être des acteurs ?
Sa mission n’était pas facile. Loin s’en faut ! Car, il était à la fois, l’homme des temps anciens et le précurseur d’un monde nouveau. Sa profonde humilité intriguait tous ses contemporains puisqu’il était « vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins. Et pour menu, il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. » (Marc 1, 6) Son nom est Jean. En grec, « Iôannes. » et en hébreu « Yehôhanân. » Ce qui veut dire : « Dieu fait grâce. » En effet, Jean-Baptiste annonce la venue de « Celui par qui nous avons reçu grâce sur grâce. » (Jn 1,16), Jésus, qui va naître de Marie, la Sainte Vierge, celle qui est « Comblée-de-grâce. » (Luc1, 26-30)
Frères et sœurs bien aimés, en cette troisième semaine de l’Avent, la Parole de Dieu nous fait contempler la figure de l’Envoyé de Dieu, Jean Baptiste. L’évangile déclare à son sujet : « Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la lumière. » (Jn 1,8-9) Cette lumière qui faisait écrire à Saint Ambroise de Milan ces mots : « Comme le soleil est une joie pour ceux qui aspirent à sa lumière ainsi le Seigneur est ma joie car il est le soleil. »
C’est bien à ce Soleil éternel des âmes que Jean-Baptiste avait mission de rendre témoignage. Mais pour cela, quelle sagesse et finesse de sa part devant la délégation des prêtres et des lévites ? Ils l’ont assommé de questions : « Qui es-tu ? Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? Es-tu le prophète annoncé ? Mais alors qui es-tu ? Que dis-tu de toi même ? Pourquoi baptises-tu, alors… »
Il n’est guère exagéré de dire que cet évangile est véritablement une suite d’interrogations. Un Chrétien ou une Chrétienne ne doivent aucunement fuir les questions qui sollicitent leur espérance et leur amour comme témoin .Puisqu’il en est ainsi, il me paraît tout à fait logique et cohérent de délivrer le message de cet évangile, en l’organisant autour de ses questions.
La première est celle-ci : « Dans quel sens, Jean-Baptiste est-il témoin ? »
Il est témoin, en tant qu’il atteste la vérité en faveur de la présence de Jésus comme Messie. Il ne ment pas. C’est ce que doit faire un témoin. Il dit : ce n’est pas moi le Messie. Mais il y a un autre sens. Jean baptiste est également témoin « au sens Judicaire du terme. Il est un témoin de la défense dans le procès que le monde intente au Christ. » (J. Perron) Avez-vous remarqué qu‘il est soumis à un interrogatoire rigoureux et vigoureux qui l’oblige du reste à invoquer des justificatifs auprès de ceux qui semblent l’avoir convoqué. C’est comme une anticipation de la Passion de Jésus.
Pour accomplir sa mission de prédication
Jean-Baptiste répond à toutes leurs questions.
La deuxième question est celle-ci : «Mais de quoi Jean Baptiste est-il témoin ? »
La réponse est simple et belle. Il est témoin de l’avenir. IL est précurseur et veilleur. Alors, quand il déclare : « Redressez le chemin du Seigneur », il oriente nos cœurs et nos regards vers le Messie qui doit venir. MAIS l’avenir, disons-le, n’est pas ce que nous attendons passivement pour demain et les jours d’après. L’avenir est plutôt ce que nous construisons, passionnément, joyeusement, intellectuellement et spirituellement voire culturellement, pour le bonheur de vivre en avant. En ce temps de terrible de la pandémie, nous avons besoin de nous mobiliser plus que jamais en faveur de cet avenir en étant solidaires de celles et ceux qui en payent le prix fort.
C’est ici qu’il faut relever la pertinence de la troisième question :
« De qui est-il témoin, Saint Jean-Baptiste ? » Il est le témoin fidèle du Christ Jésus, le Fils unique de Dieu à la suite duquel il nous convie avec douceur et humilité : « Je ne suis pas digne de lui défaire la courroie de ses sandales.» Il est venu montrer le Christ : clamer sa grandeur, proclamer la splendeur de sa Bonne Nouvelle, indiquer son Mystère et laisser chacune et chacun de nous faire sa rencontre personnelle et devenir ses témoins.
Mais comment ? Telle est la quatrième et dernière question : La réponse nous vient du prophète lui-même : Il est témoin en étant la voix qui crie au désert. « Jean est la voix, le Seigneur au commencement était le Verbe. La voix n’a pas voulu faire tort au Verbe. » (St Augustin) Mais depuis plus de deux mille ans, Jean-Baptiste nous a passé le témoin. À sa suite, des voix se sont levées partout dans le monde pour continuer la mission. Celle que résume l’immense poète Aimé Césaire en ces mots : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont pas de bouche, ma voix, la liberté de ceux qui s’affaissent au cachot du désespoir ? » Et ils sont nombreux, très nombreux à crier leur soif de justice, de paix, d’amour, de respect, d’équité, de liberté, de foi et de joie.
De leur bonheur, voulez-vous être des acteurs ?
Père Jean Parfait CAKPO