Homélie de l'Epiphanie (3 janvier 2021).
10 janv. 2021O
Homélie de la Solennité de l’épiphanie 2021 (B) Matthieu 2,1-12.
Trois mots pourraient suffire à le dire. Mots phares pour éclairer le chemin des saints bergers vers la crèche de Noël, mots lumière pour baigner de splendeur la route des mages. Il s’agit de trois verbes pour exprimer ce qui est au cœur de cette fête, cette solennité : Épiphanie. C’est la célébration de la manifestation du Christ Jésus au monde entier. Ces mots sont : Chercher. Voir. Offrir.
Bien aimés frères et sœurs, bonne fête et grandes bénédictions sur vous toutes et tous. De la part du Seigneur Dieu, l’Éternel, l’Invisible à l’Amour invincible, je vous adresse mes vœux de Paix, de joie dans la foi, d’espérance dans l’amour, de santé dans l’intégrité physique, psychique et spirituelle. Que l’Esprit Saint vous garde et vous guide sur vos chemins comme les mages dont nous accueillons le récit dans l’évangile selon Matthieu, chapitre 2, verset un à douze.
En effet, « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : où est le roi des juifs qui vient de naître ? » Ces mages, ce sont de véritables chercheurs de Dieu. Le verbe chercher, le premier des trois, n’est pas du tout banal dans la Sainte Bible et la mystique chrétienne. Rappelez-vous le psaume 62 (63) : « Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche dès l’aube. Mon âme a soif de toi ; après toi, languit ma chair, dans une terre desséchée, épuisée, sans eau. »Il s’agit là d’un cri d’amour, puisque le mystère de la Nativité dont la couronne est l’épiphanie constitue un message d’amour : « En effet, Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3,16) Il nous faut donc aiguiser un désir décidé dans la recherche de Dieu. Or, à ce propos, le philosophe Blaise Pascal écrivait dans ses fragments : « Il existe trois sortes de personnes : les uns qui servent Dieu l’ayant trouvé, les autres qui s’emploient à le chercher ne l’ayant pas trouvé, les autres vivent sans le chercher ni l’avoir trouvé. »(Fragment 149) À quelle catégorie avez-vous choisi d’appartenir ? Mais qui que nous soyons, cet évangile nous propose d’avancer, de progresser à la suite des mages. MAIS COMMENT ? Nous faudra-t-il un GPS ?
Frères et sœurs, chacun est libre d’emprunter les nouvelles routes de Jérusalem, c’est-à-dire les nouvelles constructions des chemins de Paix. Tous les peuples, toutes les nations aspirent à participer à la consolidation des bases d’une humanité de justice, par les nouvelles formes de relations socio politiques, diplomatiques et économiques voire culturelles. L’évangile de l’épiphanie affirme que les mages sont venus d’Orient jusqu’à la cité de David. Jésus est venu rassembler les hommes et femmes de toutes tribus, langues, peuples et nations. (Ap5, 9) Bonne Nouvelle qui nous rappelle, comme dit le Pape François, qu’au cœur de « cette crise sanitaire, économique sociale et même ecclésiale qui a frappé aveuglément le monde entier,» personne ne peut s’en sortir tout seul. Plus que jamais le message d’universalité de l’épiphanie doit nous conforter, du Nord au Sud, de l’Occident à l’Orient, dans la facilitation de nouvelles gouvernances intégratives pour l’avenir des nations. Bien justement, selon le Pape Léon le Grand, «c’est à propos de ces nations que le saint patriarche Abraham, (encore un chercheur de Dieu) autrefois, reçut la promesse d’une descendance innombrable, engendré non par la chair, mais par la foi ; aussi est-elle comparée à la multitude des étoiles. » (Sermons, Sources chrétiennes, 22, Ed. Cerf, 1976) Voici que l’étoile vint s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
Nous arrivons au deuxième verbe que je vous proposais : voir.
Ce verbe retentit quatre fois dans cet évangile. Il alimente la motivation inlassable de ces pèlerins. Au début, ils ont dit:« Nous avons vu son étoile. »Puis, un plus loin, l’étoile qu’ils avaient vue les précédait. Et, encore quand ils virent l’étoile. Enfin, en entrant dans la maison, ils virent, non plus l’étoile, mais l’Enfant et sa Mère Marie. Ce cheminement magnifique est un acte de foi. Autant le verbe chercher est lié à l’espérance, autant le verbe voir sollicite la Foi.
Voilà pourquoi, l’épître aux Hébreux précisait que « la foi est un moyen de connaître les réalités que l’on ne voit pas. » (He11, 1-2) Ici, ce qu’on ne voit pas, à moins d’avoir les yeux de la foi, c’est que cet enfant est vraiment le Messie annoncé, le Berger du Monde, le Sauveur, annoncé par les prophètes dont Isaïe dans la première lecture (Is60, 1-6)
C’est la révélation du mystère dont parle saint Paul dans la deuxième lecture, issue de l’épître aux éphésiens. Quel mystère ?
Saint PAUL répond en ces termes : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus par l’annonce de l’évangile. »
(Une fois qu’on a compris cela, on ne plus dire que c’est parce qu’il manque de prêtres en France que des missionnaires sont ici.) C’est au nom du Christ et du partage d’une même foi universelle. Partager c’est ce que les mages ont fait. Alors, les mages vont conclure par ce qui fait sommet à toute relation, ce qui lui confère bonheur et honneur : l’Amour. Il est don et offrandes. Voilà pourquoi, ils ont ouvert leurs coffrets et offerts des présents : « de l’or, de l’encens, et de la myrrhe.»
Puissiez-vous, vous aussi, offrir l’or de votre amour à Dieu d’amour, l’encens de votre prière à Lui qui nous exauce. Et la myrrhe de votre vie, pour le salut du Monde entier. Alléluia.
Père Jean-Parfait CAKPO.