« ALLÉLUIA ! » Ps111, 1.
29 mars 2021
« ALLÉLUIA ! » Ps111, 1.
Des plus amples aux plus allants, des plus célèbres aux plus flamboyants, qu’ils soient du style classique ou moderne, les dizaines de centaines, les centaines de milliers de chants composés sur « l’alléluia » témoignent de sa grande importance et de son éternel rayonnement. Aussi, avons-nous désiré d’un grand désir en approfondir le sens pour en contempler la splendeur.
LUMIÈRES CONTEXTUELLES.
Telle une porte d’entrée, la proclamation : « Vive le Seigneur ! » précédée de « Alléluia », ouvre et ferme successivement les sept poèmes que sont les psaumes 111, 112, 113, 114, 115, 116 et 117. Ils forment un ensemble cohérent qui révèle d’innombrables thématiques poussant le psalmiste à s’écrier : « Alléluia ! »Bien plus encore, à l’intérieur même de la série des sept psaumes précités, il convient de relever que les deux premiers, c’est-à-dire, les psaumes 111 et 112, font partie de ceux qu’on appelle psaume alphabétique. Ainsi nommés parce que chaque verset de leurs strophes (paragraphes) commence par une lettre de l’alphabet hébraïque.
Par ailleurs, il nous paraît judicieux d’ajouter cette précision : le mot, ‘alléluia’ apparaît également dans le « dernier livre » de la Bible en l’occurrence, de l’Apocalypse selon saint Jean au chapitre19. Il y est écrit mais aussi décrit l’immense triomphe des vainqueurs et le chant céleste de la foule indénombrable des « Sauvés.» Dans ce chapitre, et ce, sur dix versets, les heureux élus scandent quatre fois leur allégresse par des alléluia. L’auteur sacré en vient à dépeindre le tableau par ces lignes : « Et j’entendis comme la rumeur d’une foule immense, comme la rumeur des océans et comme le grondement de puissants tonnerres. Ils disaient : Alléluia ! Car le Seigneur, notre Dieu tout puissant, a manifesté son Règne. » (Ap19, 6) Étymologiquement, alléluia vient de l’hébreu : « hallelûya». Le mot signifie : «Louez Ya ! »(Yahweh)
En général, il s’agit d’une acclamation liturgique, d’un éloge du priant, d’une louange du dévot ou de la dévote à l’adresse de Dieu pour ses grandes œuvres. La racine Hallel du mot signifie la lumière. À cet effet, il n’est pas outrancier de considérer que toute la période de pénitence, de méditation et d’appropriation de la Passion de Jésus soit comme une véritable descente aux tréfonds des ténèbres. Selon cette logique, quarante jours durant, pour préparer les festivités pascales, la divine liturgie est célébrée sans la proclamation chantée de l’alléluia. Au seuil de la lecture de l’Évangile, il est remplacé par une autre forme de louange.
Quelles significations, cela pourrait-il avoir ?
VARIATIONS HARMONIQUES DU MOT.
Il est tout à fait aisé de remarquer à la lecture des sept hymnes poétiques que sont les psaumes cités plus haut, comme un déploiement de vie et un dépliement des multiples expressions des états d’âme des hommes et femmes. Et ce, allant crescendo. Nous en retenons quelques-unes :
Une invitation à l’émerveillement cosmique.
Du plus profond de son être, le psalmiste partage son enthousiasme au regard des merveilles innombrables de la création : « Grandes sont les œuvres du Seigneur. » déclare-t-il. (Ps111, 2.) Puis il invite, la Terre, les montagnes, les collines, la mer et sa population, béliers et cabris à tressaillir d’allégresse. (Ps114) Cette attitude monte crescendo dans l’hymne de l’univers. (Dn3, 57-88) Puissions-nous, à leur suite, après cette horrible double épreuve du confinement et de la pandémie, apprendre à mieux apprécier la beauté de la création, la bonté du Dieu créateur, la splendeur de la Nature qu’Il nous a léguée pour notre destinée et la profondeur de la fraternité.
Une participation à la louange ecclésiale
Par-delà le souvenir de la terrible nuit d’agonie de Jésus au Mont des Oliviers, l’horrible série d’humiliations aux mains des bourreaux jusqu’à l’infamante mort sur la croix, la joie et la foi si ce n’est la joie de la foi font toujours retentir les cloches des églises pour célébrer l’événement fondateur : la Résurrection. Toute l’Église s’en fait l’écho et le garant à travers les âges. Par cet alléluia, les baptisés deviennent les hérauts de la Bonne Nouvelle qui est : « Christ est vivant ! » Cette louange est prière, adhésion de foi, célébrations et bénédictions, écoute et méditation de la Parole. Car celle-ci « constitue pour l’Église, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. » (Concile Vatican II. « Dei Verbum » N21).
Une anticipation du monde à venir.
Affirmer que chanter l’alléluia, c’est participer à la louange des élus de Dieu et à l’hymne des sauvés, implique deux éléments importants. D’abord c’est dire que nous sommes déjà sauvés. C’est une affirmation majeure de saint Paul à tous les baptisés : «Vous êtes ressuscités avec le Christ. »(Col3, 1-2) Mais il ajoute : « recherchez ce qui est en haut. » Ces réalités célestes concernent aussi le cantique des sauvés : l’alléluia.
Ensuite, c’est reconnaître que nous sommes encore pèlerins sur cette terre. Notre célébration annonce déjà la liturgie de la Patrie Céleste dont nous sommes citoyens dans l’espérance. Voilà pourquoi Saint Augustin écrit : « Chantons ici-bas l’Alléluia au milieu de nos soucis afin de pouvoir le chanter un jour dans la paix. Et comment le peuple est-il dans le bonheur quand il crie avec moi : délivre-nous du mal ? Et pourtant mes frères, alors que nous sommes encore plongés dans ce mal, chantons Alléluia au Dieu bon qui nous délivre du mal. Heureux, alors l’Alléluia ! »
Bonnes fêtes de Pâques.
Père Jean-Parfait CAKPO.