PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
XXXème Ordinaire B - 24 Octobre 2021
Marc 10, 40b-52 / He 5, 1-6 / Ps 125 / Jr 31, 7-9
"Il s'en vient, il s'en vient dans la joie
Il rapporte les gerbes." (Psaume 125)
N'est-ce pas les gerbes de la foi ?
Chers amis de Jésus-Christ !
Bien-aimés fils et filles de Dieu notre Père.
Vous les baptisés, sanctifiés dans l'Esprit Saint.
Il est évident que votre belle langue maternelle qu'est la langue française n'a pas de secret pour vous. Mais pour nous les étrangers l'apprenant, il y a encore du chemin. C'est ainsi que chemin faisant, j'ai remarqué qu'en français, les mots avoir, savoir, pouvoir, devoir et pourvoir sont des verbes ayant tous en commun dans leur orthographe le verbe voir.
Or, dans l'évangile de ce jour, extrait de saint Marc 10, 46-52, le verbe voir et tous les autres précités, clignotent comme des panneaux lumineux pour nous éclairer sur la route de la vie et sur le bel exemple du mendiant aveugle de Jéricho. Son nom est Bartimée, fils de Timée. Voici comment les verbes forment l'harmonie interprétative.
Les Apôtres de Jésus et la foule se sont installés dans l'idée qu'ils ont le privilège d'avoir le Seigneur avec eux. Pour cela, ils s'étaient donné le pouvoir de faire taire Bartimée, l'aveugle. Ils le rabrouaient carrément pour ne pas pourvoir à ses besoins. Sans doute s'estimaient-ils ne rien lui devoir. Et de sa situation ne voulaient surtout rien savoir. Il y a de cela plus de 2000 ans.
Mais aujourd'hui encore, je me demande si l'on ne trouve pas parmi des Chrétiens des personnes capables de jouir de l'avoir du savoir et du pouvoir, sans jamais penser pourvoir aux maigres besoins des Bartimée de notre époque ; parce que ces Chrétiens s'estimeraient ne rien devoir à ces misérables qui sont pourtant comme eux, des enfants du Bon Dieu et des enfants de la Terre. Frères et sœurs, alors que je laissais mûrir pour vous cette homélie, j'apprends aux informations que sur mon continent, durant le Festival d'El Gouna en Egypte, le film du cinéaste finlandais Teemu NIKKI a reçu le prix de l'étoile d'or. Son titre, je vous le donne en mille : "L'homme aveugle qui ne voulait pas voir le Titanic."
La foule qui suivait Jésus ne voulait pas voir. Vous le savez bien, il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Mais Bartimée, lui, voulait voir. Il mendiait les lumières dans sa prière. Non, il criait plutôt. Mais la foule faisait la sourde oreille. Le handicap n'était pas du côté qu'on croit. Puisque crier pour lui c'était prier, il n'arrêtait pas d'appeler Jésus. Ici, je pense au Pape François qui, à temps et à contretemps, nous invite à écouter le cri de "sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec des fleurs colorées et l'herbe." (Laudato Si')
Dans la même logique, il nous demande d'écouter le cri des pauvres et d'agir. Dans l'évangile, le pauvre Bartimée crie : "Fils de David, aie pitié de moi!"
Cette prière a trois dimensions. La première c'est la foi. C'est une véritable profession de foi que fit Bartimée. Sa prière nomme Jésus dans son identité messianique et prophétique. De Bartimée sont vraies les paroles du grand musicien et compositeur le Père LUCIEN DEISS : "Sans te voir nous croyons, sans te voir nous t'aimons, et nous exultons de joie, Seigneur..." Et c'est vrai, il exulte d'allégresse, Bartimée. Il bondit de joie quand Jésus le fait appeler malgré les obstacles de la foule. Ah ! La foule comme disait le philosophe Sénèque, c'est parfois la preuve du pire. Mais la foi dynamique de Bartimée a trouvé son chemin.
Vous aussi, frères et sœurs, vous pouvez rencontrer des obstacles sur le Chemin de la foi. Parfois même venant des gens qui se disent proches de Jésus. Criez vers Jésus sans perdre cœur.
"Fils de David, aie pitié de moi !"
Cette prière dans sa tonalité liturgique recouvre une deuxième dimension, celle de l'amour. Avec humilité, Bartimée sollicite Jésus. C'est comme s'il disait : "Kyrie Eleison !" Bartimée s'adresse à celui qui peut délivrer, du mal, du mal-être et du péché. Dieu. Sans ses yeux, il voit en Jésus, le Fils de Dieu. Celui que l'épître aux Hébreux appelle le grand prêtre éternel, qui a compassion car il est consacré selon l'Ordre du Roi de Salem, Melkisédek.
Alors Jésus lui demande : "Que veux tu que je fasse pour toi ?" Merveilleux Bartimée, il dit : "Rabbouni", un nom affectueux de relation de tendresse. Souvenez-vous de Marie Madeleine au Tombeau. La prière de Bartimée trouve sa deuxième dimension, l'Amour. Et Dieu, ne résiste pas à l'amour. Comme le disait l'un des messages de la Vierge Marie, si vous saviez comme il vous aime, vous pleureriez de joie. Et la joie s'élève dans le psaume du Jour 125. Il invite à la fête, au rire, à la joie de vivre, au bonheur devant les merveilles de Dieu. Cette merveille pour Bartimée c'est de voir. Il a recouvré la vue et s'est mis à suivre Jésus. C'est l'espérance qui motive la mission. C'est la troisième dimension de sa demande : l'espérance de Bartimée. Les trois vertus théologales sont là : la foi, l'espérance et la charité. Par elles, allons à Jésus. Ecoutons le conseil de Saint Clément d'Alexandrie : "Recevons la lumière afin de recevoir Dieu."
Frères et sœurs, puisque vous avez reçu Jésus, lumière vivante et éternelle, suivez-le sur le Chemin.
En avant, il vous appelle pour d'autres lendemains. ALLELUIA !
Père Jean-Parfait CAKPO