Hosanna !
17 mars 2022« HOSANNA ! » Mt21, 9
Une œuvre collégiale de très longue haleine durant de nombreuses années à travers les différentes conférences épiscopales francophones de plusieurs pays du monde impliquant traducteurs et experts, éditeurs et ouvriers minutieux... Telle est la traduction révisée du Missel romain avec quelques ajouts et modifications. Entre autres, cette traduction permet à nos assemblées liturgiques de sortir de la routine de réponses toutes faites connues depuis fort longtemps. Appris par cœur, ces dialogues sacrés doivent être repris en chœur et médités de tout cœur, par chacune et chacun. Du reste, c'est bien ce que précise l'évêque du diocèse de Kpalimé (Togo) en ces termes: « L'apport de la nouvelle traduction pour nos pays francophones, dont un grand nombre de fidèles sont aujourd'hui en Afrique, consiste dans l'ajustement 'sobre et prudent ' des gestes et des formules diverses dans leurs expressions, afin de refléter l'unité du rite romain et pour veiller, selon le vœu du Saint Père François, à « l'utilité et au bien des fidèles ».Que des cœurs, unis dans la même foi s'élèvent, à travers ces pages, la prière et la louange commune de l'Eglise, au Père et au Fils, dans l'Esprit Saint. » (Mgr Benoît ALOWONOU) Il y a là sans aucun doute, et ce, depuis la traduction renouvelée du « Notre Père » également, « une opportunité pour renouveler la manière de vivre la célébration de l'Eucharistie au sein de nos communautés chrétiennes.» selon les mots de la directrice du SNPLS, Mme Bernadette MELOIS. C'est pour cela que nous avons proposé dans les publications antérieures récentes du bulletin paroissial, une méditation et une réflexion sur certains termes de la messe. Nous poursuivons notre enseignement avec « HOSANNA.»
LUMIERES BIBLIQUES ET SPIRITUELLES.
Il n'y a pas de célébration de messe qui ne nous fasse entendre, proclamer ou chanter : « Hosanna. » Étymologiquement, cette exclamation rituelle vient de l'hébreu : « hoshi 'ahna », et signifie, selon les contextes : donne le salut ; donne la victoire. On le retrouve dans le psaume 118 (117) aux versets 25;26. Selon la liturgie Juive, les prêtres, au jour de la fête des Tentes, répondaient par cette parole de bénédiction : « Hosanna. » Au jour des Rameaux, toute la foule chantait l'acclamation de Hosanna qui devient une supplication : « Ô Seigneur, sauve donc... sauve, nous t'en prions. » Dans l'évangile selon saint Matthieu, hosanna est chanté en l'honneur de Jésus, lors de son entrée solennelle dans la ville de sa Sainte Passion, à Jérusalem. Cette fois-là c'était : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Mt21, 9)
Cette acclamation est une signature de foi messianique. Par elle, nous affirmons que Jésus, de descendance davidique, est bel et bien Celui que les prophètes avaient annoncé. « Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié. » (Ac2, 36) Il n'est point exagéré d'affirmer que pendant ce temps de carême, nous pouvons marcher à la suite du Christ avec les nombreuses significations contextuelles et implications spirituelles de « Hosanna ! »
-1- L'adoration de louange.
Il nous invite à la constance dans la louange, véritable socle spirituel dans la relation à Dieu. La louange nous met en communion avec toute la cohorte céleste qui constitue l'Eglise du Ciel, avec les saints et saintes, nos frères et sœurs, qui intercèdent pour nous tous, après avoir mis en pratique l'Evangile du Christ. Ce n'est pas pour rien que Saint Paul nous donne ce conseil dans l'épître aux Éphésiens : « Récitez entre vous, des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur. En tout temps et à tout propos, rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ. » (Eph5, 19-20)
-2- Les œuvres de miséricorde.
Nous pouvons accueillir un autre sens de «hosanna », comme un cri et un appel à vivre la miséricorde, un cri à l'adresse de Jésus qui, quelques heures plus tard sera arrêté, humilié, supplicié au point que dans son état misérable. Comme l'écrit le prophète Isaïe, le serviteur était devenu « homme de douleur, familier de la souffrance, objet de mépris, abandonné des hommes. » (Is53, 1-3) En chantant, hosanna, nous devons nous rendre sensibles et disponibles à la clameur des pauvres de toutes sortes, sur notre terre. Car la religion véritable est une vie charitable. Ici résonnent en nous, les paroles du grand théologien François VARILLON : « Une main sur la beauté du monde, l'autre main sur la souffrance des hommes, les deux pieds dans le devoir du moment présent. »
-3- La liturgie pour Dieu.
Il est évident que l'acclamation hosanna est d'abord et avant tout une célébration des merveilles de Dieu durant nos messes. Cela doit nous motiver pendant ce temps de grâces qu'est le carême à nous décentrer de nous-mêmes pour nous centrer sur Dieu. Soigner la liturgie, mieux prier durant nos messes en sachant que la liturgie, est l’œuvre divine par excellence. Elle n'est pas tournée vers notre satisfaction personnelle. Elle est donnée pour que nos personnes soient tournées vers Jésus, pour qui est chanté le cantique nouveau. « Celui qui est digne de prendre le Livre et d'en ouvrir les sceaux, car il fut immolé, rachetant au prix de son sang, » (Ap5, 9-10) des hommes et femmes de toutes les époques et toutes les nations. En somme, vivre selon les lumières de ce beau chant rituel de Hosanna, c'est assumer la magnificence de Dieu et la grandeur des hommes et femmes, ses enfants. Pour nous hisser à cette grandeur, Victor HUGO écrivait dans Les Chants du crépuscule (22) : « Quelque chose de grand s'épandra dans les cieux : ce sera l'Hosanna de toute créature. »
BON ET GRACIEUX TEMPS DE CARÊME.
Père Jean-Parfait CAKPO