PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
Le 2 mars 2022 - Mercredi des CENDRES - Année C
JI 2, 12-18 / Ps 50 / 2 Co 5, 20-21 ; 6, 1-2 / Mt 6, 1-6.16-18
Mercredi des Cendres
Convertir notre désir pour l'élargir aux dimensions de Dieu,
pour notre propre libération, notre salut.
Bien-aimées servantes du Seigneur
Chers Amis du Christ Jésus
Il n'est pas nécessaire de vous redire que le rite principal de l'imposition des cendres qui ouvre la célébration liturgique du temps de Carême est un rite qui rappelle dans la Bible le deuil, la repentance. (Voir Psaume 50) Il n'est pas indispensable de vous rappeler que les cendres évoquent ce qui est humble, éphémère, caduc, sans valeur. Mais il me paraît utile de vous rappeler que dans notre religion l'imposition des cendres n'est devenue un rite liturgique, avec la messe d'entrée en carême, que tardivement. Au Xème siècle dans les pays rhénans, puis en Italie, et c'est entre le XIIème siècle et le XIIIème siècle que cela s'est imposé (sans jeu de mots) à Rome. Recevoir les Cendres, c'est proclamer que nous appartenons à un Peuple de pêcheurs appelés à la conversion. Quelle conversion ?
Bien souvent, nos formateurs ou prédicateurs ont tendance à présenter le temps de carême comme un moment de privation, de frustration volontaire ou subie, une période d'efforts à comptabiliser. Il y a là, me semble-t-il, une insistance qui nous éloigne de l'essentiel : la Conversion. Il s'agit d'un temps de 40 jours pour affirmer notre désir. Il s'agit du temps d'un long désir comme vous le chantez dans les hymnes des offices. Ce désir est un chemin de libération, d'élévation pour le corps, le cœur et l'esprit, afin de les débarrasser de ce qui les alourdit, les empêche de se tourner vers l'essentiel. C'est pour cela que St Augustin écrivait dans son Sermon (n° 20). "Elevez-vous de terre, si le corps ne le peut, que le désir vole."
Pour moi, ce désir traverse les 3 dimensions du Carême :
- Le désir de Dieu
- Le désir (de) vers Dieu
- Le désir des autres
Le désir de Dieu, c'est-à-dire ce que Dieu désire pour nous, sa sainte volonté. Nous devons être attentifs pour nous ajuster à son désir. Par l'écoute de la Parole. D'ailleurs, la 1ère lecture de cette messe s'ouvre par ce désir de Dieu. Il dit : "Revenez à moi. Déchirez votre cœur. Le Seigneur s'est ému."
Ce qu'il désire c'est notre salut, notre guérison, notre relèvement, notre libération. Pour que ce désir rencontre le nôtre, St Paul écrit dans la IIème lecture : "Laissez-vous réconcilier avec Dieu car il s'est livré pour vous en son Fils." (2 Corinthiens 5, 20)
Quand nous sommes habités par le désir vers Dieu, nos cœurs prennent le chemin de la Prière. Dans ce sens, la définition que Ste Thérèse de l'Enfant Jésus de la Sainte Face donne de la Prière révèle le désir de Dieu (tourné vers Dieu). Pour moi, dit-elle, la prière est un élan du cœur (Recevez de tout votre cœur), un regard jeté vers le ciel, un cri, une conversation. Mais si nous désirons Dieu et sa volonté, nous nous rendrons compte que Dieu nous tourne vers nos frères et sœurs. C'est le désir des Autres. Il implique le Pardon, l'aide aux pauvres, le partage, la joie de donner, la soif d'être avec eux, la compassion, la gentillesse, l'écoute. Le désir des autres fait que nous voulons leur bien et donc nous ne disons pas du mal des autres. Nous les protégeons. Nous sommes discrets sur ce qui nous touche et les touche. C'est ici que nous jeûnons. Jeûner, c'est maîtriser sa langue et les plaisirs désordonnés de l'oralité. Ce n'est pas seulement se priver de chocolat et continuer à calomnier, à insulter ses enfants, son mari, sa femme, ses camarades, à critiquer. NON. Jeûner, ce n'est pas seulement se priver de cigarette et continuer allègrement à dire du mal. Jeûner, c'est creuser en nous la soif du bonheur des autres au nom du désir de Dieu et dans le désir vers Dieu. Lui le Bon, Lui qui voit dans le secret de chaque cœur. Il vous le revaudra. Ce que vous donnez, il vous le rendra par une mesure bien pleine, tassée, secouée et débordante de grâces en abondance.
AMEN
Père Jean Parfait CAKPO