PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
Vème dimanche de Carême - C -  Le 3 Avril 2022
Is 43, 16-21 / Ps 125 / Ph 3, 8-14 / Jn 8, 1-11
 
 
Contemplons l'habileté de Jésus dans sa bonté
Imitons la finesse de Jésus dans sa sagesse
 
 
Bien-aimés filles et fils de Dieu,
Nous méditons l'une des plus belles pages d'Evangile de Jésus Christ sur le pardon et la miséricorde que Dieu manifeste aux pécheurs.
Certes, il y est question d'une femme humiliée, enfermée dans le cercle du jugement unilatéral de la Loi de Moïse dans le Lévitique (20,10) et le Deutéronome ((22,22) qui stipule qu'il fallait faire disparaître le Mal dans le peuple. Mais ne vous y trompez pas ! Chers amis de Jésus Christ. Par delà cette femme, celui que l'on cherche à accuser, c'est bien Jésus le Rabbi. La matière est grave car à son époque l'adultère était considéré comme l'un des rares péchés pour lesquels une pénitence publique était nécessaire et qui ne pouvait être remis qu'une seule fois dans la vie. Le piège tendu à Jésus était redoutable et apparemment infaillible : Si Jésus approuvait la condamnation de cette femme selon la Loi de Moïse (Dt 22, 22), il entrait automatiquement en rébellion contre le pouvoir romain qui pourrait le tuer. S'il approuvait la lapidation, il se contredisait lui-même dans son enseignement puisqu'il disait que Dieu aime les pécheurs. Mais, à contrario, s'il refusait la lapidation, il serait déclaré opposé à Moïse et donc un blasphémateur passible de la mort. Voyez-vous c'est le procès de Jésus qui est déjà commencé. Vous connaissez l'habileté de Jésus dans la beauté. Mais il est aussi d'autres dimensions de ce texte que je voudrais partager avec vous. Les attitudes de Jésus sont un enseignement véritable pour nous. J'en relève quatre.
- Par deux fois, il est écrit : "Jésus s'était abaissé." "Lui de condition divine ne rentrait pas dans le rang qui l'égalait à Dieu." (Philippiens 2) Mais il s'est abaissé. Le verbe grec "Kadad" se prosterner. Qu'est-ce à dire ? Une posture d'humilité. Notre humanité est tombée bas, par terre. Pour la ramasser, il faut s'abaisser. Un abaissement d'abord, un redressement (résurrection) deux fois.
- Du doigt, il traçait des graffitis sur le sol.
Qu'est-ce qu'il écrivait ? Une tradition qui remonte à St Jérôme a imaginé que Jésus déclinait les péchés des accusateurs. D'autres supposent qu'il écrivait ce texte de Jérémie 17, 13 : "Tous ceux qui t'abandonnent seront honteux, ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre."
Quant à moi, j'estime que le symbolisme de la terre est un acte puissant. C'est la terre qui nous relie, qui que nous soyons, quels que nous soyons, du Nord, du Sud, de l'Est, de l'Ouest, nous devons nous souvenir que nous partageons tous la condition humaine, peuple de pécheurs (Rm 3, 23). Avant tout, souvenons-nous que nous sommes poussière, venus de la terre, nous retournerons à la terre. Fils et filles d'Adam.  (Rm 3, 25)
- Le troisième enseignement est le redressement. Jésus se redressa. C'est le même verbe que ressusciter. Il est venu relever la tête de celles et ceux qui sont humiliés, flanqués par terre. Dans sa réponse, sans jeter la pierre à quelqu'un, Jésus fait d'une pierre deux coups. Il délivre cette dame des mains hostiles. Puis il renvoie chacun à sa propre conscience de pécheur. Il met en déroute les accusateurs pour leur dire ce qu'il a déjà enseigné : "Soyez généreux comme votre Père céleste est généreux. Ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous  ne serez pas condamnés, acquittez et vous serez acquittés. Donnez et on vous donnera. C'est la mesure dont vous vous servez pour les autres qui servira pour vous aussi." (Lc 6, 36-38) Bien-aimés, cet évangile nous invite à découvrir ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ. (Ph 3, 8)
- Quatrième attitude de Jésus : "Jésus se taisait."
Quelle puissance ce silence ! Le grand théologien François VARILLON y voit la preuve de sa liberté par rapport à tous les gens officiels, ces notables pharisiens et scribes, docteurs de la Loi qui jugent facilement et condamnent. Le silence de Jésus nous enseigne que dans la vie "Il est des flots de paroles qui vont se jeter dans l'océan de l'oubli. Il est des silences qui ont la densité et le goût de l'éternité." (Marcel DRIOT) Pendant ce temps de carême, apprenons à jeûner de paroles malveillantes qui sont aussi destructrices que les lapidations. Jeûner de ragots, de potins, de cancans inhumains, de critiques acerbes.
Jésus a fait tomber les pierres que les accusateurs voulaient jeter à la femme adultère. Qu'attendez-vous pour changer en cœurs de chair vos cœurs de pierre ? Et surtout les pierres d'accusation, les jeter par terre pour la Mission.
 
 
Père Jean Parfait CAKPO
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