PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
XXVIIe Ord - C - Dimanche 2 Octobre 2022
Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4 / Ps 94 / 2 Tm 1, 6-8.13-14 / Lc 17, 5-10
"Garde le dépôt de la foi dans sa beauté." 2 Tm 1, 14
Dieu lui-même sera séduit par ta bonté.
Bien-aimés, vous connaissez toutes et tous la phrase célèbre du grand scientifique physicien et astronome de l'Antiquité égypto-gréco romaine Archimède, quand il disait : "Donnez-moi un point d'appui, je soulèverai le monde." (287 avant J.C.) Ainsi en est-il de la belle vertu théologale qu'est la foi. En effet, Jésus, répondant aux disciples qui lui demandent, dans l'évangile du Jour selon Saint Luc : "Seigneur augmente en nous la foi", déclare dans son enseignement : "Si vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l'arbre que voici "Déracine-toi et va te planter dans la mer" et il vous aurait obéi." (Luc 17, 6). Que devons-nous comprendre de ce paradoxe fécond ? Il est évident que Jésus ne nous demande pas de chercher à acheter et à stocker des graines de moutarde. Par les temps qui courent, c'est plutôt la pénurie. Dans cette métaphore, Jésus nous encourage car il nous révèle que la puissance d'action de la foi, la force de son miracle, les effets bénéfiques de sa grâce sont inversement proportionnels à son humble apparence. Dans l'image du grain de sénevé (tout petit) Jésus nous enseigne ce que dira plus tard l'auteur de l'épître aux Hébreux (11, 1) : "La foi est une manière de connaître les réalités qu'on ne voit pas ..." Mais il y a davantage dans la Parole de Jésus. L'idée du déplacement, du changement de décor. Souvenez-vous de notre père dans la foi, Abraham. Au nom de la foi, il opère un voyage intérieur, un pèlerinage au bout de lui-même. Quand Jésus dit que l'arbre se déracinerait, il suggère cette spiritualité de la transformation de vie que la foi permet. Par elle et pour elle, les Apôtres ont tout quitté pour le suivre !
Mais attention, frères et sœurs, la foi ne nous épargne pas les difficultés, les épreuves, les tentations. C'est ce que nous apprend la 1ère lecture du livre du prophète Habacuc (VIe siècle avant J.C.). Il a été témoin des horreurs et des terreurs de l'armée du Roi Nabuchodonosor qui a tout rasé sur son passage. D'où son indignation qui lui fait crier et prier, car prier, c'est crier vers Dieu. Et il ouvre son cœur en disant : "Combien de temps Seigneur vais-je t'appeler au secours et toi tu n'entends pas ?" Crier sans que tu répondes. Pourquoi tu me laisses voir ces choses abominables ?
- Violences, pillages, disputes, discordes, misère ... Ne pourrait-on pas prolonger la liste à notre époque ? C'est à se demander si notre humanité a vraiment changé, si nous sommes aussi civilisés que nous le proclamons à cor et à cri ? Mais si nous sommes tentés par les ennemis de la foi, nous devons rester vigilants. Ils s'appellent : la tristesse, le désespoir, la peur, la honte de se dire chrétien ou chrétienne catholique. C'est pour nous revigorer que St Paul nous dit comme autrefois à Timothée : "Réveille en toi le don de Dieu. Tu n'as pas reçu un Esprit de peur mais un esprit de force, d'amour et de pondération." L'Esprit de pondération qui nous rappelle l'équilibre, la nuance, la qualité de celui ou celle qui est réfléchi, posé et vit dans la prudence. Je vous fais remarquer ici que, parlant de la foi (vertu théologale), St Paul finit par évoquer des vertus cardinales (force et prudence), et le prophète Habacuc parle des justes et de la Justice.
Ainsi frères et sœurs, allons sur le bel arbre de l'Esprit Saint cueillir les fruits des vertus cardinales (Tempérance et Prudence - Force et Justice), mais aussi des vertus théologales (l'espérance, la charité et la foi).
Garde le dépôt de la foi dans sa beauté.
Mais la foi n'est rien sans la générosité.
Garde le dépôt de la foi dans sa beauté.
Mais la foi n'est rien sans la joie dans sa pureté.
N'est-ce pas ce que confirme le psaume du Jour dans son invitation ? "Venez, crions de joie pour le Seigneur." (Psaume 94) Ne fermez pas votre cœur à la Joie de sa Parole. La Joie, c'est la musique de l'âme, c'est le critère de la vie, c'est le chant de l'esprit qui se communique, c'est la signature de l'amour. Ce qui pousse St Augustin à écrire : "Cantare amantis est." "Celui qui aime chante." Et d'ajouter : "Deux fois prie, qui bien chante."
Alors par vos hymnes de fête, que la volonté de Dieu soit faite. Hozanna !
Père Jean Parfait CAKPO