L’émerveillement selon St François.
17 déc. 2022L’émerveillement selon St François.
« Saint François m’est apparu comme celui qui a eu la mission de chanter la pauvreté comme une personne et de voir en elle Dieu lui-même » dira Maurice Zendel.
La spiritualité franciscaine est fondamentalement une spiritualité de l’émerveillement Trinitaire et de la louange comme exercice spirituel d’adoration, d’élan mystique, de vibration intérieure pour se mettre au diapason de la Création et par écho, de Dieu.
Chanter dame pauvreté, louer la Création reste pour l’être humain une manière d’incarner « l’humilité radieuse », de « prendre des vacances de lui-même », de son mental, de ses ruminations et jugements, propres à l’ego. Cet émerveillement nous ouvre à la profondeur des choses et des personnes… et aussi à notre propre profondeur d’Être, à l’Esprit qui habite en nos cœurs. « Alors, notre regard se perd dans l’Infini et notre cœur se sent accordé à une présence inexprimable » dira encore le Père Zendel. Non, l’humilité n’est pas un abaissement de soi ni une auto-dévalorisation… c’est au contraire célébrer la grandeur de Dieu, c’est s’exalter devant la beauté d’un coucher de soleil sur la mer, rendre grâce pour une nuit étoilée ou pour le sourire d’un enfant. Alors, comme François, on ne pense plus qu’à chanter, à chanter le soleil, à chanter la lumière, à chanter les étoiles, les fleurs, l’eau, la terre et le feu. Le monde devient infini, il apparaît comme le don d’une tendresse incomparable, d’un Dieu de Beauté, de Vérité et d’Amour inconcevables. Alors, on ne veut plus que rendre grâce pour ces cadeaux… faire silence afin de donner toute la place à ce Dieu pour qu’il nous transfigure, nous façonne à la ressemblance de son Fils bien-aimé.
« Laudato Si, mi Signore », « Loué sois-tu mon Seigneur », chantait François où il s’adressait à toute créature comme à une sœur, un frère avec lequel nous partageons l’existence, à bras et cœur ouverts, comme un amoureux qui ressent au plus profond de lui un lien indestructible de tendresse et d’amour infini qui ne peut venir que de Dieu seul.
Saint François est très actuel. Il nous rappelle que sans cette ouverture du cœur, cet oubli de soi et l’émerveillement devant tant de grandeur et de beauté, notre relation au monde devient celle du consommateur, du dominateur et de l’exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à son ego et ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront de notre cœur et s’incarneront dans nos comportements et nos actions. Alors, prenons quotidiennement ce temps de silence, dans l’instant présent, de désappropriation de soi, de lâcher-prise, pour accueillir ce don, contempler le mystère de la Création qui nous mène à la contemplation de son Auteur comme nous y encourage le livre de la Sagesse (Sg 13,5). Regardons les lys des champs, les oiseaux du ciel, la mer et les étoiles afin de surmonter nos peurs et l’anxiété sournoise qui nous rendent matérialistes, égoïstes et agressifs. Bénissons nos repas, nos enfants, nos conjoints et tout être, plantes et minéraux, rendons grâce à chaque instant pour les dons que Dieu nous a fait et a fait à tout être. Plutôt que de regarder ce qui ne va pas, critiquer et juger, reconnaissons le lien que nous avons avec nos frères et sœurs du monde entier qui nous permettent le confort quotidien afin de renforcer la solidarité avec ceux qui sont le plus dans le besoin. « Ta différence m’augmente » disait Saint Exupéry. Faisons le choix de la Vie, de la Lumière alors notre vie sera légèreté, liberté, Joie, Paix dans l’Espérance de vivre en plénitude uni à Dieu… « Dieu est, cela suffit ». (Sagesse d’un pauvre, Eloi Leclerc).