Fraternité, selon St François d’Assise.
21 janv. 2023Fraternité, selon St François d’Assise
La fraternité Franciscaine s’enracine en Christ, Lui qui a pour toujours détruit le mur de la haine et prôné l’amour du prochain et a fait exploser les murs et les frontières.
Saint François a particulièrement illustré ce verset chez Saint Paul : « Tous, vous êtes, par la Foi, fils de Dieu, en Jésus-Christ. Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ » (Gal 3,26-28). Incroyable révélation d’une humanité appelée à vivre la fraternité universelle.
La fraternité est un long chemin où l’on apprend peu à peu à se dessaisir de sa volonté de domination et de ce désir d’auto-référencement qui pousse à imposer son point de vue et à chercher à façonner l’autre à notre image. La joie s’acquiert à force de chutes et de relèvements, de blessures et de pardons reçus et donnés, de dépouillements successifs qui nous rendent plus vrais, transparents à l’amour de Dieu qui vient murmurer à notre cœur : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. Tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute ma joie. » (Is 43,4)
Pourtant, l’expérience de la vie fraternelle et de l’amitié est parfois cruelle. Celles-ci peuvent être détruites par le mensonge, la cupidité, la jalousie, la médisance et les intrigues de pouvoir. « Le moi Je » comme l’appelle Saint François. La vie en fraternité est constamment menacée par le fratricide relaté dans la Genèse entre les premiers frères de l’histoire du monde, Caïn et Abel. Ce meurtre, ce rejet de l’autre par jalousie, est la concrétisation du péché, du refus de l’autre, de la différence et même de Dieu. Caïn cède à ses pulsions et à sa volonté de puissance absolue sur l’autre, son frère, devenant comme une bête fauve qui tue et détruit l’harmonie et la vie entre frères et aussi avec Dieu et Sa Création. Les conflits entre frères parsèment la Bible : Jacob et Esaü, Isaac et Ismaël, Joseph et ses frères… ils symbolisent les archétypes d’antagonismes entre le sédentaire et le nomade, le fidèle et le païen, le sage et le rebelle, le révolté et le soumis.
Le rêve de vivre en frères, déposé par Dieu dans le cœur humain et brisé par l’égoïsme humain devient possible en Jésus. Jésus propose de vivre autrement les relations familiales. L’affection pour les parents, les frères et sœurs de la famille passent au second plan au profit de la vie de foi : « Voici ma mère et mes frères » disait Jésus en étendant la main vers ses disciples. « Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère ». (Mt 12, 48-50). Dans la prière du Notre Père, enseignée par Jésus, est soulignée la paternité universelle de Dieu dans laquelle s’enracine tout vivre ensemble fraternel. « Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier « Abba ! Père ! » nous dit Saint Paul en Romain 8,15. L’Épitre aux Hébreux relève la fraternité humaine et spirituelle de Jésus avec ceux qui croient en Lui : « J’annoncerai Ton Nom à mes frères » dit Jésus. Jésus ressuscité dira à Marie de Magdala : « Va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20,17).
Cette communauté de frères, Jésus en jette les bases avec son commandement nouveau « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jean 13,34). Le frère devient, à l’exemple du bon Samaritain, l’autre dont je m’approche et dont je prends soin.
La 1ère lettre de Pierre identifie l’église à une fraternité, à la communauté de croyants devenus frères par l’initiation chrétienne du baptême et de la Foi au Christ ressuscité. Le chapitre ecclésial de Mt 18 rappelle que l’église doit être une communauté d’humilité et de service, particulièrement envers les plus fragiles, où l’on pratique la correction fraternelle et le pardon et qui se rassemble par la prière autour du Ressuscité. « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». (Jn 13,35).
Pour François, après sa conversion personnelle, il recevra le « don » des frères qui est aussi devenu une épreuve parce que les frères, aux parcours, milieux sociaux et tempéraments très différents, ne suivaient pas le charisme primitif. L’évolution de l’Ordre a rapidement créé une tension entre les proches, qui vivaient et suivaient le modèle de François dont la vie était source d’enseignement et ceux envoyés en mission qui ont dû étudier pour argumenter dans leurs prêches.
Nous aussi nous sommes appelés à accueillir nos Sœurs et nos frères, en Fraternité Biblique comme en Fraternité Franciscaine, comme des dons, des cadeaux qui nous permettent, parfois, dans l’épreuve et souvent dans l’amitié, de grandir spirituellement et en connaissance, en, pour, par et avec le Christ.
Si vous souhaitez participer à la prochaine rencontre de la Fraternité Franciscaine laïque du territoire Deauville/Lisieux : rendez-vous le 4 février à 14h chez les Sœurs Franciscaines au 143 Av de la République à Deauville. Pour tout renseignement, appelez Nadine Deswasière : 0673579622.