Inspirations face au vitrail de la Chapelle des Sœurs de la Communauté Franciscaine de Deauville.

Inspirations face au vitrail de la Chapelle des Sœurs de la Communauté Franciscaine de Deauville (visible au 143, Av de la République à Deauville).

Réalisé en 1890 par le Maître verrier M Duhamel-Marette, ce magnifique vitrail a pour titre : « Saint François épouse Dame Pauvreté ».

On connaît le choix de la simplicité, de la sobriété de François d’Assise (1182-1226). On sait moins que « le poverello » avait fait le choix de la désappropriation totale, suivant le verset de l’évangile de St Matthieu où Jésus dit au jeune homme riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tous tes biens, distribue-les aux pauvres… et suis-moi ». (Mt19,21). Rappelons que François était le fils d’un riche marchand. François exhortera jusqu’à sa mort et dans son Testament spirituel, ses frères Franciscains, à mettre leurs pas dans ceux du Christ et à se mettre au service des plus pauvres. François ne possédait rien. Il aurait reçu cette Parole de Jésus «« Cet ordre que tu as fondé, il est d’abord le mien avant d’être le tien. Aussi, ne te mets pas en peine de son évolution actuelle. Je veillerai moi-même à le remettre dans le droit chemin, avec mes moyens propres. Pour ta part, continue à louer le Créateur ! ». Il confia à frère Elie la direction de l’Ordre. Il reçut la grâce des stigmates (Mont Alverne, 1224). Alors, il devint l’époux parfait de Dame Pauvreté ! C’est elle qui lui inspira le Cantique des Créatures, dans lequel François loue Dieu pour tous les frères et sœurs, le soleil, la lune, l’eau, le feu et toutes les créatures.

Mais venons-en au descriptif du vitrail.

On se croirait au baptême de Jésus au Jourdain avec Jean le Baptise. On aperçoit, dans l’arrondi supérieur, le Père, dans la Lumière, qui bénit et envoie la Lumière par le Saint Esprit, descend par l’auréole de Christ sur François et, passant par la Croix, la main stigmatisée, rejoint le pied transpercé de François pour s’enraciner dans la terre féconde.

Pour parachever la Croix que l’on devine dans sa grande verticale, on remarque l’horizontalité de la Croix suggérée par le bleu céleste du Ciel et la plaine paisible.

Auprès du Père, toute la hiérarchie Céleste est présente avec les Trônes qui soutiennent le siège du Père, un Séraphin (en rouge), les musiciens (qui nous rappellent les Psaumes), les porteurs d’encens ou aussi de la banderole sur laquelle est inscrit : « Saint François épouse la pauvreté devant témoins et les cautions de l’obéissance et de la chasteté ».

Ainsi, on devine que les personnages de part et d’autre de Jésus et de François ne sont autres que les 3 vœux monastiques de pauvreté, chasteté, obéissance.

Un mouvement descendant de gauche (l’église St Damien, lieu de l’appel à la Mission pour François) vers le centre, amène vers notre couple trinitaire (Jésus, François et Dame Pauvreté) et remonte ensuite vers l’église et les Anges.

On remarque l’eau abondante qui coule : sortant de l’église, coulant en lac paisible à l’horizon), faisant un arc de cercle sous les pieds de Christ et de François… cette eau qui sortait du Temps du côté droit avec la promesse que partout où passera le torrent, tout être vivant qui y fourmillera vivra, que le poisson y sera abondant, que cette eau assainira et donnera la vie en abondance (Ez47,1-12 et aussi Jean4:10, Jean7:37, Ap22,1 les références sont nombreuses). Cette eau abreuve de manière paisible les arbres, le monastère, le village et l’église que l’on devine dans la plaine et sur les hauteurs. On retrouve l’eau du baptême, François est ici, à l’image de Jean le Baptiste, celui qui regarde avec amour son Seigneur et dit « Il faut qu’il grandisse et que je diminue » Jn 3,30.

Jésus est habillé de violet (temps préparatoire aux grandes fêtes liturgiques comme Pâques, Noël), symbole d’introspection et de sacrifice, ici cela préfigure bien cette grande fête mystique qu’est ce mariage de François avec Dame Pauvreté… sur les épaules, une toge rouge (Passion, mort et résurrection). Jésus soutient le bras de la pauvreté et la « donne » à François qu’il tient par l’épaule. François, pieds nus, le glébeux (vêtu du marron de la terre) le regarde avec amour et grande Joie, il serre la main de Dame Pauvreté.

On retrouve les 3 vœux religieux : à gauche : l’obéissance, avec le joug sur l’épaule (joug léger de l’obéissance par Amour), elle tient dans ses mains la règle de l’Ordre, acceptée par le Pape ; à droite : Dame chasteté : vêtue de blanc, un lys à la main, symbole de pureté, voilée (modestie, maitrise de soi,… fruits de l’Esprit) ; au centre : la pauvreté, vêtue d‘une  robe rapiécée bleue (céleste) et marron/or, une cape rouge sur les épaules (sacrifice de soi, en prolongement de la cape de Jésus), dans une attitude très humble.

A gauche, le cortège des Clarisses, l’ordre des Pauvres Dames. Dominante de blanc (pureté) et marron (simplicité de la terre). Ste Claire tient un linge blanc (lavement des pieds, service) et une custode eucharistique. On aperçoit sur le sol un crâne (Golgotha, sacrifice de sa vie pour le Salut) et un animal qui s’accroche à une sœur (satan ?) qui regarde vers le sol, le monde (tentations ? pas si facile de suivre Jésus) ; de même au fond, une sœur a proche de son cou, un serpent (renonciation au péché, domination du mal ?).

A droite, les frères et des hommes influents quant à l’engagement de François : St Antoine de Padoue (grand avec la tonsure monastique), St Bonaventure (chapeau rouge des cardinaux), responsable de l’Ordre, théologien, à côté de lui, St Louis reconnaissable au manteau royal, il porte une relique du Christ (couronne d’épines), serviteur des pauvres, modèle pour ses œuvres de Charité et son discernement. Un peu en arrière, le Cardinal Hugolin, grand soutien de François et protecteur de l’Ordre.

Sur la gauche, on reconnait Frère Léon, plus petit, mains jointes, en prière, le seul qui nous regarde et nous invite à actualiser, pour nous, dans nos vies, ici et maintenant ce chemin de sainteté suivi par les Clarisses et les Franciscains : une rencontre personnelle avec Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur qui vient à notre rencontre dans notre humanité pour la rendre féconde, dans l’Amour et la sobriété.