PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
VIIème de Pâques - A - Dimanche 21 Mai 2023
Ac 1, 12-14 / 1 P 4, 13-16 / Ps 26 / Jn 17, 1b-11a
Sur les chemins de la vie, une lumière.
Celle qui vient de notre cœur, la prière.
Frères et sœurs bien-aimés,
Amis du Christ Jésus. Depuis la fête de l'Ascension, nous sommes entrés dans les jours de la neuvaine préparatoire aux fêtes de Pentecôte. Neuf jours d'invocation, de supplication à l'Esprit Saint dans la prière. Cela correspond bien au thème le plus important des textes de la liturgie de ce septième dimanche de Pâques.
Aucun des quatre textes que nous écoutons durant cet office n'échappe à la thématique de la prière. Le sommet c'est l'évangile selon St Jean, ce chapitre 17, considéré par les exégètes comme la prière sacerdotale de Jésus. Longue, belle, ample, lumineuse et mystérieuse. Elle est comme une immense maison et ses jardins où chacun peut trouver ses demeures.
Avant l'évangile, il y a la première lecture (du livre des Actes des Apôtres) où Saint Luc nous relate, dans le dernier verset, ceci : "Tous d'un même cœur étaient assidus à la prière."
Mais qu'est-ce que la prière ?
Si je répondais de manière simple et synthétique, je dirais que la prière, c'est l'œuvre première du croyant baptisé. La prière, c'est l'occupation source du chrétien et de la chrétienne, c'est la préoccupation pure dans le sens de Jésus dans les béatitudes : "Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu." (Mt 5, 8)
Qu'est-ce que la prière ? Que pouvons-nous en dire au regard de la première lecture ? (Actes 1, 12-14)
En méditant cet extrait, je dirais que, dans ce contexte, la prière est une participation à la construction de l'Eglise, comme communauté de disciples de Jésus qui se tiennent et se soutiennent pour prolonger l'œuvre du salut. Toujours selon la première lecture, la prière est le ciment des relations de cette communauté. Elle est une ambiance de retrouvailles : "Ils retournèrent à Jérusalem, ils montèrent dans la chambre haute ... C'étaient Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d'Alphée ... avec des femmes, Marie la mère de Jésus ...". La prière naît au creuset de ces relations apostoliques, fraternelles, ecclésiales, mariales, familiales, grâce aux sources baptismales. (Est-ce que nous faisons communauté ? Essayons-nous de nous connaître ?)
Celui qui nous connaît tous, c'est le Christ Jésus, modèle de Celui qui prie. Toute la vie de Jésus a été prière. Parfois il passait toute la nuit à prier. (Luc 6, 2)
Dans cet évangile, c'est Jésus qui prie pour Nous. Sa prière embrase le temps, traverse tous les temps et vaut donc pour l'aujourd'hui de notre temps.
D'entrée de jeu, nous voyons dans l'évangile que, pour prier, Jésus se tourne vers le Père. C'est le premier verset de cet évangile : "En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : Père, l'heure est venue."
Ici, la prière exige une décentration de soi pour se tourner vers les sommets divins (Ciel) et se détourner de l'enfermement sur soi. "C'est une élévation de l'âme vers Dieu." C'est ici que nous atteignons ce qui fait la source de la prière : C'est le cœur qui prie. Le cœur, l'âme, l'esprit. Les Pères de l'Eglise affirment que le cœur est la demeure où je suis, où j'habite. (Le Psaume 26)
"Ah frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie, c'est là qu'est la pitié, la souffrance et l'amour. C'est là qu'est le rocher du désert de la Vie." (Alfred de Musset)
Et ce qui donne à la vie sa hauteur et sa profondeur, sa splendeur, c'est l'amour. Le cœur qui prie doit être rempli d'amour. Aussi le catéchisme de l'Eglise catholique écrit-il : "La prière est chrétienne en tant qu'elle est communion au Christ, se dilate dans l'Eglise qui est son corps. Les dimensions sont celles de l'Amour du Christ." (Eph 3, 18) Bref, la prière véritable vient du cœur. Or le cœur est le siège de l'amour. Et aimer c'est donner, tout donner et se donner soi-même, disait Ste Thérèse de l'Enfant Jésus de la Sainte Face. Si vous priez et vous êtes égoïste, individualiste et avare, vous avez tout faux. Vous ne priez pas le Dieu de Jésus, car dans cette prière de Jésus (Jn 17) l'amour déborde. Il suffit pour s'en convaincre de repérer le nombre de fois où Jésus parle de don. Ecoutez ! (Je cite) "Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux qui tu lui as donnés."
"L'œuvre que tu m'avais donnée à faire ..."
"J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Tu me les as donnés ... Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné ... Je leur ai donné les Paroles que tu m'avais données."
"Je ne prie pas pour le monde mais pour ceux que tu m'as donnés, car ils sont à Toi ..." Vous avez compté ? Quand on aime, on ne compte pas. Jésus se donne sans compter. Et au cœur de la messe, l'Eucharistie, il vous est redit : "Il prit le pain ... et le donna." On ne peut pas ouvrir sa main pour recevoir et la fermer quand il faut donner. (Ps 111) "A pleines mains, il donne aux pauvres."
Avec Dieu, ils sont toujours de saison les donateurs. La lumière de la vie remplit leurs cœurs. Alléluia !
Père Jean-Parfait CAKPO.