PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
XXIXème Dim. Ord. - A - Dimanche 22 Octobre 2023
Is 45, 1.4-6 / Ps 95 / 1 Th 1, 1-5b / Mt 22, 15-21
DEUX MOTS
Quelques écueils / Une exhortation
Bien-aimés fils et filles de Dieu,
La réponse que Jésus a donnée aux délégations composées des disciples des pharisiens et des partisans d'Hérode est devenue célèbre au monde, au point que certaines personnes citent allègrement ces propos en oubliant qu'ils viennent de Jésus : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu." (Mt 22, 21) Ces versets ont fait couler beaucoup d'encre et même donné lieu parfois à des contresens et à des aberrations dans l'histoire et aujourd'hui encore. Voilà la raison pour laquelle j'ai commencé cette homélie par deux mots :
Quelques écueils / Une exhortation
Il faut éviter les écueils pour comprendre les réponses de Dieu. Il ne faut pas se servir de cette réponse de Jésus, ni d'autres paroles du Seigneur, pour justifier des méfaits et forfaits. Il ne faut pas se servir de la Parole, ni asservir la Parole du Seigneur. Exemple : Quand Jésus dit "A César ce qui est à César", certains hommes et femmes qui veulent faire main basse sur le pouvoir, le savoir, l'avoir et le devoir, affirment que Dieu n'a rien à faire dans le domaine politique ; que les enseignements divins, les doctrines spirituelles, doivent être confinés à la sphère privée (je ne sais pas privé de quoi et de qui) ; et donc que tous les croyants doivent se soumettre à César et à ses décisions, fussent-elles contraires aux commandements de Dieu. Dans ce sens, ce n'est plus, "à César ce qui est à César" mais "Tout est à César". Or Jésus montre la pièce de monnaie frappée de l'effigie de César pour dire : "Rendez à César ce que vous devez à César". Un jour il a été demandé à Jésus de payer ses impôts et il a payé. (Mt 17, 27) Si je commente ces quelques écueils, c'est parce que Jésus dénonce " l'hypocrisie et la perversité " de ces auditeurs. Certains hommes et femmes invoquent Dieu ou César quand cela les arrange. Une autre aberration consiste à se servir de la deuxième partie de la réponse de Jésus pour justifier des horreurs : Jésus a dit "Et à Dieu ce qui est à Dieu". Dans l'histoire, des hommes et femmes se sont servis de Dieu pour prendre le pouvoir sur tout le monde. Comment comprendre que des enfants de Dieu donnent des armes à d'autres enfants de Dieu, pour tuer d'autres enfants de Dieu au nom de Dieu ? C'est l'autre versant de la tentation qu'on appelle la toute-puissance. Contre cela, le Pape François, à la suite de tous les Papes, écrit : "La tentation de la toute-puissance sur les personnes ou sur les choses n'a pas été épargnée à Jésus." Il y résiste par la Juste distance qu'il puise dans la Parole de Dieu (Luc 4). Et le Pape François ajoute dans LAUDATO SI : "Notre équilibre personnel, dans un monde incertain, dépend de notre capacité à résister aux séductions du monde, mais en tout premier à garder confiance en Dieu. L'être humain n'est pas pleinement autonome. La liberté est affectée quand elle se livre aux forces aveugles de l'inconscient, des nécessités immédiates, de l'égoïsme, de la violence." Laudato Si (105) Cette violence dont peut user et abuser César s'il rejette Dieu. Rappelez-vous Pilate disant à Jésus : "Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te livrer ou de te libérer ?" Jésus le remet à sa place : "Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi si cela ne t'avait pas été donné du Ciel". Cela ne vous rappelle-t-il pas la première lecture ? Isaïe au milieu et à la fin dit : "Je suis le Seigneur, il n'en est pas d'autre." Is 45, 6. Le Psaume 95 nous invite à le reconnaître quand il dit : "Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur la gloire et la puissance." La Puissance de Dieu, c'est son excès d'amour et non l'excès de la violence. Tout excès nuit. Voilà pourquoi les philosophes, dont Aristote, affirment : "In medio stat virtus". Il faut éviter les extrêmes en actes et en réflexion. La vertu est la fleur de l'équilibre. Pour être en équilibre Dieu nous a donné les vertus. Voici l'exhortation. Vivre les vertus !
Il y en a trois dans la deuxième lecture. C'est le deuxième terme de mon homélie. Une exhortation. Selon St Paul (Thessaloniciens), trois vertus théologales : la foi, la charité et l'espérance. St Paul dit : "Que votre foi soit active, que votre charité se donne de la peine (pour faire le bien, ne baissez pas les bras), que votre espérance tienne bon en notre Seigneur." J'aime surtout "Tenir bon" pour ces deux mots "Bon et Tenir". Dans bon, il y a : "Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d'être aimé et honoré, tout ce qui s'appelle vertu, prenez-le à votre compte." (Ph 4, 8) Et puis Tenir et se maintenir. Pour cela n'oubliez pas ce que Dieu dit à son peuple : "Si vous ne tenez pas à moi, dit Dieu, vous ne tiendrez pas." (Is 7, 9)
MAIS A QUOI TENEZ-VOUS ? A QUOI TENEZ-VOUS ?
Père Jean Parfait CAKPO