PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
XXVIIIème Dim. Ord. - A - Dimanche 15 Octobre 2023
Is 25, 6-10 a / Ps 22 / Ph 4, 12-14.19-20 / Mt 22, 1-14
Quand Dieu comme un chef étoilé met le tablier,
Comment ne pas offrir nos cœurs à sanctifier ?
Mes bien-aimés frères et sœurs, si vous entriez dans une maison dans laquelle vous voyiez de grandes tables disposées, ornées des plus belles vaisselles, des plus somptueux couverts que vous puissiez imaginer, avec des carafes de toutes sortes de boissons à la guise de tous les appétits, il est évident que vous pourriez vous poser la question suivante : Qu'est-ce que nous allons fêter ? En quel honneur sont-elles si bien apprêtées ces tables ? Rien qu'une telle question laisse entendre que le repas de fête ne se suffit pas en lui-même, mais qu'il est signe et signature de quelque chose d'autre. Un évènement important. Bien plus encore, si vous y êtes conviés, vous pourriez facilement admettre que c'est parce que vous êtes cher au cœur des hôtes, que le repas est donc un signe de l'amitié, de la convivialité, de la proximité entre l 'hôte et ses convives.
Eh bien, le Prophète Isaïe dans le premier texte de cette liturgie, Isaïe (VIIIème siècle) annonce au Peuple de Dieu que ce qui nous est réservé est infiniment supérieur, infiniment plus grandiose que tout ce que nous pouvons concevoir. Car on ne se rend pas à un repas exclusivement pour savourer des mets succulents et déguster des crus prestigieux. Cela permet de prouver que la somptuosité d'un banquet exprime la hauteur, la splendeur ou l'ampleur d'un évènement. Quel est l'évènement ainsi prophétisé ? DIEU EST GENEREUX. L'histoire du salut - La volonté de Dieu de combattre les forces du mal, et le mal absolu, c'est la mort. Voilà pourquoi Isaïe écrit l'objectif du repas : "Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait les nations." Comment écouter ces paroles sans penser à l'immense voile de deuil qui couvre les familles frappées par la violence, le mal en Arménie, en France, en Israël, à Gaza, en Lybie, au Yemen, en Ukraine, en Afghanistan, au Mali, au Niger, en Tunisie, au Maroc... Cet oracle d'Isaïe retentit d'une actualité brûlante. Il ajoute : "Et le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages". En fait, ce grand repas est organisé pour sceller l'amitié et l'amour. Jésus reprend la même image pour expliquer le mystère du Royaume de Dieu. Un Roi organise les noces de son Fils et il lance des invitations : Venez, tout est prêt pour le banquet. Venez à la noce. Cela ne vous rappelle rien ? N'entendez-vous pas à chaque messe : "Heureux les invités au repas des noces de l'Agneau ?" Le Roi qui invite, c'est Dieu. Le Prince dont on célèbre les noces, c'est le Fils unique, le Messie, Jésus. L'Epouse, c'est notre humaine nature, notre humanité et l'Eglise. Car Dieu a tellement aimé le monde, l'humanité, qu'il a pris chair de notre chair. Le Fils est tellement amoureux qu'il a épousé notre humanité par son incarnation et par sa totale oblation dans le Mystère de l'Eucharistie, banquet Céleste. Quand nous communions, nous allons à la Table Sainte, Dieu entre dans l'intimité de notre âme. Ce sont les épousailles mystiques : 2 Co 11, 2 : "Je vous ai fiancés à un seul époux" disait St Paul. C'est pour cela que les invitations sont lancées tous azimuts dans cet évangile. Mais comme le déplorait St François d'Assise "L'amour n'est pas aimé". Les invités ne sont pas venus. Certains ont même bastonné et massacré ceux qui les invitaient. Alors le Roi dit : "Allez aux carrefours et invitez tout le monde". J'aime à citer le théologien-poète Michel HUBAUT : le Roi dit à chacun de nous : "Laisse donc tous ces repus se repaître de leur suffisance, laisse donc tous ces ventrus assoupis dans l'abondance. Va sur les chemins au hasard, invite les clochards, les traînards, les béquillards, les pochards, les jobards, les fripouillards ..." Page 93 (Prier les paraboles)
Ici l'accueil est Inconditionnel. Mais dans la suite, nous voyons que le costume est essentiel. L'un d'entre eux n'avait pas revêtu le vêtement de noces. Qu'est-ce à dire ? Faisons court. Dans l'Eglise, tous sont appelés, sans distinction de race, d'opinion politique, de choix idéologique, de nationalité, de condition sociale. Mais pour faire religion, il faut revêtir le vêtement de noces. Quel est-il ? St Paul l'explique dans deux versets : Rm 13, 14 et Galates 3, 27.
Revêtir le Christ : Revêtir l'homme nouveau, se convertir. Entretenir le costume de baptême. Dans la Sainte TRINITE, recevoir l'Esprit et en produire les fruits. Habiller nos cœurs de patience et de bienveillance. Parer nos âmes de force et de courage contre l'injustice et la violence, combattre les forces du mal. Aller boire à la source de Grâces du Christ, jusqu'à être ivre de joie. Danser à la louange de son nom, et être rassasié du festin de son amour. Manger à sa table les nourritures saintes de l'espérance et de la foi en l'avenir à bâtir. Mais on ne peut pas manger à la table des anges sans accepter que l'amour de Dieu nous change.
Pour ce Repas, que sera votre nouveau pas ?
Père Jean Parfait CAKPO