PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
XIème Dim. Ord - B - Dimanche 16 Juin
Ez 17, 22-24 / Ps 91 / 2 Co 5, 6-10 / Mc 4, 26-34
Dans la parabole du monde agricole
Jésus nous offre un signe, une boussole.
Allez-vous la suivre pour mieux vivre ?
Bien-aimés frères et sœurs, nous méditons aujourd'hui l'une des plus belles pages de l'évangile selon Saint Marc dans ce chapitre 4, 26-34 appelée joliment "le grain qui pousse tout seul" et aussi la parabole du "grain de sénevé" (moutarde). Saint Marc est le seul parmi les évangélistes à nous rapporter cette histoire de Jésus et il faut dire sans réserve que c'est l'une des paraboles les plus optimistes que nous ayons sous sa plume. Vous connaissez bien l'une des différences entre un optimiste et un pessimiste. C'est que le pessimiste affirme qu'un seul jour est entouré de deux nuits, alors que l'optimiste, quant à lui, déclare qu'une nuit est entourée de deux jours. Je vous dis cela puisqu'il est écrit dans cet évangile ceci : "Nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence pousse et grandit, il ne sait comment." Mystère !
Est-il superflu de rappeler, qu'avant tout, le but de la parabole, en général, c'est donner une révélation intelligible du mystère ? Et pour nous en rapprocher, Jésus se sert des éléments de notre vie quotidienne. Ici en l'occurrence, le champ, le jardin, la terre. Rappelez-vous les paroles de St Paul Apôtre : "Vous êtes le champ de Dieu" (1 Co 3, 6) et plus avant Jésus disait "Le champ, c'est le monde." (Mt 13, 38)
Dans ce champ, germe le grain semé. Qu'il pleuve, qu'il gèle à pierre fendre, qu'il fasse beau, qu'il vente ou qu'il crachine, rien, absolument rien, n'arrête la puissance de vie du grain semé, et par ricochet rien n'arrête la croissance du royaume de Dieu.
Ainsi la première exhortation qui nous est adressée dans cette parabole, c'est la confiance. Du reste, c'est le message du premier verset de la deuxième lecture. Par deux fois sous la plume de St Paul, revient, le mot confiance : "Frères, nous gardons toujours confiance. Oui, nous avons confiance." (2 Co 5, 6) La confiance et sa sœur jumelle de vertu font invitation et exhortation à chacune et chacun de vous. En effet, sans cette confiance, cet acte de foi, comment le paysan, le semeur peut-il travailler ? Quand il sème, il CONFIE littéralement à la terre le grain, les semences et il a foi que cela produira pour l'avenir des grains à l'épi. Mais cela ne suffit pas. Entre les semailles et la moisson, il faut du temps. Jésus dit, on y met la faucille puisque le temps de la moisson est arrivé. "Il y a un temps pour toutes choses sous le ciel. Un temps pour semer, un temps pour moissonner. Un temps pour la guerre, un temps pour la Paix." (Qo 3, 1ss) Le temps de la maturation et de la maturité. Pour cela il faut s'armer de PATIENCE, l'un des fruits de l'Esprit Saint. (Ga 5, 22)
Les impatients ont du mal à y entrer car ils veulent tout, tout de suite, tout le temps, partout et à tout moment. Mais ce que Jésus vient nous enseigner en troisième message (après la CONFIANCE, la PATIENCE), c'est que la première semence que Dieu fait éclore dans nos vies, c'est la Parole de Dieu. Elle garde toujours sa fécondité et nous ouvre à la liberté des enfants de Dieu.
Enfin toute cette page des Ecritures devrait nous ouvrir à la contemplation, à l'admiration spirituelle, à l'émerveillement et aussi à l'action, à l'engagement. A la contemplation, car voir qu'un petit rameau tiré d'un vieil arbre est susceptible de reverdir ... D'une souche apparemment morte, Dieu nous montre qu'un rejeton vigoureux peut naître et renaître. Ô quelle ESPERANCE !
Donc, au-delà de nos misères, par-delà nos souffrances, malgré les lourdeurs et pesanteurs de l'Eglise, les malheurs et atrocités du monde, Dieu nous demande de faire advenir son Royaume d'Amour et de vie, qu'il déploie irrésistiblement dans la grâce qui est gage de tout ensemencement. Certains ne le voient pas et disent : "Pourquoi Dieu ne fait-il rien face à l'immensité du champ de la vie ?" Cette page d'évangile répond que c'est une illusion d'optique. Une graine de moutarde est la plus petite des semences, des plantes potagères. Semée, on pense qu'il ne se passe rien. Apparemment. Or, ce qu'on ne voit pas n'est pas forcément inexistant. EINSTEIN disait : "Ce qui compte ne peut pas toujours être compté. Et ce qui peut être compté ne compte pas forcément." "Ne dit-on pas que l'essentiel est invisible aux yeux." (Antoine de St Exupéry)
Voici un exemple : Un seul grain de blé contient des milliards de milliards d'atomes, formés d'un noyau autour duquel gravitent des particules de l'ordre du milliardième de milliardième de millimètre et qui tournent à une vitesse de 297 000 kilomètres à la seconde. Voyez-vous cela de vos yeux à l'œil nu ? Et pourtant, c'est la vérité du grain de blé. Tout ce qui est divin est de cet ordre-là. Puissant mais caché, actif mais discret, invincible et imperceptible. C'EST INTERIEUR. St Augustin : "Tu étais au-dedans de moi mon Dieu et je te cherchais dehors. Deus intimo, intimo meo." QUE FAIRE ? Une seule mission, dans le psaume 91 : "DEVENIR JUSTE" "Le juste grandira comme un palmier. Vieillissant, il fructifie encore." Dieu est donc un pépiniériste merveilleux.
Par son esprit, rendez-vous le monde heureux ?
Père Jean Parfait CAKPO