PAROISSE ST THOMAS DE LA TOUQUES
XIXème Dim. Ord. - B - Dimanche 11 Août 2024
1 R 19, 4-8 / Ps 33 / Ep 4, 30 - 5, 2 / Jn 6, 41-51
Magnifiez avec moi le Seigneur
Par Jésus, Pain vivant de nos cœurs
Mes bien-aimés frères et sœurs en Jésus Christ, filles et fils de Dieu. Si vous me demandiez de formuler en une phrase, pour tous, ce qui constitue la source thématique ou l'idée qui sera au cœur de ma méditation, ce qui fait sens - le mot sens est à la fois direction et signification - pour englober les quatre textes de cette liturgie (la première lecture, le psaume 33, la deuxième lecture et l'évangile). Si vous me le demandiez, ce serait cette phrase : "Se nourrir pour vivre en esprit de communion". Pour filer la métaphore culinaire, sachez que chaque mot de cette phrase garde sa saveur dans les textes du Jour.
Se nourrir - Il y a très peu de livres dans le monde où il est tant question de nourriture que dans la Bible. Je cite simplement l'oracle du prophète qui fait cette promesse (Is 25, 6) : "En ces jours-là, le Seigneur, le tout-puissant, organisera sur sa montagne un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, de viandes succulentes et de vins décantés." Il n'est donc pas exagéré de dire que manger est une œuvre divine, un art biblique et prophétique. Et d'un prophète à un autre, quelle est l'invitation adressée au prophète Elie fuyant l'hostilité de la méchante reine Jézabel dont l'âme n'est pas belle (Première lecture 1 R 19, 4-8) ? L'ange de Dieu vint par deux fois réveiller le prophète Elie qui n'en pouvait plus : "Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi." C'est comme si l'ange lui disait : "Un sac vide ne tient pas debout", la marche t'attend. Nous aussi, comme Elie le prophète, nous sommes en pèlerinage, et pour que dure notre marche il faut se nourrir. "Se nourrir pour vivre en esprit de communion." Se nourrir pour alimenter notre corps, se nourrir pour sanctifier notre âme, se nourrir pour fortifier nos cœurs, se nourrir pour ne pas laisser mourir nos relations dans leurs ramifications. Tellement important que Jésus dans l'évangile selon St Jean, après avoir multiplié le pain et les poissons déclare au peuple : "Moi je suis le pain vivant descendu du ciel, donné pour la vie du monde." Les auditeurs étaient scandalisés d'entendre cela. Ils ne voyaient en Lui que son origine humaine et modeste. N'est-ce pas le fils du Charpentier, Joseph ? Il y en a qui croient tout savoir de quelqu'un en l'enfermant dans ses origines. "Comme il est difficile de voir la présence de Dieu dans l'ordinaire de nos vies !" C'est tellement important ce que dit Jésus dans cette phrase. La manne tombait du Ciel comme don de Dieu selon sa parole. La manne nouvelle, qui est le nouveau don de Dieu, donc venu du Ciel, c'est Jésus. En le mangeant, le Ciel de Dieu s'offre à nous et Dieu s'ouvre à nous. On fait Un avec ce qu'on mange. Il y a un auteur illustre du XIXème siècle, Jean Anthelme BRILLAT-SAVARIN (1755-1826) qui a écrit dans son livre "La physiologie du goût" : "Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es." A la messe, nous mangeons la Parole de Dieu, car nous sommes ses enfants. Il est le Père qui nous nourrit comme une maman. A la messe, nous mangeons le Corps du Christ et qui sommes-nous ? Ses disciples, ses amis à qui Il avait dit : "Vous ferez cela en mémoire de moi." Il est pour nous la Tête du Corps, le Chef de l'Eglise. Voilà pourquoi le Concile Vatican II place la messe au plus haut de tous les sacrements, en ces termes : "La Sainte Eucharistie contient tout le trésor de l'Eglise, c'est-à-dire le Christ lui-même, lui notre Pâque, lui le pain vivant, lui dont la chair vivifiée par l'Esprit Saint et vivifiante donne la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à offrir, en union avec lui leur propre vie, leur propre travail, toute la création." Mes bien-aimés, vous avez compris cela ? Tout à l'heure à la Sainte élévation, offrez-vous, votre vie, votre famille, votre travail, vos projets, le monde, offrez-les. Vous comprenez que c'est toute la vie qui est concernée : "Je suis le pain donné pour la vie" dit Jésus. Or, qu'est-ce qui fait la beauté de la vie ? Qu'est-ce qui lui donne sa saveur, son ampleur, sa splendeur, sa profondeur, sa hauteur, sa longueur, sa largeur, son amplitude et sa plénitude ? C'est l'amour intégral, l'amour de Dieu et du prochain. Vous comprenez la raison d'être de la deuxième lecture de cette messe. Saint Paul nous ouvre à la dimension éthique, sociologique, du repas. Il me rappelle un auteur illustre, écrivain africain nigérian, Chinua ACHEBE, Prix Nobel de Littérature, qui disait : "Un homme qui invite ses amis à un festin ne le fait pas pour les sauver de la faim. Ils ont tous la nourriture dans leur propre maison. Il les invite pour la convivialité, l'amitié, la joie d'être ensemble, par amour." C'est dans ce sens que St Paul dit : "Faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insulte, et toute espèce de méchanceté." Le livre des Proverbes disait : "Mieux vaut un morceau de pain sec avec la paix, qu'une maison pleine de nourriture avec des querelles." (Proverbes 17) Alors suivez les conseils de St Paul : "Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse" (C'est cela l'esprit de communion). Se nourrir disais-je pour vivre un esprit de communion.
Pardonnez-vous les uns les autres.
Vivez dans l'amour comme le Christ.
Si vous faites cela, vous pourrez proclamer comme le psaume 33 :
"Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !"
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Car il est source de Pardon.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
De ce sacrement, il nous a fait Don.
Avez-vous goûté ?
Qu'attendez-vous pour être bon ?
Père Jean Parfait CAKPO