PAROISSE NOTRE DAME DE LA CÔTE FLEURIE
COMMUNAUTE LOCALE de DEAUVILLE
29 SEPTEMBRE 2024 / 26ème DIM. du TOB
Nb 11, 25-29 / Ps 18(19), 8, 10, 12-13, 14 / Jc 5, 1-6 / Mc 9, 38-43.45.47-48
 
 
Les textes de ce dimanche nous invitent à une profonde méditation sur la puissance de l'esprit de Dieu. Celui-ci ne peut ni ne doit être enfermé comme étant l'apanage d'un groupe particulier. En effet, on peut casser le thermomètre mais nul ne peut arrêter ni suspendre, pour reprendre le fameux poème d'Alphonse de Lamartine, l'envol du temps. De quel temps s'agit-il pour nous aujourd'hui ? Il est question non pas du temps des horloges mais du flux, de ce qui rend dynamiques et vitales nos actions quotidiennes. Nous sommes invités à voir au-delà des maillots ou signes d'appartenance extérieure. Comme une eau qui coule entre les doigts, l'esprit de Dieu échappe à toute tentative de cloisonnement. Il continue d'inspirer les hommes et les femmes d'aujourd'hui, sans considération d'identité communautaire et religieuse. Avec l'esprit, nous retrouvons la communion trinitaire, un amour débordant et sans limite entre des personnes différentes. C'est l'esprit qui nous donne la force d'appeler Dieu du nom de père c'est-à-dire Abba (Rm 8, 15).  A ce titre, le Christ demeure notre unique référence. Il est la source du bonheur sans fin, d'un amour qui se donne sans réserve pour le salut de tous. Saint Paul a fort raison de soutenir que c'est le seul nom qui sauve au ciel et sur la terre.  "Car aussi il n'y a point d'autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés. C'est lui seul qui peut nous sauver". (Ac 4, 12)  Il est temps de reconnaître que seule l'appartenance au Christ et l'agir en son nom doivent être notre unique critère d'identification. Dès lors, comment éviter les conflits entre les groupes et les communautés croyantes ? Il ne s'agit pas d'opposer l'institution et la prophétie. C'est le nom du Christ qui nous aide à retrouver la vraie mission qui est dévolue à chaque personne sous l'inspiration de l'esprit de Dieu.
 
C'est l'évangéliste Saint Marc qui nous apporte ce poignant témoignage. Il écrit :
"Jean, l'un des Douze, disait à Jésus : "Maître, nous avons vu quelqu'un expulser les démons en ton nom ; nous l'en avons empêché, car il n'est pas de ceux qui nous suivent". (Marc 9, 38)
 
C'est avec le même empressement ou la même fougue que Josué avait voulu empêcher l'esprit de Dieu d'agir sur Eldad et Médad. Le livre des Nombres nous rapporte cet épisode en ces termes : Un jeune homme courut annoncer à Moïse : "Eldad et Médad prophétisent dans le camp !"  Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : "Moïse, mon maître, arrête-les !"   Mais Moïse lui dit : "Serais-tu jaloux pour moi ?"  Nous avons là deux attitudes ou tentatives d'arrêter l'action de l'esprit de Dieu qui agit à travers des personnes qui ne sont pas choisies selon des critères humains. La question redoutable est de se demander quels sont les vrais critères pour agir au nom de Dieu ?
 
Chers amis, la différence suscite-t-elle encore la peur ? Tant de guerres de religions dans l'histoire, avec des prises de positions radicales individuelles, ont empêché de construire la fraternité universelle. Rappelons que l'esprit de Dieu est capable de traverser les murs de cloisonnement. Il n'est pas un objet que l'on peut enfermer.
 
Comment alors ne pas être impressionné par la réponse de Moïse. Le véritable leadership spirituel n'est pas de restreindre ou de réguler l'accès au divin. Le prophète de Dieu, son lieutenant, encourage la multiplication des voix inspirées. Son action prophétique est une annonce de la Pentecôte dans le Nouveau Testament, où l'Esprit Saint descend sur tous les apôtres, pour rendre chacun d'eux capable de parler dans des langues différentes. Il s'agit d'une vision où l'inspiration divine n'est plus réservée à quelques individus, mais devient accessible à tous.
 
Refuser de mettre en avant l'appartenance au nom d'un groupe selon des critères purement humains, c'est lutter contre toutes les exclusions et le cortège de conflits. A la place des critères d'appartenance purement subjectifs, il nous faut revenir à Jésus. C'est son nom qui demeure la source de toute récompense. Le chapitre 9 de l'évangile selon Saint Marc insiste à deux reprises : "Qui accueille un de ces petits en mon nom, m'accueille et non pas moi seulement mais Celui qui m'a envoyé". (Marc 9, 37)  "Celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense".  (Marc 9, 41)  Celui qui rassemble au-delà de toute différence c'est le Christ.
 
Prions donc pour que Dieu continue d'inspirer tous les peuples, toutes les générations, pour construire ensemble un monde plus fraternel. Que notre humanité se développe par la reconnaissance de la puissance de l'esprit de Dieu qui continue d'agir, en tout temps et en tout lieu.
 
 
Père Sylvestre SAGNA
Photo Juliette Caudrelier.

Photo Juliette Caudrelier.

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