Paroisse Notre Dame de la Côte Fleurie
Communauté locale de Deauville
DIMANCHE 15 SEPTEMBRE 2024 / 24ème dimanche du TOB
Is 50, 5-9a / Ps 114 / Jc 2, 14-18 / Mc 8, 27-35
Dans une lettre qu'il adresse à Diogène au IIème siècle, Pline le Jeune fait l'éloge de la vie du croyant : "ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde". Loin d'être nostalgique ni de demeurer pessimiste, nous voulons revêtir notre identité d'homme et de femme de foi. Pline le Jeune compare la vie active et participative des chrétiens au rôle de l'âme dans le corps. L'âme est répandue partout dans les membres du corps. Elle est certes invisible mais indispensable à la vie. Cet éloge ne doit pas rester lettre morte. Il devrait redynamiser nos ardeurs, propulser notre foi vers la production de belles œuvres. La foi des chrétiens a non seulement un sens dans la vie d'aujourd'hui mais elle demeure un facteur de paix. Elle est une porte qu'il s'agit d'ouvrir pour aller à la rencontre des autres. Elle est plus que jamais un moyen efficace pour rappeler la fraternité humaine et construire des ponts entre les hommes, en brisant les murs de cloisonnement.
A ce titre, l'apôtre Saint Jacques nous presse de répondre à la question cruciale, en ces termes : "Mes frères, si quelqu'un prétend avoir la foi sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ?" Loin de vouloir séparer la foi et les œuvres, l'apôtre met en lumière leur unité. La foi doit conduire à la production d'œuvres belles, fécondes et valorisantes. La liste des hérauts de la foi est marquée par le don de leur vie. Le monde d'hier comme celui d'aujourd'hui s'interroge encore sur le sens de notre vie chrétienne, sur la nécessité de croire en Dieu. Il nous demande de répondre à l'interrogation lancinante : Qui est le Christ pour nous ? Qui est le Christ, personnellement pour toi ? Si Pierre confesse sa foi en disant que le Christ est le Messie, le sauveur, l'apôtre Paul ajoutera : pour moi, vivre c'est le Christ. En ce 24ème dimanche du temps ordinaire, la réponse attendue pour chacun d'entre nous est de travailler à passer de l'affirmation de la foi à sa mise en pratique. On ne naît pas chrétien. On le devient. C'est un processus de croissance, de sanctification qui passe nécessairement par l'ouverture à Dieu.
Parmi les indications fournies par le Christ pour devenir son disciple, il nous appelle à dépasser nos propres limites d'enfermement, à nous ouvrir aux autres et à Dieu. "Celui qui veut devenir mon disciple, qu'il renonce à lui-même." S'il est vrai que, pour aller loin, il faut ménager sa monture, pour devenir disciple, il faut renoncer à soi-même. Renoncer à soi, c'est accepter que la volonté d'un plus grand que soi se réalise en nous. La Vierge Marie a renoncé à elle-même pour accorder, à la volonté de Dieu, toute la place dans sa vie. Renoncer à soi-même, c'est comme éteindre la petite lumière de sa chambre pour laisser entrer le soleil quand il fait jour.
Chers amis, les systèmes économiques, bancaires, boursiers valorisent le gain, le succès et le profit. Aussi la perte devient-elle un échec, un lourd fardeau à porter. La stratégie du Christ est autre. Pour lui : "celui qui donne sa vie, la sauvera". Qui perd, gagne. C'est une logique qui vient renverser nos simples bonheurs mondains, nos joies éphémères. En définitive, il s'agit de donner sa vie pour offrir le goût de vivre aux autres. Aujourd'hui plus que jamais, osons relever le défi d'une foi qui se dévoile par la production d'œuvres admirables, par la prise en charge d'une humanité en quête du Christ, sauveur de tout homme et toute l'humanité.
Père Sylvestre SAGNA