Paroisse Notre Dame de la Côte Fleurie
Communauté locale de Deauville
DIMANCHE 22 SEPTEMBRE 2024 / 25ème dimanche du TOB
Sagesse 2, 12.17-20 / Ps 53(54) 3-4,5,6.8 / Jacques 3, 16 - 4, 3 / Marc 9, 30-37
"Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous". (Marc 9, 30-37)
Chers amis, ce message de Jésus a une portée profonde, tant sur le plan spirituel que dans le contexte social et éthique contemporain. Il transcende le temps et les cultures. Son actualité demeure puissante à plusieurs niveaux, que ce soit dans les relations personnelles, les institutions ou les réflexions sur le leadership et le pouvoir.
Dans la logique humaine, être le "premier" signifie souvent dominer, avoir du pouvoir, ou occuper une position hiérarchique élevée. Les critères habituels de grandeur et de réussite se jaugent à l'aune de la comparaison avec l'avancement ou le recul des autres. Que signifie réellement être grand ? Non sur le plan physiologique, professionnel, social, militaire et économique, il s'agit de réfléchir sur les critères de la grandeur aux yeux de Dieu. S'il est vrai que les disciples n'avaient pas compris le message de Jésus, car préoccupés par les appétits de grandeur, selon le style du monde humain, il nous revient de porter une attention particulière sur la santé de nos relations humaines. Qui plus est, il nous revient de trouver des recettes pour nous écarter des dangers d'une société fondée sur la rivalité et la domination des autres.
Aujourd'hui encore, que ce soit dans la sphère personnelle, professionnelle ou sociétale, cet appel à servir les autres et à se mettre à la dernière place reste un puissant antidote contre l'égoïsme. Il demeure plus que jamais une source de transformation pour créer un monde plus juste et solidaire. Ayant mis en avant la théorie du progrès, de l'avancement et du succès, nous avons oublié qu'être le plus grand ne consiste pas à se mesurer aux autres. La grandeur n'est pas d'aller vers les cimes du ciel mais d'accepter de porter, de supporter, de se nourrir dans les relations d'humilité et de patience.
Par l'occupation de la première place au détriment des autres, quels sont les dangers qui guettent notre société du progrès et de la domination ? Quel monde voulons-nous léguer aux générations futures, en n'acceptant pas d'être le dernier et le serviteur de tous ?
D'abord, il convient de prendre au sérieux les dangers qui menacent notre quotidien. La lettre de Saint Jacques nous offre une réflexion puissante sur les causes profondes des conflits humains. Elle place le curseur sur les mauvaises passions telles que la jalousie, l'envie et la convoitise. Celles-ci engendrent des actions qui sèment le désordre et la division dans les relations interpersonnelles, familiales et sociales. Face à ce qui éprouve notre foi, ou menace les bases d'une bonne conduite humaine, comment alors ne pas nous revêtir de patience et d'humilité ?
Être le dernier de tous, telle est la grandeur du serviteur. Louons et magnifions les efforts et les sacrifices que nombre de personnes consentent par leur engagement professionnel, politique et social. Le message du Christ vise à élever nos relations et nos positionnements à la stature de la relation trinitaire. Chercher à être le premier n'est pas une fatalité. Il nous faut viser la grandeur qui correspond à l'accueil d'un enfant. Dans la relation trinitaire, le Père accueille le Fils et le Fils accomplit sa volonté. Entre les deux, il n'a jamais été question de rivalité ni d'adversité atroce. Entre le Père et le Fils, il n'y a qu'un amour. Le véritable service est d'accueillir Dieu le Père, de nous ouvrir à ces valeurs. Nous pouvons donc appuyer sur le frein pour ralentir ou éliminer toutes les mauvaises passions qui grippent la bonne marche de notre fraternité humaine. La vie des saints demeure un illustre exemple. Dans son autobiographie Histoire d'une âme, Sainte Thérèse de Lisieux de l'Enfant-Jésus nous confie ce beau testament : " dans le cœur de l'Eglise, ma mère, je serai l'amour". En réalité, c'est l'amour qui nous rend grand et non la place que nous occupons.
Père Sylvestre SAGNA