Aujourd'hui, jour de célébration de la Saint François d'Assise, c'est l'occasion de mieux connaître sa personne, sa vie, son action et sa pensée.

 

La Joie chez François

 

Si François a endossé le costume de Dame Pauvreté au point qu’on l’a surnommé le Poverello on ne peut que penser qu’il s’est paré en même temps du sourire de Dame Joie. Sa vie entière malgré ses maux et ses contrariétés n’aura été que Louanges et reconnaissance envers son Créateur. Il le reconnaît dans la contemplation du monde qui l’entoure et le célèbre chaque jour et partout et dans son attention à toutes les créatures. Son chemin de vie annonce le célèbre Cantique des créatures écrit alors qu’il est aveugle et plongé dans les souffrances de la maladie et proche de sœur la mort corporelle...

Ce chapelet de Louanges conduit à une véritable joie parce qu’elle provient d’un homme libéré de lui-même, et reconnaissant envers ce qu’il voit donné comme des cadeaux (même la mort pour lui annoncée...) et qu’il n’a plus que la joie de remercier le Très-haut en qui il met toute son espérance et sa confiance.

Quand on pense François et la Joie on pense à la Joie Parfaite.

Bien sûr, jeune dans sa famille, au milieu de ses amis il a connu la joie d’une enfance heureuse ; choyé par une mère aimante, il semble qu’il était doté d’un heureux caractère qui le faisait roi de la jeunesse dorée d’Assise.

Après sa conversion, sa vie contée par Celano ou dans les Fiorettis nous montre un François qui, sous le soleil ou sous la pluie, en prière seul dans son ermitage ou prêchant sur les places, parcourant les routes d’Italie, et même plus loin, jusqu’en Égypte où il tente de convertir le Sultan, fera qu’un des maîtres-mots de toute sa vie sera la joie. Une joie qui le conduit à louer son Seigneur toujours et partout, en Tout et en Tous. Cette joie s’affirme tout au long de son parcours ; elle se purifie et s’approfondit jusqu’à lui trouver un sens hautement spirituel. On peut noter que le récit des Fioretti qui conte la vie de François et de ses premiers frères, est un livre si joyeux qu’il est peut-être le seul des chefs d’œuvres de la littérature universelle d’où toute amertume est absente, où l’homme paraît avoir trouvé le vrai bonheur.

On devine la joie de François quand, pour suivre avec lui Dame Pauvreté ses premiers frères l’ont rejoint puis Claire et ses sœurs quand elles s’installent à St Damien et par toutes les créatures qu’il croise sur son chemin parce qu’il les reconnaît comme don, comme cadeau de Dieu.

Cette attitude l’a conduit à formuler une salutation qui nous est restée. N’est-on pas invité à garder l’habitude de se saluer comme François aimait à le faire en offrant à ceux que nous rencontrons voix haute ou à voix basse) en souhaitant Paix et Bien ou Paix et Joie quand nous entrons dans une maison amie ou quand nous écrivons un courrier ?

François aimait à trouver cette joie chez ses frères. Un jour que l’un d’entre eux rentrait d’une quête en chantant il courut à sa rencontre, le déchargea de sa besace, lui baisa l’épaule puis le prenant par la main, il s’écria : Que béni soit notre frère qui est allé mendier sans se faire prier et revient de si joyeuse humeur à la maison“.

S’adressant à ses frères, dans l’admonition 21 il écrivait : “Heureux le religieux qui ne prend plaisir et joie que dans tout ce que le Seigneur a fait et qui s’en sert pour porter les hommes à l’amour de Dieu en toute joie.“

Seul le pêché semble pouvoir ternir la joie chez François : mais il nous en donne le remède.

Il avait coutume de dire : Quand le diable a pu ravir à un serviteur de Dieu la joie de l'âme, il est au comble de ses vœux... Les démons n'ont aucune prise sur les serviteurs du Christ qu'ils voient remplis d'une sainte allégresse. Si, au contraire, son âme est éplorée, désolée, chagrinée, facilement elle se laissera absorber par la tristesse ou entraîner par les vaines joies.

Il encourageait ses frères s’ils étaient pris de quelque tristesse, à prier et à s’empresser ensuite de redevenir joyeux. Un jour il renvoya un frère à la mine renfrognée dans sa cellule en lui disant : Si ce sont tes péchés qui t’affligent, c’est une affaire entre toi et Dieu, va donc lui demander pardon puis tu nous reviendras avec un bon visage“

En effet pour François, demeurer triste n’est pas une attitude fraternelle.

Dès sa 1ere Règle en 7,1 il met en garde ses frères par ses recommandations. Il écrit : « Que les frères aient bien soin de ne pas affecter un air sombre, une tristesse hypocrite ; mais qu’ils se montrent joyeux dans le Seigneur, gais et aimables et gracieux comme il convient »

Ou encore dans Celano 2 165 on peut lire ce conseil de François : Au premier trouble, le serviteur de Dieu doit se lever, se mettre en prière et demeurer face au Père tant que ce dernier ne lui aura pas fait retrouver la Joie de celui qui est sauvé“.

C’est là toute la joie de François C’est là dans cette révélation que cette joie peut être la nôtre. Il est venu nous assurer une place dans son Royaume, une place à son banquet De quoi aurions-nous peur si notre foi était seulement grande comme un grain de moutarde ?

Cet attachement à la joie conduira François jusqu’au terme de la Joie parfaite

François sait que cette joie n’a rien à voir avec le bonheur ou le plaisir, elle vient de ce qu’ayant tout donné, tout son être et son devenir, on peut alors tout recevoir de Dieu. Il trouve là, une joie que rien ni personne ne peut lui ravir. Même lorsqu’il doit abandonner la direction de son ordre sous la pression de certains frères, même lorsque sa santé le lâche et qu’il devient presque aveugle, même lorsque son chemin à la suite du Christ lui obtient de recevoir les stigmates de son Sauveur, la joie est ; malgré la maladie et la souffrance, à l’approche même de la mort quand il entamera son célèbre Cantique des créatures. Rien ne semble pouvoir briser sa joie !

Cette joie parfaite il demande à Frère Léon de l’écrire après que ses frères refusent de le reconnaître et de lui ouvrir la porte du couvent pour le mettre à l’abri de la nuit, du froid et de la tempête ....et qu’il est renvoyé par ses propres frères comme un malpropre Nous n’avons pas besoin de toi“ !

La Joie parfaite il la trouve en reconnaissant qu’il est appelé à la vivre dans tous les moments de sa vie, même les plus difficiles ou les plus douloureux : quand pour la 1ere fois il s’approche d’un lépreux et qu’il voit ce qui était amé se changer en douleur, quand il doit abandonner la direction de son ordre à Frère Elie dans un sens qui ne correspond pas à ses vœux premiers de pauvreté totale....

Une épreuve pour lui ! sa Dame Pauvreté va alors revêtir l’habit de la désappropriation totale : même l’ordre qu’il a suscité dans sa forme première ne lui appartient plus… Il ne peut que s’en remettre à Dieu et accepter “Que Dieu seul suffit.“

On mesure par là le degré de Foi immense de François envers son bon et doux Seigneur qui lui permet de répondre par la joie parfaite en toutes circonstances, les bonnes comme les mauvaises, d’accueillir chaque moment présent pleinement tel qu’il est et non tel qu’il pourrait le souhaiter. François a trouvé la clé dans la confiance totale qu’il met en Dieu.

Cette joie extrême semble réservée à quelques privilégiés ; aux fous qui osent tout miser sur Dieu et se consacrer à nouer une fidèle et durable intimité au Dieu de leur cœur : Celui à qui ils ont choisi de répondre quand ils se sont senti appelés.

Il semble cependant que leur joie soit contagieuse, communicative. Quand nous essayons même timidement de les uivre, de les imiter sur le chemin qu’ils ont choisi pour mieux vivre de l’Évangile, on ressent déjà un peu de cette joie intense et profonde qui nous dépasse et nous entraine vers ce que nous appelons l’Éternité de Dieu , le Royaume de Dieu.

Cette joie parfaite ne peut s’expliquer, se comprendre que par l’assurance, la foi totale en un Dieu qui nous aime, qui nous veut libre, et joyeux.

il écrit dans la Règle 1 23,9 : N’ayons donc d’autre désir, d’autre volonté, d’autre plaisir et d’autre joie que notre créateur‘

Les chrétiens n’ont pas un traitement à part. La Bonne nouvelle ne peut qu’être joyeuse, source de joie même si elle n’évite pas aux disciples et à tous les Chrétiens les écueils de la vie et toutes ses contrariétés ; mais c’est notre Espérance en un Christ Sauveur, en sa résurrection qui fait la joie du croyant. François l’appelle alors la joie parfaite !

Alors Osons le sourire et la Joie !Osons plus de sourire et plus de Joie !

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