PAROISSE NOTRE DAME DE LA CÔTE FLEURIE
COMMUNAUTE LOCALE DE DEAUVILLE
27 Octobre 2024 / 30ème Dimanche du TOB
Jr 31, 7-9 / Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 / He 5, 1-6 / Mc 10, 46b-52
Chers amis, l'épisode de la rencontre entre Bartimée, le fils de Timée et Jésus est une invitation à renouveler notre confiance en Dieu. En effet, mettant en exergue la foi d'un aveugle, l'évangile nous propose un chemin de libération et d'épanouissement humain. Dès lors, notre attention est fixée sur la quête de santé et de bonheur de cet enfant de Dieu, marqué par la perte de la vue. Les obstacles qu'il franchit dévoilent le combat de son cheminement spirituel. Il s'agit d'une audace et d'une détermination qui le mettent en mouvement. L'aveugle avance sans la lumière du jour car ses oreilles ont entendu le nom de celui qui sauve. Non seulement il bondit, mieux il se débarrasse de tous les habits qui faisaient de lui un homme isolé et soumis à la mendicité. Nous pouvons tenter de cerner son cheminement spirituel à travers trois attitudes :
1- La première est la position assise,
2- La deuxième la rencontre avec Jésus,
3- La troisième attitude est le geste créateur et salvifique de Jésus.
La première attitude nous montre Bartimée assis. Ce fils de Timée n'est ni dans un grand salon ni au milieu d'un agora. Il est assis au bord du chemin. Il représente toute cette humanité mise hors de nos centres d'intérêt. Il est la figure de l'homme et de la femme isolés, abandonnés dans les périphéries. Comment aider, épauler et soutenir ceux qui sont assis au bord du chemin, abandonnés par nos sociétés, isolés par un handicap ou une situation sociale ? Refusons de ne retenir de la foule que son attitude de faire taire l'aveugle. Elle retrouve la bonne marche à suivre en tenant le filon des bons supporters. Il s'agit de continuer à encourager les bonnes et belles initiatives pour faire sortir tout homme de la fixité. La foule dit à Bartimée : "confiance, lève-toi, il t'appelle". Elle devient la sentinelle qui veille, le porte-parole de ce monde isolé, abandonné et finalement assis par manque d'horizon éclairé. La première attitude peut être facilement considérée comme étant celle de la désolation, du découragement, mais en réalité elle demeure une attitude d'attente, de quête et de soif de santé et de bonheur. C'est la deuxième attitude, celle de la rencontre qui nous montre le lieu de la véritable joie humaine. Rencontrer Jésus, c'est faire le saut de la foi.
La deuxième attitude, celle de la rencontre avec Jésus sollicite toute notre attention sur l'audace de l'aveugle. Il ne se laisse ni intimider par la foule ni arrêter par le handicap visuel. Il est prêt à tout sacrifier pour rencontrer Jésus. Sa foi le guide, lui donne de la force et des cordes vocales pour crier plus fort. Le manque d'un seul sens ne saurait endiguer la quête de santé ni de bonheur. Donner à l'œil, et à la vue, plus de considération que les autres sens du corps, cela peut nous induire en erreur. L'aveugle a simplement entendu le nom de celui qui sauve et cela a ravivé en lui le feu de l'espérance et de la foi audacieuse. Où trouver le meilleur médecin, celui qui est capable d'ouvrir les yeux d'un aveugle ? Qu'est-ce qui pourrait nous garantir que le fils du charpentier est capable de guérir un aveugle ? Seule la foi nous donne l'assurance de posséder déjà ce que l'œil ne peut voir. La question que Jésus pose : "que veux-tu que je fasse pour toi ?" est un respect de la liberté humaine. Dieu ne s'impose pas à nous. Il n'est pas un Dieu isolé sans aucune attention sur la vie de ses créatures. Il écoute et prend en charge nos demandes. L'aveugle Bartimée nous convainc que la foi n'est pas d'abord une affaire de vision, de démonstration ni de preuve à conviction, mais un abandon, une confiance en celui qui peut tout renouveler comme au jour de la première création.
La troisième attitude nous livre le vrai visage de Dieu. Il est le Dieu qui crée, renouvelle toute chose et sauve l'homme qui met sa foi en lui. Jésus dit à Bartimée : "Va, ta foi t'a sauvé". L'évangéliste Saint Marc ajoute "Aussitôt l'homme retrouva la vue". L'attente de l'aveugle est une soif de santé et de bonheur. Toute sa démarche témoigne de cet ardent désir "que je vois". Jésus se présente à lui comme celui qui sauve : "ta foi t'a sauvé". Sa parole crée le nouveau et redonne au corps de revêtir toute sa richesse. Comment ne pas demeurer dans la quête du salut, ce don qui nous est accordé par le seul nom qui sauve, Jésus le Christ ? Il va au-delà des attentes des hommes. Il prend non seulement soin de nos désirs terrestres d'une vie plus épanouie mais également il nous restaure comme au premier jour.
Comment alors ne pas rendre grâce à Dieu qui prend soin de chacun d'entre nous ? L'épreuve du manque, à travers ici la perte d'un sens si important que la vue, ne saurait ni nous enfermer dans nos limites humaines ni être un motif d'abandon de la foi. Le combat que mène Bartimée, le fils de Timée, est celui de toute l'humanité. Celle-ci frappée par un aveuglement rend témoignage de son ardent désir de voir les merveilles de la vie. C'est un combat intérieur doublé de l'audace d'affronter les obstacles extérieurs. Ici, c'est grâce à l'aide de Dieu que l'homme est capable d'affirmer son désir le plus profond, retrouver la vue. Le créateur continue de rencontrer sa créature et de la renouveler. Nous sommes invités cette semaine à demander l'audace de la foi, le courage d'engager une rencontre avec Jésus le sauveur de toute l'humanité. Prions pour tous les médecins et toutes les personnes qui nous aident à prendre soin de notre âme.
Père Sylvestre SAGNA