Homélie du 4e dimanche de Carême A 14.

Dimanche dernier nous accueillions le récit de la rencontre de Jésus avec la samaritaine...Là il se révélait comme la source d’eau vive qui rafraîchit, renouvelle et fait vivre. Aujourd’hui...une autre grande page de l’évangile selon St Jean...Elle met donc en scène un aveugle de naissance...Il est là, enfermé dans une double nuit : celle de sa cécité et celle de la réputation qui lui est faite...

Aux yeux de la société dans laquelle il vit, s’il est aveugle c’est que lui ou ses parents ont péché...Son infirmité ne peut être qu’un châtiment du ciel...Jésus s’empresse de corriger cette façon de penser « Ni lui, ni ses parents n’ont péché »...Il innocente l’aveugle...il lui rend sa dignité...et déjà fait jaillir une lumière dans son cœur... Jésus voit sur son passage un aveugle. Cet homme, qui n’a pas de nom, représente plus que lui-même...Il représente l’humanité entière qui est dans la nuit...qui ne sait pas d’où elle vient...ni où elle va...ni quel chemin suivre pour s’accomplir...qui ne sait pas qui elle est...

Comme le dit St Augustin, ce n’est pas d’un aveugle qu’il s’agit...mais de toute l’humanité. Jésus est là, près de l’aveugle...près de l’humanité...au cœur de l’humanité...pour lui donner de voir...pour la mettre dans la lumière « Tant que je suis dans le monde je suis la lumière du monde ». Il est dans le monde pour lui apporter une lumière.

Avec de la poussière et de la salive il fait de la boue qu’il met sur les yeux de l’aveugle. St Irénée(2e siècle) dit que la boue rappelle le livre de la Genèse,la création...Quand Dieu, nous dit la Bible en employant une image, prit de la glaise pour façonner l’homme...Jésus en refaisant ce geste des grands commencements signifie qu’il poursuit l’œuvre de la création en donnant à l’homme un regard nouveau. Il lui donne de voir d’où il vient : il a sa source en Dieu. Il lui donne de voir comment vivre en enfant de Dieu et s’accomplir. Il lui donne de voir où il va : vers la rencontre lumineuse de Dieu.

Jésus en guérissant l’aveugle le sort des ténèbres et l’introduit dans la lumière. Jésus en guérissant l’humanité la sort des ténèbres et l’introduit dans la lumière. Jésus envoie l’aveugle à la piscine de Siloë...la piscine !...l’eau !Il y a là une allusion claire au Baptême...Cela signifie que par le Baptême Jésus, en nous faisons renaître à sa vie nous naître à la lumière...Dans l’Eglise primitive le Baptême était appelé « le sacrement de l’illumination »...Par le Baptême Jésus nous fait renaître à sa vie, à sa lumière, à un regard nouveau sur nous-mêmes, sur Dieu, sur la vie, sur les autres, sur la mort même...encore faut-il par la suite demeurer ouvert à Jésus, à sa Parole, à sa présence, pour demeurer dans la lumière...encore faut-il revenir sans cesse à la source qu’est le Baptême...C’est ce que nous refaisons chaque année à Pâques, en particulier lors de la veillée pascale .

Notre aveugle guéri doit affronter bien des difficultés, bien des railleries...Il doit réfléchir, discuter...et plus il va plus il progresse dans la foi en Jésus...il le désigne d’abord comme « l’homme que l’on appelle Jésus »...puis comme « le prophète »...puis comme « Quelqu’un venant de Dieu »...et enfin il le reconnaît comme « Seigneur »...et à 7 reprises il dit que ce « prophète », ce « Seigneur » lui a ouvert les yeux...7 fois...7 le chiffre de la perfection !...une façon de dire qu’il est totalement guéri...dans son corps et dans son esprit...il voit avec les yeux de son corps...et il voit avec un regard intérieur qui lui donne de voir sa vie tout-à-fait autrement...comme un chemin avec Dieu et vers Dieu.

Lorsque, comme l’aveugle, nous reconnaissons Jésus comme notre Seigneur ...il nous donne de voir la vie comme un chemin avec Dieu et vers Dieu...Il nous donne de voir tout moment qui vient comme un moment de possible rencontre avec Dieu, d’accomplissement de sa volonté et donc d’accomplissement de nous-mêmes.

Chaque moment présent nous achemine vers le grand moment de la grande rencontre face à face avec le Seigneur...celui de la grande lumière. Seigneur, je suis l’aveugle sur le chemin...guéris-moi...donne-moi ta lumière...ton regard...pour que je vois.

Père Michel Marie.

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